Le décompte a commencé. La gare sera son observatoire, son terrain d’écriture. Au rythme des heures qui orchestrent le quotidien d’un lieu aussi grouillant que la célèbre Gare du Nord, Joy Sorman va saisir des petites scènes de vies ordinaires ou singulières en relatant chaque moment pris sur le vif. C’est une équipe d’agents de sécurité, ce sont les mendiants qui errent en périphérie, ce sont les voyageurs qui patientent ou se précipitent pour ne pas rater leur métro, ce sont les hommes et les femmes qui voient et côtoient ces vies qui grouillent, défilent.
Je les vois vieillir, je vois leur vie changer, je les vois seuls, en couple, avec des enfants, seuls à nouveau. […] Est-ce qu’on peut dire qu’on connaît quelqu’un quand on l’a vu tous les jours pendant vingt ans sur un écran de contrôle ou dans un rétroviseur? J’aurais tendance à dire oui.
Joy Sorman ou la tentative d’épuisement d’un lieu parisien. Postée là où tout le monde passe, elle délaisse le fugace et la précipitation afin de regarder posément ce monde qui s’agite sans prêter la moindre attention à l’autre. Avec lucidité, curiosité ou tendresse, elle offre aux lecteurs un récit de la quotidienneté qu’elle parvient à rendre étonnamment intéressant… Quel meilleur endroit qu’une gare pour saisir nos errances, capter nos agacements, s’accaparer nos urgences, s’approprier nos habitudes? Lieu idéal pour celui qui aime observer le monde en mouvement, la Gare du Nord se révèle et se dévoile dans ses petits rouages et grandes mécaniques.
Ce contrôleur-ci a de la nostalgie, nostalgie des trains-couchettes quand on prenait le temps de discuter avec les insomniaques qui hantaient les couloirs, nostalgie de l’ère prénumérique quand les passagers sortaient de leur sac un livre plutôt qu’un portable et des écouteurs.
Habitués, parisiens ou voyageurs occasionnels, vous y retrouverez cet endroit dépeint avec humour, décrit avec un certain sens du détail, relaté à travers les yeux d’une autre. La Gare du Nord se retrouve au cœur d’un espace où s’entremêlent les frontières, les jeux de pouvoir, les gens, quels qu’ils soient. Joy Sorman – portée par une dynamique à la fois sociale, sociologique et journalistique – parvient à rendre captivants les dessous d’un univers qui pourrait pourtant tout à fait laisser indifférent … Elle vient nous enchanter et nous donne à voir autrement ce point de chute, ce lieu de transit, de passage en nous invitant à prendre le temps de regarder, différemment… On referme ce court récit avec, en tête, ces petits instantanés anecdotiques mais surtout avec l’impression d’avoir été auprès de l’auteur à chaque étape de cette semaine d’immersion. Une belle surprise à lire à la place d’un classique roman de gare…
Paris Gare du Nord – Joy Sorman
Février 2012
8€50 / 80 pages
ISBN: 978-2-07-013557-8
Je suis une navetteuse et la citation que tu as mis en exergue confirme ce que je vis tous les jours. Je pense que je pourrais me retrouver dans la lecture de ce livre 🙂
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Tiens, je le découvre avec ton commentaire. Je serai d’autant plus curieuse d’avoir ton avis sur ce livre en sachant cela !
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Et bien ce livre me semble pas mal…
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Il semblerait…
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J’adore les gares parisiennes . Elles sont un concentré de « l’entière humaine condition ».
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C’est joliment placé…
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C’est alléchant 🙂 (à lire en transit dans une gare ? )
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C’est une possibilité. Dans mon rocking-chair ou dans un canapé, cela fonctionne aussi… 😉
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C’est vrai qu’une gare est un lieu d’observation illimité. Je suis assez tentée, mais j’attendrai le poche.
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La collection n’aboutit pas sur une sortie poche il me semble puisqu’elle propose des livres autour de 8 euros… A trouver d’occasion peut-être…
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Une gare que je ne connais pas, je passe toujours par la Gare de Lyon. A découvrir.
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L’occasion de te plonger dans cette gare qui m’est plus familière…
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j’aime beaucoup Joy Sorman pour sa capacité à m’intéresser à des sujets qui ne m’attirent pas particulièrement … je n’ai pas encore lu ce livre, même si j’en ai beaucoup entendu parler – je vais le lire, c’est sûr!
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Je la découvre avec ce premier titre pour moi… Et j’ai aimé son propos, sa manière de saisir tous ces instants comme pourrait le faire un photographe.
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Je me souviens de ce livre, d’avoir hésité, parce que la Gare du Nord, je l’ai beaucoup, beaucoup ( trop ) pratiquée, envie de lire autre chose 😉
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Finalement, l’envers du décor tient aussi une grande place dans ce très court texte… Mais je comprends le besoin d' »autre chose » de ton point de vue…
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Et saisir l’instant… Ça pourrait me plaire…!
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Sympa ça, ne serait-ce que pour retrouver un lieu que je connais bien. Et toi aussi d’ailleurs, je me rappelle encore de notre retour d’Angoulême l’an dernier 😉
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