Quand j’étais petit, j’habitais un immense château, caché au cœur d’une forêt magique, où tous les jours il faisait beau.
Comment j’ai raté ma vie. Cela n’a rien d’une interrogation. C’est un constat, un état de fait. Un récit concis qui met en garde mais qui laisse une porte entrouverte, proposant une alternative, alléchante: ou comment ne pas rater la vôtre. On se dit que si Bertrand Santini est aux commandes, on va rire. Beaucoup. Alors on se plonge dans ces pages qui dépeignent la vie d’un petit garçon, de l’enfance à l’âge adulte, dans ses petites défaites et ses éclatantes victoires. (Et inversement.)
N’y allons pas par quatre chemins: cet album est insolent, drôle, pinçant. Aimé follement du premier au dernier mot. Toute la réussite de ce livre repose sur l’habile jeu de décalage entre le propos et l’illustration. Les premières pages relatent ainsi une enfance routinière rythmée par la solitude et les jours de pluie. Le texte quant à lui enrobe cette grisaille de lumière et d’un enthousiasme candide: qu’importe que la maison soit un taudis, une demeure délabrée ou un refuge sans panache: dans les yeux de l’enfant, c’est un palais princier. Alors on sourit, touchés, attendris par cette manière singulière dont l’enfance est capable de saisir le monde.
Puis le petit garçon grandit et tout semble basculer. Les images – fines et élégantes comme du Sempé – arborent les heures de gloire des vies qui se disent grandioses. Mais cette fois, le ton change. Et l’adulte prend la parole. Cynique, désabusé. L’enfant poète devient un homme affabulateur qui ne sait plus rendre beau le monde qu’il observe. Les mots font mentir les images et le sourire tendre du lecteur devient rire jaune. Le décalage comique vient entailler nos représentations orgueilleuses de la réussite, malmenant sans vergogne les conceptions artificielles du bonheur. Quelles sont les lignes mensongères? Quelles sont les illustrations qui traduisent le vrai, le sincère? C’est là toute la beauté de la réflexion qui surgit de ces pages ironiques et contradictoires qui sèment le trouble et renvoient une curieuse image de chacun de nous dans ce brillant miroir de papier.
Bertrand Santini au milieu des livres: Le Yark.
Comment j’ai raté ma vie – Bertrand Santini & Bertrand Gatignol
Hors collections
ISBN: 9782246816447
Avril 2019 (Réédition)
12,50€ / 48 pages
Un livre en nuances , ce qui m’intéresse beaucoup.
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Et des nuances aussi grinçantes que sensibles… Un bijou!
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De Bertrand Santini je n’ai lu que le Yark que j’ai adoré. Je note celui-ci immédiatement !
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Lu plus rapidement car plus concis mais il appelle à la relecture et se veut à sa manière très percutant.
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Ah oui, ça me parait indispensable… Je vais l’offrir souvent je crois…
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impossible de résister ! Ce sera ma prochaine folie en librairie :-p
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Je savais que tu serais au RDV!
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De Santini je n’ai lu qu’un seul livre que j’ai adoré, Hugo de la nuit! Ici ça doit être un peu différent mais je ne dirais pas non si je le croise!
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Je suis d’avis d’affirmer que ce type-là a un talent fou. Et j’aime l’idée qu’il me reste encore à découvrir quelques titres de lui…
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Tu penses bien qu’il va passer entre mes mains celui-ci !
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