Mes nuits sont un empire d’étoiles.
Pascalet vit dans un écrin de verdure. Et non loin de là, Rimbaud aurait pu dire qu’il y chante une rivière. A proximité du jardin parental, si familier, un monde inconnu d’îles et de méandres marécageux se fait le théâtre de bien des secrets. Avant de s’absenter quelques jours, les parents de notre héros renouvellent les recommandations et interdictions parentales: ménager Tante Martine, qui prendra en charge le quotidien de la maisonnée, et ne pas s’approcher de la rivière bien trop dangereuse pour s’autoriser la moindre entorse au règlement… Sans briser le moindre suspense, le lecteur comprendra vite qu’aucun de ces deux préceptes ne sera respecté. Le désir est trop fort, la tentation de l’interdit encore plus. Grisé par les récits de Bargabot, un braconnier ami de la famille, Pascalet s’aventure au-delà des limites et s’embarque dans une aventure qui le marquera à jamais.
Ainsi, nous vivions dans l’oubli et l’insouciance. Quelquefois, tout était si calme que ce calme nous pesait. Alors, nous nous inventions des dangers imaginaires.
Sur son chemin, un ballet d’oiseaux, une flore foisonnante, de dangereux Bohémiens, un ours féroce, une sorcière accaparée par un curieux rituel et Gatzo, un jeune garçon à la tignasse ébouriffée et à la peau brune. Durant cette échappée sauvage, une amitié forte et exaltante se scelle. Pour la première fois, Pascalet goûte à la liberté et à sa folie douce, grisé par l’insouciance de son âge et par l’euphorie du danger. Mais à quel prix?
Il avait l’amitié taciturne. Nous pouvions nous entendre, car, moi aussi, j’aime le silence. Mais pour d’autres raisons que lui. Il se taisait pour réfléchir à des actes utiles. (…) Il était économe de son âme.
L’Enfant et la rivière est un magnifique récit au cœur d’une nature troublante et enchanteresse où se mêlent les enjeux traditionnels de la robinsonnade et la grandeur des romans d’apprentissage. Confrontés à des épreuves qui ponctuent leur périple, Gatzo et Pascalet se construisent et entretiennent une amitié forte et belle, qui ne sera pas pour autant épargnée par les difficultés et les déceptions.
Il y avait en nous et tout autour de nous une grande paix. Après l’ivresse des premières heures, nous avions accordé nos vies à la vie de ces eaux dormantes. Nous réglions tous nos mouvements sur le soleil et sur le vent, sur notre faim et sur notre repos. Et il nous en venait au cœur une merveilleuse plénitude.
Encore un classique qui fait mouche et qui brille par sa simplicité douce, son atmosphère végétale qui nous enrobe et réveille nos envies de transgression. Quelle belle manière de raconter l’enfance dans toutes ses audaces et incertitudes, dans ses débordements et sa capacité unique à se laisser saisir par le pouvoir de l’imaginaire. Un récit d’une beauté pure, parfois naïf, parfois cruel dans lequel on se plonge pour goûter – dans les pas de Pascalet – à cette nature pleine de surprise. Et si l’on sent bien sous la plume de Bosco la portée éducative et morale du roman destiné à la jeunesse, seul perdure le plaisir enivrant de l’évasion…
Cette voix annonçait ce qui se préparait derrière le rideau; elle nous disait le nom des personnages et nous demandait de les croire, car ils allaient, pour nous, rire, pleurer, haïr, aimer, c’est-à-dire vivre et mourir comme des hommes…
Un livre à lire en écoutant le clapotis de l’eau.
L’Enfant et la rivière – Henri Bosco
160 pages / 6€60
ISBN: 9782070366798
Les classiques c’est fantastique !
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Ma résolution livresque étant de lire (au moins) 12 classiques dans l’année, voilà le récapitulatif de mes lectures, mois après mois… (Pour le moment, je respecte étonnamment mon carnet de route…)
◊ Janvier:
La Machine infernale – Jean Cocteau. / Une nuit avec Verlaine – Sophus Claussen
◊ Février:
Le Joueur d’échecs– Stefan Zweig
◊ Mars :
Le Joueur d’échecs– Zweig par David Sala / Le Jeu de l’amour et du hasard – Marivaux
◊ Avril :
Deux ans de vacances Adaptation BD du roman de Jules Verne par Brrémaud, Chanoinat & Hamo. / L’Enfant et la rivière – Henri Bosco
C’est un classique que je ne connaissais pas…
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Même commentaire que Goran. Je suis souvent attirée par les romans d’apprentissage (c’est probablement relié au sujet de mon mémoire). Je note aussi ce titre. Merci!
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Difficile pour un classique de trouver grâce aux yeux des adolescents…
Je te rejoins sur l’âge de lecture, il faut être prêt à apprivoiser ces romans-là…
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Je l’ai mis directement dans ma WL. Tu as un don pour parler des livres.
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Oh merci, c’est vraiment gentil de ta part. Et ça me motive à chroniquer un peu plus régulièrement que ces derniers temps… Maudites journées surchargées…
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on m’a offert ce roman quand j’étais enfant, je l’ai lu et relu avec beaucoup de plaisir , tu me donnes envie d’y retourner
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J’aime le regard d’adulte qu’on peut poser sur ce récit destiné à la jeunesse. Un texte très beau qui appelle à la relecture, sans aucun doute.
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Je ne l’ai jamais lu mais je connais beaucoup d’enfants qui l’ont lu en sixième et qui n’ont pas aimé… Il ne faudrait peut-être pas lire ces classiques trop tôt pour les apprécier !
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Tiens, il m’a toujours semblé super poussiéreux, ce classique. Mais finalement, en te lisant et en lisant les extraits que tu cites, je réalise que je me suis fourvoyée. Il faudra que je remédie prochainement à mon erreur alors.
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Un beau souvenir de lecture.
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Il le restera pour moi…
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Un nom que je ne connaissais pas, tu donnes furieusement envie de le découvrir.
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