À défaut de pouvoir se détériorer, mes rapports s’étaient considérablement distendus avec ma famille. Or, cet été-là, ma cousine se mariait. J’allais donc revenir à Saint-Fourneau. Et les revoir. Tous. Enfin, ceux qui restaient.
La famille, ses joies, ses souvenirs. Ces personnes qu’on aime, ces autres qu’on préfèrerait oublier et éviter. La famille, ces gens qui deviennent des inconnus, œuvre inéluctable du temps et de l’éloignement. La famille, celle qu’on recroise et à qui l’on préfère taire nos échecs, nos désillusions. Celle à qui l’on donne peu de nos vies qui passent loin d’elle.
Notre héros n’est guère enthousiaste à l’idée de revenir dans le village de son enfance pour célébrer l’union de sa cousine qu’il ne fréquente plus vraiment. Elle est devenue mère et il ne connaît même pas le visage de sa progéniture. Il va devenir père mais n’a plus grand chose à voir avec ce passé qui va lui ouvrir sa porte le temps d’un week-end. Accompagné de Claire, il retrouve son oncle et sa mère, abîmés par la vie et les morts douloureuses. Au-delà des rides qui creusent les visages, l’écho d’une époque révolue vient réveiller les souvenirs enfouis. La froideur de l’accueil, fruit de rares ou épisodiques relations rend la communication éphémère, délicate. Chacun donne le change, chacun joue le jeu des convenances avec la certitude profonde que rien ne peut être ravivé.
Heureusement que Lucie se marie, ajouta-t-elle, sinon on ne se verrait que pour les enterrements.
Les silences réveillent la méfiance, les questionnements, les secrets tus, les évidences vainement masquées. Vincent Almendros nous livre un récit que l’on doit préserver des révélations maladroites. Ne pas trop en dire. Laisser le lecteur entrer dans ces pages à travers lesquelles l’auteur déploie, avec une concision certaine, un art de la description et un sens aigu de l’observation. Que reste-t-il de ceux qu’on laisse derrière nous? Que retrouve-t-on lors de nos rares retours? Que fuit-on de notre présent?
Un texte comme une nouvelle à chute dans lequel le narrateur pose les petits cailloux qui nous conduisent vers un final qui n’a pas totalement fait mouche mais qui a le mérite de se prêter à cet exercice peu évident. Vous trouverez peut-être, dans ce récit qui pose un regard incisif sur ces petites gens au destin ordinaire, les échos familiers d’une atmosphère à la Xavier Dolan, vous y ressentirez peut-être ces malaises des repas de famille où la banalité insidieuse supplante la spontanéité et le plaisir des retrouvailles. Et comme le dit la 4e de couverture, le problème est peut-être ailleurs. Là où l’on ne regarde pas, pour mieux nous surprendre.
Un texte à lire en apnée. Jusqu’à l’expiration finale.
Faire mouche – Vincent Almendros
128 pages / 11€50
ISBN: 9782707344212
Rentrée littéraire – Janvier 2018
Challenge Rentrée de Janvier
Merci pour cette belle découverte, ce livre a tout pour me plaire!
Une atmosphère à la Xavier Dolan, j’achète
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C’est l’impression que j’ai eu en le lisant. Ces histoires de famille pleines de silences et parfois de cris.
Ces malaises palpables où personne ne trouve plus vraiment sa place.
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Bonne idée : cela me fera plaisir de retrouver Vincent Almendros que j’avais découvert en 2015 avec Un été, un récit court (à défaut d’être une nouvelle) que j’avais trouvé très réussi. Celui-ci semble du même registre : je l’ajoute à ma LAL (à défaut de trop vouloir plomber ma PAL…).
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Je le découvrais avec ce titre mais il m’invite à aller lire le titre dont tu parles…
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Voilà qui me parle 😉 j’aime les histoires de famille, et le dernier film de Dolan m’avait touchée. Merci pour ta participation, tu es la première 🙂 si tu veux tu peux rajouter le logo http://bgarnis.canalblog.com/archives/2018/01/03/36012822.html
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Le logo vient d’être ajouté ! 😉
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« Un été » ne m’avait pas convaincu et je retrouve la même atmosphère dans ce que tu dis de celui-ci donc j’en conclus qu’il n’est pas pour moi 😉
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De toute manière tu ne vas plus lire que des pavés de 800 pages désormais…
Cela va manquer de catins et de moiteur pour toi ce petit roman. Effectivement. 😉
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J’aime beaucoup être en apnée en lisant 🙂
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Alors plonge dans cet univers-là !
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J’adore les univers familiaux à la Xavier Dolan… Merci pour la découverte!
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On est apparemment nombreux à aimer les atmosphères à la Xavier Dolan…😉 J’aime ces impressions de ne pas reprendre son souffle en lisant.
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Je trouve que ce titre – court – aura plus d’impact en étant lu d’une traite.
Et pour Dolan, je te rejoins totalement.
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Ce livre pourrait me plaire…
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Espérons qu’il fasse mouche…
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Je viens de le finir et je partage les mêmes impressions… Il m’a beaucoup plu! Quelle tension!
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Je lis peu de chroniques sur ce roman et je suis ravie de voir qu’il trouve ses lecteurs…
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Très jolie chronique !! Comme toi j’ai beaucoup aimé ce roman :o)
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