Nous avons nos pudeurs, nos solidarités silencieuses aussi.
Revenir dans cette maison abandonnée des hommes, ce lieu où les souvenirs ont trouvé le sommeil sous la poussière et dans l’absence. Revenir pour réveiller la mémoire et lui apporter ce qu’il lui faut de neuf.
Retrouvant le chemin de la demeure familiale, le narrateur et sa compagne Ema avancent à tâtons entre ces murs qui appartiennent à une autre époque. En redécouvrant les espaces, en frôlant les fissures, en apprivoisant les fantômes, le narrateur s’approprie lentement les lieux du souvenir flou pour laisser l’avenir se frayer un chemin, trouver une place de choix et enfin réapprendre à vivre. Le gros meuble à tiroirs baudelairien et le buffet rimbaldien ne sont pas bien loin et ce récit nous invite bel et bien à songer à la douceur de retrouver le temps de vivre, ici et ensemble.
Je porte un collier de perles noires et invisibles autour de mon cou. Le collier de ceux qui gardent les absents à l’intérieur.
Dans ce récit gorgé d’une mélancolie douce, que l’on vit comme un vrai retour à la nature, on baigne dans le calme et la simplicité en se délestant du superflu et en goûtant au plaisir de vivre selon une autre cadence…
Pris entre la mélancolie des jours d’avant et la luminosité des jours qui s’annoncent, le récit de Thomas Vinau sait aussi s’ancrer dans un présent salvateur, où chaque geste, chaque regard, chaque silence compte.
J’apprends à ne plus écouter la chanson lancinante de mes plaintes. J’apprends à rire plus fort. J’apprends à recommencer.
Ce livre a un merveilleux goût d’été. Il apporte l’ombre et la fraîcheur des arbres, le bruit discret des petits ruisseaux, les odeurs d’herbes coupées ou fumées, la musique discrète d’une faune à découvrir, la douceur veloutée d’un cocon et l’âpreté des ronces. Les mots de Thomas Vinau ont une fois de plus ce qu’il faut de juste et de beau pour nous laisser prendre au jeu de la contemplation, saisis par la magie audacieuse de cette poésie qui surgit lorsque l’on apprend à voir autrement.
Je me méfie. J’ai toujours peur que ça ne dure pas. Dès qu’il y a un moment de bonheur, de paix, je me répète que ça ne durera pas. Que le temps est un menteur. Qu’avoir quelque chose c’est commencer à le perdre.
Un livre à confier aux jours d’été.
Ici ça va – Thomas Vinau
132 pages / 6€10
Août 2014
ISBN: 978-2-264-06168-3
Lauréat du prix poétique COPO 2015
Je viens de découvrir l’auteur avec Le camp des autres et il est certain que je reviendrai vers lui. J’aime cette écriture !
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J’ai adoré Le Camp des autres que j’avais lu et sélectionné pour les Matchs de la rentrée littéraire de PM cet année !
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une écriture poétique que j’aime beaucoup
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Une plume qui me touche à chaque lecture…
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Un merveilleux souvenir de lecture.
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Comment pourrait-il en être autrement avec Thomas Vinau?
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Un très beau texte en effet. Je n’ai pas lu d’autres titres de l’auteur depuis cette lecture avec laquelle je l’ai découvert, je devrais m’y mettre..
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Je me souviens qu’il m’avait manqué quelque chose pour être totalement embarquée.
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Une lecture de saison ! Ce Vinau, on ne s’en lasse jamais^^
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