BD de la semaine·Et mon coeur fait boum·Les classiques c'est fantastique·Neuvième art

Le Joueur d’échecs – David Sala

Je restai seul, seul je ne voyais aucun visage humain et n’entendais jamais le son d’une voix.

Un voyage sur un paquebot, du beau monde sur le pont pour respirer l’air marin et prendre le soleil. Avant le départ pour Buenos Aires, les flashs crépitent pour un seul homme: LE grand champion d’échecs: Czentovic, invaincu et grand maître de l’échiquier. Méprisant tout et tous sur son passage, rongé par l’orgueil et le sentiment de toute puissance, le génie des échecs se préoccupe peu de son prochain. Solitaire et mutique, il passe la plupart de son temps dans sa cabine.

Un jeune homme, fasciné par son talent, fait tout ce qu’il peut pour attirer son attention et tenter – vainement – d’amorcer un semblant de conversation. Quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il parvient à l’approcher grâce à l’un des passagers avec lequel il s’est lié d’amitié. Une partie d’échecs commence et dès le premier pion déplacé, une mécanique infernale se met en place… Le génie – d’abord imperturbable – se trouve progressivement bousculé dans ses certitudes en se voyant confronté à un adversaire inattendu. Au fil des pages, on en apprend un peu plus sur celui qui s’attaque avec une ardente passion au maître du jeu jusqu’alors invaincu. Un combat hypnotique et magnétique se joue, entraînant avec lui le lecteur captif d’une partie durant laquelle l’enjeu dépasse celui d’une simple partie d’échecs.

Quelques jours après ma lecture de la nouvelle de Zweig, j’ai pu tourner les pages de cet album que je voulais lire depuis longtemps tant j’admire le travail de David Sala. Très fidèle à l’œuvre de l’écrivain autrichien, il parvient pourtant à dépasser le texte en offrant à son dessin une dimension symbolique forte et significative. Semés dans le décor pour montrer combien ce jeu – omniprésent dans la vie des héros – en devient obsessionnel, les échiquiers s’invitent insidieusement dans les décors: damiers sur les draps, carrelage blanc et noir, cases carrées qui se superposent sur les visages, planches de l’album en gaufrier…

J’essayais de reconstituer et de me réciter tout ce que j’avais un jour appris: les comptines de mon enfance, des vers d’Homère, des paragraphes du Code civil.

Une mise en bulles passionnante à la hauteur de ce que l’on est en droit d’attendre d’une adaptation littéraire qui cristallise la parfaite adéquation entre le fond et la forme. David Sala n’hésite pas à déstructurer la case et la planche pour donner le vertige et troubler le lecteur, comme un écho aux émois qui viennent griser les protagonistes.  Fidèle à ce trait et ce coup de pinceau si identifiables, David Sala fait naître sous son crayon ambitieux et talentueux des personnages costumés d’une classe folle, des lieux envoûtants et des décors imposants. Chaque case est un délice pour le regard telle une série de petites œuvres d’art et le travail de la couleur sert à merveille cet univers aquarelle qui est le sien.

Déjà conquise par ses albums jeunesse – qui résonnent avec le travail de Klimt – sans l’imiter platement pour autant – je le suis d’autant plus quand je vois ce qu’il est en mesure de proposer du côté du 9e Art

Un album à lire comme on visiterait un musée.

Ma chronique toute récente du classique de Stefan Zweig (cliquez sur l’image…)

Le Joueur d'échecs

(Merci à Ma Petite pour ce doux présent ♥)

David Sala sur le blog : La prisonnière du brouillard – G.Guéraud & D.Sala

Le Joueur d’échecs – David Sala

Casterman

128 pages /  20€

Octobre 2017

ISBN:9782203093478

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Le premier mercredi du mois…

La BD de la semaine est au milieu des livres!

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Chroniques des amoureux des bulles:

 

 

Stephie                   Mo                  Aurore

 

Jérôme                Iluze                  Karine

 

Eimelle                     Hélène                Blandine

 

Caro                     Cristie                    Nath

 

Enna (1)                     Enna (2)                     Maël

 

Natiora                   Mylène                       Brize

    Jacques                     Fanny                  Amandine

Bouma                     Blondin                 Sandrine

Sabine                                                                      Soukee

Ma résolution livresque étant de lire (au moins) 12 classiques dans l’année, voilà le récapitulatif de mes lectures, mois après mois… (Pour le moment, je respecte étonnamment mon carnet de route…)

◊ Janvier:

La Machine infernale – Jean Cocteau. / Une nuit avec Verlaine – Sophus Claussen

◊ Février:

Le Joueur d’échecs– Stefan Zweig

◊ Mars :

Le Joueur d’échecs– Stefan Zweig par David Sala  /  Le Jeu de l’amour et du hasard – Marivaux

                                                        

 

 

50 réflexions au sujet de « Le Joueur d’échecs – David Sala »

  1. Je n’avais pas lu la nouvelle, mais ai lu cet album qui m’a énormément plu! Si le travail du décor et des symboles, comme les cadrages m’ont plu, j’avoue avoir eu du mal avec les visages. Un album que je relirai (aussi pour le chroniquer!)

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  2. je n’ai lu la nouvelle que sur le tard (je me demande bien pourquoi d’ailleurs!), j’ai adoré! alors forcément cette BD est sur ma liste depuis un moment!! merci pour le rappel!
    Et merci pour l’accueil cette semaine! je viens de terminer mon tour commencé mercredi et interrompu, encore de bien jolies choses en perspective!! j’adore ce RDV!!!

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