Et elle cachait surtout, comme un secret qu’elle voulait qu’entre les lignes il découvre tout seul, le désir têtu qu’elle avait de Toussaint.
Toussaint est un matin devenu un homme comme les autres. De ceux que l’on appelle pour une noble cause, pour défendre des Hommes, une patrie, un drapeau. Toussaint part sur le front en laissant derrière lui la petite Léonie et sa Jeanne amoureuse. En l’absence des hommes, les femmes s’épaulent, se soutiennent, se consolent. Elles apprennent à vivre loin du souffle et de la peau de l’autre. Elles s’accommodent des silences pesants et font de leur attente un sacerdoce.
Les mots écrits entre eux, ça n’avait jamais existé. Et puis voilà qu’avec la guerre, les lettres étaient apparues, volant de l’un à l’autre.
Alors que tant d’âmes damnées se perdent sur le front diabolique, Toussaint revient. Son visage est couvert de bandages, et sa guerre s’est jouée de longs jours durant dans un hôpital d’où peu de nouvelles sont parvenues jusque Jeanne. Seule une phrase lapidaire a installé une distance froide, un fossé infranchissable: je veux que tu ne viennes pas. L’époux tant chéri semble revenu d’un monde où la vie s’est arrêtée, où les corps n’existent qu’inertes ou morcelés. De l’homme qui se fond dans la foule à l’homme qui n’échappe à aucun regard, Toussaint ne sera jamais plus le même.
Quand à leur pays, elles avaient confié un mouton, c’était un lion qu’on leur avait rendu. De celui qui était parti jeune homme, on disait qu’il était rentré vieillard, on disait qu’il était rentré fou.
C’est donc avec ce titre, Les Fleurs d’hiver que je découvre Angélique Villeneuve. Elle signe ici un roman, fort d’une insolente tension où la Grande Guerre s’invite en toile de fond. L’Histoire, cruelle responsable du désœuvrement des Hommes, vient mettre fin à un quotidien serein, et emporte avec elle, sans complaisance, la légèreté et l’espoir. Sans jamais s’attarder sur le désastre du front, l’auteur relate l’absence et le manque à travers les personnages féminins. Des mères privées de leurs fils aînés, des femmes séparées de leurs époux. Quand les fils ne reviennent pas, la folie devient le pire des ennemis. Et quand l’homme réapparaît, sur le pas de la porte, c’est une vie entière à réapprendre, c’est tout un monde à reconstruire.
Jeanne n’est pas habituée à voir son mari si économe de ses gestes, aussi passif, mais elle se dit que, simplement, elle n’est plus habituée à son mari du tout.
D’une plume saisissante et séduisante, Angélique Villeneuve captive. Le lecteur entre dans la maison de Jeanne et partage ses gestes, ses regards, ses impatiences, ses doutes. Racontant la guerre à travers ce qu’elle vous vole ou vous arrache, la plume tout en retenue tisse lentement les liens étiolés entre les personnages et rappelle que la vie – aussi fragile soit-elle – peut, si on lui laisse un peu de place, resurgir au cœur d’interminables hivers…
Un livre à lire bien au chaud quand la neige s’invite dans votre journée.
Les chroniques du Petit Carré jaune, de Cathulu, Kathel, d’Aifelle, d’Ys.
Les Fleurs d’hiver – Angélique Villeneuve
156 pages / 8€10
ISBN: 978-2-36914-386-4
Septembre 2017
J’ai profondément aimé ce roman, l’histoire et l’écriture. Et le thème des femmes à l’arrière n’a pas été tellement traité en littérature.
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Oui, c’est ce choix narratif qui m’a d’autant plus captivée…
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Je le note. Mais je n’attendrais pas la neige sinon, jamais je ne le lirais 😉
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Ah ah ! Tu as raison ! C’est aussi ce que je me suis dit en écrivant cette phrase. Mais je ne peux vraiment pas dissocier ma lecture des flocons qui tombaient abondamment ici !
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Je ne connaissais pas, mais l’histoire semble forte…
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C’est le cas. Peu de rebondissements mais une tension et une atmosphère captivantes.
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C’est ce que j’ai ressenti à travers ton très beau billet…
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Alors tant mieux si cela est arrivé « jusqu’à toi ».
Et merci. Vraiment.
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Décidément, j’ai encore un beaucoup d’auteurs à connaître.
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C’était une première fois pour moi… On en est tous là je crois… 😉
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Merci Mokamilla ! c’était comme si Jeanne elle-même me faisait signe…
merci de l’avoir approchée avec tant de bienveillance
ça fait tellement plaisir de voir que les livres continuent leur vie longtemps après leur sortie, merci !
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Je sais être au rendez-vous pour les nouveautés mais j’apprécie aussi de laisser une place aux publications moins récentes qui parfois sont un peu délaissées face au rythme fou des rentrées littéraires… Longue vie à ces fleurs d’hiver que je saurai recommander encore et encore. Et merci infiniment pour votre passage ici… Bon week-end (et à bientôt pour Maria !)
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J’avais adoré ce roman, notamment pour la tension dont tu parles, et la qualité d’écriture d’Angélique Villeneuve, très talentueuse.
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C’est une merveilleuse surprise et découverte hivernale !
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Un roman émouvant avec une atmosphère captivante. Je suis plus que partante 🙂
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Je ne peux que t’encourager à te lancer !
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Je ne connais pas cette écrivaine mais cette lecture semble vraiment particulière en raison de l’atmosphère… Merci!
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J’aime sa manière de parler de la guerre sans nous servir un récit « attendu ». La plume est subtile à souhait !
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Je ne peux qu’être amusée en lisant à l’instant ton commentaire sur mon billet d’Au bonheur des dames : Devine quel roman j’ai commencé ce matin, inspirée par la neige tombée cette nuit ? ^^ Les grands esprits se rencontrent ! Je t’ai lue en diagonale du coup, mais je retiens qu’il t’a beaucoup plu. J’espère qu’il en sera de même pour moi !
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J’adore ce genre de coïncidences tu sais ! Il y a des lecteurs comme ça qui se « trouvent » et se croisent… Belle lecture à toi Lili et hâte de connaître ton avis… Bises
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Aujourd’hui, j’ai justement parlé avec des lecteurs, que je n’avais pas lu beaucoup de romans concernant la Grande Guerre… Voilà, c’est un signe!
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Je ne vois que ça! Lance-toi!
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Et autre signe, il est dispo dans ma bibliothèque 🙂
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So… Let’s read !
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Je t’avoue fuir les récits sur les deux guerres et leurs conséquences mais là tu me tentes diablement.
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Je ne sais pas ce qui motive cette fuite mais j’aime vraiment ici la manière dont elle traite le sujet… Étonnant, délicat et incroyablement doux.
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Ok, s’il faut de la neige, je peux le lire 6 mois par année! Blague à part, j’aime toujours lire la perspective des femmes. Je vais forcément me laisser tenter.
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Oui tu fais partie des rares qui ont plus de marge que nous avec cette contrainte climatique! 😉
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Beau billet Moka. Je note .
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Je trouve contrairement à Aifelle qu’on parle beaucoup plus des femmes pendant la guerre 14/18, dans les romans (je pense au « Chagrin des Vivants » d’Anna Hope et c’est très bien comme ça
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Je n’ai pas encore lu ce roman qui a rencontré un certain succès mais je compte bien le faire…
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Je n’ai encore jamais lu cette auteure dont on entend régulièrement parler sur la blogo. Ce titre a tout pour me plaire.
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C’était une grande première pour moi ! Et je ne vais pas m’arrêter là !
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intéressant! je note! la thématique me plaît beaucoup
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Un beau destin de femme, de couple.
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Je n’avais pas réalisé qu’il était sorti en poche ! Je l’avais noté après avoir lu de nombreux avis enthousiastes, et puis il m’était complètement sorti de la tête… Merci pour cette piqûre de rappel !
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