BD de la semaine·Et mon coeur fait boum

En attendant Bojangles – Ingrid Chabbert & Carole Maurel

Vous ne prenez donc rien au sérieux dans votre fichue famille?

Musique, robe rouge vaporeuse, cocktails et joues rosées. Et ça tourne, et ça virevolte: c’est comme cela que s’aiment les protagonistes de cette histoire. Inutile de les nommer, leurs prénoms changent chaque jour. Inutile de les définir, ils sont de ces êtres rares qui n’entrent dans aucune case. Dans une valse amoureuse où l’esprit grisé entretient l’amour fou et la folie douce, leur complicité fulgurante les conduit à s’aimer de manière inconditionnelle. Raconteurs d’histoires, fantaisistes optimistes, ils font de leur vie un jeu qui rompt avec les codes et les conventions. De cette union singulière naît un petit garçon témoin de l’amour fou qui unit ses parents. Il aura leur goût pour l’espièglerie et la malice et sa norme sera celle de la déraison.

Bipolarité, schizophrénie, les médecins l’avaient accablée de tout leur savant vocable. Ils l’avaient liée loin de nous pour la rapprocher des fous.

Tout pourrait s’arrêter là et nous pourrions nous contenter de ces soirs d’ivresse, de ces matins lumineux, de ces jours tendres et drôles. Mais dans cette vie pleine de fantaisie, un déséquilibre s’installe insidieusement. La jolie brune change et ses coups d’éclats flirtent avec la démence. Parfois, le pouvoir de l’imagination et la dérision ne suffisent plus et capitulent face au réel qui vous explose entre les mains.

En attendant Bojangles fut un immense succès littéraire et le savoir adapté en BD avait tout pour me pousser vers ces pages. Et pourtant, j’ai préféré prendre mon temps pour mieux apprécier ma lecture. Le risque était grand car je fais partie de ceux qui avaient vraiment beaucoup apprécié ce titre.

Ce compte à rebours qu’au fil des jours heureux j’avais oublié de surveiller venait de se mettre à sonner, comme une alarme qui fait saigner les tympans.

Le roman d’Olivier Bourdeaut est l’histoire d’une promesse que l’on offre à l’autre comme un ultime moyen d’apaiser les chaos dévastateurs.

Cet album est quant à lui une promesse tenue, un pari gagné. Certains duos devaient être faits pour un jour laisser se croiser stylos et pinceaux. Ingrid Chabbert et Carole Maurel ont eu la chance de se trouver pour nous offrir ici une superbe adaptation du texte d’Olivier Bourdeaut. Ingrid Chabbert est parvenue à s’emparer de l’essence même du roman en soulignant ses extravagances, en capturant sa poésie et sa magie. Ce sens de la concision ne néglige en aucun cas la forte puissance émotive de l’histoire et c’est avec une tendre sensualité que le travail de Carole Maurel donne naissance à des planches solaires, lumineuses, fortes de cette atmosphère étourdissante qui caractérise ce récit. On y retrouve ces héros foudroyants de beauté qui nous ont accompagnés dans le roman et que l’on apprécie de voir si justement incarnés au fil des cases à travers une palette de couleurs qui nous sont familières lorsque l’on suit un peu le travail de l’artiste.

Bien des mois après la lecture du roman, l’émotion est de nouveau palpable, pudique et sensible. Les dernières planches silencieuses disent tout et rendent compte, avec une délicatesse incroyable, de toute la beauté de cette tragédie absurde bouleversante.

Un album à lire en écoutant Nina Simone.

Des mêmes auteurs: Écumes

En attendant Bojangles – Ingrid Chabbert & Carole Maurel

Éditions Steinkis

18€ / 134 pages

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Le premier mercredi du mois…

La BD de la semaine est au milieu des livres!

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Chroniques des amoureux des bulles:

 

 

Enna                     Blandine                 Jacques

 

Nath                         Mylène                  Gambadou

 

Iluze                   Brize                 Karine

 

Mo                    Fanny                Hélène

 

Sabine                       Caro                           Jérome

 

Noukette                 Azis Lis                    Bouma

 

32 réflexions au sujet de « En attendant Bojangles – Ingrid Chabbert & Carole Maurel »

  1. Je n’ai pas eu le cœur à écrire un billet alors que j’ai lu la BD. Encore une fois l’emotion a été au rendez-vous. Ce roman est une perle et la version illustrée l’est tout autant. Chabbert et Maurel ont réussi où beaucoup auraient échoué. ❤

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  2. J’ai adoré la version audio (dans laquelle sont intégré des intermèdes musicaux avec « Mr Bojangles » (j’adore Nina Simone) et j’avais un peu peur de voir cette histoire en dessins mais ton avis me tente. Je vais laisser passer un peu de temps encore pour « oublier » un peu mes impressions de lectures qui sont restées fraîches mais je pense que je lirai cette BD aussi( grâce à toi 😉

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  3. Salut Moka 🙂
    J’aimerais savoir quelles sont les conditions pour pouvoir participer à la BD du mercredi ? Faut-il laisser CV et lettre de motivation par mail, si possible en rébus ? Vendre son âme au Diable ? Égorger deux bébés phoques une nuit de pleine lune ? Danser nu devant sa bibliothèque BD ?
    Je suis toute nouvelle dans le monde de la blogosphère (donc je tâtonne encore un peu) et grande lectrice de BD (et ça fait un moment que je suis la plupart des blogs des participants à la BD du mercredi (sans jamais commenter, hélas)), et maintenant que j’ai ouvert un blog je trouverais ça chouette de pouvoir vous rejoindre chaque mercredi. Merci de ta réponse 🙂
    Quant à ta BD de la semaine, je te rejoins complètement, c’est une très belle adaptation ! Les couleurs collent parfaitement à l’ambiance magique du roman !

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