Elle décide de quitter l’Italie pour assouvir ses envies d’ailleurs, attirée par l’idée de mener une vie de bohème. C’est dans l’appartement de sa tante – éternelle hippie libérée et délurée – qu’elle s’installe et quoi de mieux qu’une petite chambre sous un toit mansardé pour commencer à entretenir l’image de l’artiste qui se cherche, le regard et l’esprit qui divaguent en admirant les toits de la capitale?
Gilla est belle à en crever, solaire. Éprise d’art et de littérature, elle rencontre très vite quelques étudiants qui partagent son goût pour l’oisiveté et qui aiment se retrouver pour bavarder autour d’un verre. La vie parisienne est douce, grisante et pousse parfois à la nostalgie. De celle qui invite à songer au temps qui passe et à se questionner sur ses choix de vie.
Mais c’est comme si j’étais arrivée à une frontière. Entre un moi du passé et un moi qui grandit, comme si avec lui partait cette partie de moi encore adolescente. Mais je n’ai pas encore trouvé en moi la partie adulte.
A ce quotidien rythmé par les fêtes, s’ajoutent des rencontres incongrues. La silhouette d’un homme qui ressemble étrangement à Beckett, une femme qui ne cesse d’évoquer ses amours folles et passionnées avec un certain Scott, une comtesse au teint pâle, au coeur et au regard vides. Et quelle n’est pas sa surprise lorsque surgit en pleine nuit, ce jeune garçon impertinent tant aimé durant son adolescence et mort accidentellement.
Chats noirs chiens blancs est un album fait d’errances et de bavardages. Un Midnight in Paris qui aurait choisi le chemin du neuvième Art pour y mettre en scène une héroïne qui se questionne sur le monde qui l’entoure. A côtoyer les fantômes d’une autre époque, elle semble elle-même figée dans une vie qui n’est pas la sienne et cherche continuellement sa place dans un monde qui s’agite autour d’elle.
J’étais scandaleusement indépendante. Je faisais tout ce que je voulais. J’étais arrogante parce que j’étais désirable. […] Scott et moi, on voulait vivre une vie extravagante, sans penser du qu’en dira-t-on ni à l’avenir. C’était voué à l’échec.
Vanna Vinci signe ici un album qui n’échappe pas à quelques longueurs et clichés mais qui se laisse lire avec cette touche de mélancolie douce qui inonde les planches. Le trait et le travail de la couleur servent parfaitement le mélange audacieux des époques ( Les Sixties, les Années folles…) et c’est avec la réactivité d’un bulot que j’ai tardivement fait le lien avec son dernier album qui s’emparait merveilleusement bien du Journal de Frida Kahlo.
J’ai aimé retrouver dans ces pages un peu de ce Paris fantasmé hanté par les artistes. Gilla, du haut de ses vingt ans se cherche et se construit dans un album au goût de roman d’apprentissage. Liberté sexuelle, ivresses tardives, éducation artistique, touche de fantastique: on se laisse emporter dans ses balades et tergiversations intérieures tantôt un peu las, tantôt un peu grisé par les effluves alcoolisés.
Un album pour ceux qui ont toujours en eux ce petit « quelque chose d’absent ». (Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Camille Claudel.)
Chats noirs, chiens blancs – Vanna Vinci
304 pages / 24€99
ISBN 978-2-505-01634-2
Décembre 2012

Avoir en soi « quelque chose d’absent »… C’est beau!
Je me laisserais bien tentée par cet album!
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Camille Claudel achève cette citation par « quelque chose d’absent qui me tourmente ». Je pourrais en faire ma devise. Cette phrase est sublime.
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ah oui, la phrase est magnifique !
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« La réactivité d’un bulot » mouahahah !!!
Sinon il me plait bien cet album!
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Oui, parfois t’sais…
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Les envies d’ailleurs j’en ai aussi…
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Et ce n’est pas moi qui vais te contredire cher Goran.
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A te lire, je pensais justement à Midnight in Paris… 🙂
Je crois que ça pourrait me plaire.
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C’est vraiment l’esprit de cet album. A la différence près que les rencontres fantomatiques ne se cantonnent pas à une même époque. ^^
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J’aime bien ce que tu dis de cet album et de l’atmosphère qui s’en dégage… Je note dans un coin de ma tête, la découverte pourrait être belle 😉
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Sa force tient justement à cette ambiance si vaporeuse… Tu pourrais y être sensible.
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tu me rends assez curieuse mais je ne suis pas sûre de me laisser tenter 😀
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Si déjà la curiosité est titillée…
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à voir à l’occasion!
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For sure !
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Ah Paris ! Je ne résisterai pas !
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Pour une fois, je peux dire : je passe 😉
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Tu as mentionné un de mes films préférés, c’est suffisant pour me convaincre.
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Tu m’as donné très envie de la lire, elle a rejoint ma liste!
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Encore un titre que je glisse dans ma whislist à cause de toi 😉😉😊
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Je plaide coupable. 😁
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😈😈😈
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Moi je lis Paris fantasmé des artistes… et je suis convaincue. Je sais, il m’en faut peu.
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Belle,solaire, éprise d’art et de littérature, oisive… c’est tout toi ça !
(Mince, je t’ai déjà fait le coup la dernière fois, faut que je varie un peu mes commentaires :p )
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Je ne sais pas… tu parles de longueurs et le truc a l’air plutôt gros hein 🙂
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Camille il faut que j’arrête de te lire. Tu deviens une référence bullesque (en autre). (Moka ou l’art de m’émouvoir, un peu, beaucoup, passionnément)
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Dis donc, c’est beau tout ça. Je vais le chercher de ce pas.
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Comme c’est tentant ! J’ai l’impression qu’il pourrait me plaire… 😉
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Pourquoi pas ! Ton billet me donne bien envie en tous cas…
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Cet album ne me dit rien, alors qu’il date… Ce que tu écris donne envie de s’y arrêter pour quelques heures (le temps de lire le pavé et de s’immerger dans l’ambiance)
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Très envie de rencontrer cette Gilla et d’entrer dans l’atmosphère de cette BD !
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honnêtement, je ne sais pas si j’aurai le courage de lire cette BD. les 304 pages me refroidissent un peu au vu de la thématique…
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Me suis laissée tentée par cette BD dont l’ambiance décrite ici m’avait charmée mais j’avoue avoir été déçue…Je me suis arrêtée « aux longueurs & clichés » & n’ai pas réussi à me plonger pleinement dans les vapeurs de Gilla…Pourtant, j’ai aimé son dessin & j’aimerais beaucoup découvrir son « journal de Frida Kahlo »!
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Espérons que tu sois plus réceptive au journal de Frida qui te fera retrouver ce bel univers graphique !
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