Autrefois, sa voix était un murmure. Mais elle ne m’était pas destinée. C’était un souffle qui disait « Edouchka ma douce… »
Odile est la fille d’un couple qui n’a que faire d’elle. Fruit d’une histoire tumultueuse entre une mère aussi égoïste qu’égocentrique et un père artiste-peintre, elle arrive dans leur vie sans vraiment bouleverser leur routine mondaine.
Obnubilée par la construction « sociale » de son époux, la mère d’Odile laisse le soin à sa gouvernante de prendre en charge l’éducation de cette demoiselle, éternelle délaissée. A travers ses yeux, nous observons ce duo amoureux et cernons assez vite les failles qui le fragilisent. Pendant que le couple se façonne aux yeux du monde artistique, l’enfant assiste passivement à une vie dans laquelle personne ne lui offre une place.
Il était Louis Lerieux, elle a inventé Louis Capelan. Elle a immédiatement cru en son talent et y a cru tellement fort qu’elle l’a forcé à y croire lui-même. Jusqu’alors il avait multiplié les portraits, exposé lors de divers salons avec une petite gloire, mais, comme elle le lui répétait inlassablement : Tu n’avais pas assez faim, mon cher Louis.
Ouvrir ce roman, c’est pousser une porte. Celle d’un atelier d’artiste où le talent se niche sur la toile, où le père retrouve, sur le tard, sa fille pour réaliser son portrait et ce pour la première fois de sa vie. Comme un pinceau glisse sur la toile, Sarah Manigne laisse filer la plume sur le papier pour faire de ce premier roman le récit sensible d’une histoire de famille qui n’en est pas véritablement une. Jouant les discrètes, écrasée par cette figure maternelle exubérante, Odile choisit l’effacement, et alors que les contours de son corps s’affinent dangereusement, la voilà qui apprend à exister à son tour à travers l’Art.
Elle est terrifiée à l’idée de ressembler à quelqu’un d’autre. Tout se doit d’être nouveau. Unique. Les noms, les choses et elle.
Voilà un roman délicat et assurément plaisant à lire qui convoque des thèmes assez classiques autour du milieu artistique et de la cellule familiale qui peine à exister et qui ne trouve finalement de sens que lorsqu’elle vole en éclat. Ajoutez à cela une touche discrète empruntée aux romans d’apprentissage, donnant à Odile l’occasion de s’affirmer au-delà de cette mise à l’écart, cette vie en dehors du clan qui n’admet finalement personne d’autre que lui-même.
Il me semble que j’en ai presque fini de disparaître.
Face à ces pages que le lecteur découvre à travers les yeux de sa protagoniste, l’on se sent, à mon sens, un peu frustré, divisé entre ce qui est suggéré et ce qui aurait gagné à être plus travaillé, nourri… Il y a dans ce roman des lignes qui promettent un beau récit, mais qui n’atteignent que partiellement leur but en ne livrant qu’un texte trop rapidement lu, qui reste finalement de l’ordre de l’esquisse, à la lisière du crayonné. J’attendais peut-être un peu plus de cette œuvre dont le souvenir s’estompe(ra) vite, à l’image d’un tableau qui verrait rapidement disparaître ses couleurs puis ses contours.
Un roman sélectionné pour le Prix de la Librairie Saint-Pierre de Senlis.
L’Atelier – Sarah Manigne
ISBN: 9782715247796
10€/112pages
Premier roman
23 Août 2018
Le début commençait bien mais la fin par contre me refroidit un peu. Pourtant j’aurai tellement cru que ça aurait été une lecture inoubliable.
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C’est regrettable car avec une histoire pareille, il y avait largement de quoi me rendre enthousiaste… Ce fut bien trop léger à mon goût.
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Le début me plaisait aussi surtout pour les thèmes abordés. Mais ce que tu dis sur la marque qui s’estompe trop facilement, ne me dit rien…
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J’ai légèrement peiné à ordonner mes souvenirs de lecture et mes impressions en rédigeant ma chronique. Le flou avait déjà fait son oeuvre. C’est dommage car la plume est loin d’être désagréable.
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J’ai beaucoup aimé, ma chronique n’est pas encore écrite… pour l’instant je reste sur une belle lecture mais peut-être qu’en m’y replongeant elle perdra de son intensité…
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Je viendrai te lire pour savoir si la magie a perduré !
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Je me laisserai peut être tenté si je le trouve en bibliothèque !
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C’est une bonne idée !
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Un thème qui m’aurait beaucoup intéressée, mes tes bémols de la fin me freinent. J’attendrai les suivants ..
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Rien à voir mais ado j’avais écrit un pseudo roman (si !)… et son titre était justement L’atelier ! 😉
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Purée, tu balances un scoop pareil comme ça l’air de rien ! Va falloir nous faire lire ça ma p’tite dame :p
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Ouais ouais… On aime faire le buzzz au milieu des livres…
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Pas vraiment tenté cette fois 😏
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Milieu artistique et cellule familiale, pas des sujets qui m’attirent pour un sou…
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On sent qu’il manque un petit quelque chose pour te convaincre complètement.
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C’est exactement ça !
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