Quand je lève les yeux, je vois simplement des arbres, là où Gustave et Madeleine voyaient des tilleuls, des aulnes, des acacias, des érables. J’écris sur ces gens qui étaient capables de nommer les choses, les fleurs et les bêtes, alors que j’ai besoin d’une application sur mon téléphone qui identifie les oiseaux par leur chant, les plantes par leurs feuilles.
Hommes, femmes, jeunes et vieux: ils ont grandi dans cette demeure séculaire et y ont vu mourir les anciens. Les années passent, la maison se vide et l’on se résout aux adieux. Ne reste désormais que Madeleine et Gustave, maîtres de la maison, gardiens des souvenirs. Sans enfant, cette minuscule fratrie fait presque partie des meubles, ces deux êtres solitaires se faisant prolongement des arbres et des végétaux qu’ils observent et entretiennent avec passion et sérénité.
Il faut qu’elle soit solide pour accueillir son frère défait. Ce n’est ni la première ni sans doute la dernière fois qu’il lui reviendra à elle, la sœur, de le ramasser à la petite cuillère.
Entre eux se tisse un lien que seule la mort viendra altérer. Elle veille sur lui, lui assure un quotidien agréable et doux. Il adore sa soeur d’un amour distant et pudique. Et quand il s’absente, il sait qu’il la retrouvera. Parce qu’il s’échappe parfois, ce frère fragile, ce frère solitaire.
On pourrait croire que c’est à cause de la maison; que c’est la maison qui les garde jalousement, les veut toutes pour elle seule – parce qu’il doit y avoir pas loin d’un siècle que personne n’est né ici, alors qu’on ne compte plus les morts et les mortes.
Photographe et poète, Gustave saisit chaque petit détail du monde, chaque bruit, chaque odeur. Il noircit des pages blanches au rythme saccadé des touches de sa machine à écrire. Ces années relatées sont celles de l’écriture de son dernier manuscrit, de ses peurs, de ses yeux qui regardent avec un désir discret et contenu les corps des hommes, de ses échecs, de ses succès d’écrivain. Avec, dans l’ombre, une sœur lumineuse, résolument moderne qui veille, paisiblement.
Gustave entend craquer son cœur. Il n’est plus très sûr de faire la différence entre le dedans et le dehors.
Quand Bruno Pellegrino s’attache à relater l’histoire romancée du poète suisse Gustave Roud, c’est sous une plume végétale et délicate qu’il trace les sillons d’une histoire familiale. L’écriture – presque naturaliste – donne parfois à la flore les allures d’une serre zolienne à la fois sauvage et habilement domptée. Dans ce roman, les saisons imposent leur lente cadence, la vie n’a d’autre rythme que celui que la nature lui dicte.
Les éditions Zoé ont cette force: celle de proposer des romans à l’atmosphère unique. Après le merveilleux Un hiver à Sokcho d’Elisa Sha Dusapin, je succombe au charme fou du récit – certes un poil contemplatif – de Bruno Pellegrino qui impose sa beauté littéraire – très XIXe – incontestable. Un roman lent et plein de grâce qui enrobe la campagne suisse d’une lumière singulière, d’un souffle poétique puissant.
Un livre à lire quelle que soit la saison.
Là-bas, août est un mois d’Automne – Bruno Pellegrino
Rentrée littéraire Janvier 2018
4 Janvier 2018
ISBN: 978-2-88927-507-8
224 pages / 17€
En général, j’aime beaucoup ce que font les éditions Zoé. Celui-ci pourrait me plaire, le contemplatif ne me fait pas peur.
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Je n’ai lu qu’un Hiver…. et j’avais été conquise. Je suis consciente que ce sujet soit « moins accrocheur » qu’une histoire d’amour mais cette relation frère/soeur m’a beaucoup touchée. Mais comme je le disais sur FB avec Eglantine (qui n’a pas aimé du tout) c’est un peu quitte ou double avec ce genre d’histoire.
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Ce roman pourrait me plaire, je crois… ah, les tentations sont trop nombreuses !
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Oh que oui…
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Le sujet me tente beaucoup mais j’ai tout de même un peu peur que ce soit trop contemplatif pour moi.
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A emprunter pour limiter la prise de risque dans ce cas non?
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Peut-être…
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Ok…
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Un poil contemplatif ? Aïe !
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Oui, je savais qu’avec ce terme, nombreux seraient ceux qui « fuiraient » ce livre. Mais celui lui va si bien, alors autant annoncer la couleur non ?
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Un roman au charme contemplatif, voilà ce qu’il me faut en ce moment. Je note ce titre que je te remercie de nous faire decouvrir.
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Je le tenterais bien …
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Je ne connais pas cette maison d’édition. Je note. J’ai beaucoup aimé ton retour, tout en délicatesse…
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J’aime bien les éditions Zoé…
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Moi aussi. J’ai tellement aimé le premier titre qui me les a fait découvrir…
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Contemplatif et naturaliste, ça me parle (ben oui, je ne fais pas que dans la fille de joie et le cradingue tu sais^^).
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Mais mais mais !!! Serait-ce le scoop de la journée?????
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Je l’emprunterai, j’avais beaucoup aimé le charme d’une « Un hiver… » .
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Là aussi la couverture est bien jolie est c’est important pour moi.
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Cela peut être un bon point de départ…
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Oh je ne connais pas du tout.. .mais tu as éveillé mon intérêt. Je ne sais pas si cette maison d’édition est dispo au Québec.
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Les Suisse s’exportent-ils? Là est la question.
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ça m’a l’air intéressant, je retiens.
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Si les récits contemplatifs ne t’effraient pas…
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Une lecture qui a l air très douce…
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Exactement !
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un bien joli billet! j’aime beaucoup la première citation.
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Je découvre ce titre avec toi et j’avoue qu’il me fait envie.
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Je te lirai avec plaisir si tu sautes le pas…
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Ta première citation me rappelle un article paru dans le magazine Flow il y a quelques temps…
Je note ce roman, le thème me plaît !
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Ton commentaire me rappelle que je n’ai pas lu Flow depuis un moment…
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Je l’avais repéré, il me fait très envie 🙂
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Espérons que tu fasses partie des séduites…
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