Il devait être une heure du matin. La rue appartenait aux spectres en cavale. A l’intérieur, la flamme de la lampe expirait.
Elle se déhanche avec folie dans ce bar où l’absinthe assomme et éteint les hommes. Ils ne voient qu’elle, subjugués par cette fille de l’ailleurs possédée par une sensualité qui la dépasse. Âme errante, perdue, déboussolée, Masseïda arrive dans un Paris qui s’enivre d’art et d’alcool et croisera la solitude de Steinlen – peut-être moins connu que sa célèbre affiche du Chat noir – vieux peintre qui n’attendait plus que la mort. Deux destins improbables, deux chemins tracés au fusain pour une rencontre assurément singulière.
Elle était lionne et ne s’enfuirait plus. Dût-elle griffer, égorger un à un les fantômes et les bruits. Aucun flic, aucun mac, aucun mâle ne pourrait l’arrêter. La lionne de Montmartre s’avançait dans la nuit.
Le roman de Julien Delmaire offre une totale immersion dans ce Montmartre artistique bouillonnant du début XXe. Sa plume, trempée dans la peinture des artistes et l’alcool des poètes maudits, balade ceux qui tournent les pages de ce livre dans des ruelles obscures et dangereuses, dans un atelier d’artiste qui s’oublie, dans les draps froissés d’un sculpteur qui passera de l’indifférence au désir. Sous les combles mansardés d’un modeste appartement, sur les comptoirs des bars parisiens, son héroïne a tout d’une sorcière envoûtante qui trouvera sa place au milieu des artistes torturés et qui, portée par l’effervescence d’un quartier encore célèbre pour ses frasques, osera libérer les démons d’un passé terrifiant qui la hantent.
Colonnes de parfums, syllabes suspendues, chaudes haleines. Ce que n’osaient les mains, les bouches l’accomplissaient. Serments de l’ombre, sarments de vigne, raisin pressé au bout des doigts. Leurs chairs se frottaient, galets dans la rivière, jusqu’à redevenir sable.
Julien Delmaire tient ses promesses et nous dépeint sans surprise un Paris désenchanté, refuge des catins et des artistes à travers le regard d’une femme qui n’est pas de leur monde. La langue est belle – aussi sensuelle que son héroïne – et l’auteur sait insuffler une poésie et un lyrisme certain aux scènes de volupté et d’abandon. Parfois, la langue retrouve son authenticité crue, argotique quand il s’agit de replonger dans ce monde d’hommes qui – sans leur pinceau ou leur plume – manquent cruellement de raffinement et de délicatesse. Et bien que Julien Delmaire n’échappe pas à quelques tournures ampoulées, il parvient assez habilement à coucher sur le papier, un « tableau-miroir » de ce Paris qui sait se montrer aussi répugnant que sublime.
Minuit Montmartre – Julien Delmaire
18€ /224 pages
ISBN: 9782246813156
Août 2017
Visiblement écrit sous le charme du style de cet auteur , ce billet est très agréable à lire.
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J’avoue que parmi toutes les lectures que j’ai faites pour cette rentrée, je ne pensais pas qu’elle « resterait ». Et finalement, j’en garde un souvenir vraiment agréable, moi qui aime tant cet univers…
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Ahhh le Paris que j’aime…….
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Voilà qui ne m’étonne guère…
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Qu’il est beau ce billet copine, je note, tu donnes envie !
Des bises ❤
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Toi aussi tu donnes envie t’sais ❤
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Une ambiance qui me plait, tu t’en doutes, même si j’ai du mal quand c’est ampoulé.
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Il a d’autres arguments pour te convaincre… 🙂
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Je me laisserais peut être tenter! De lui, je te conseille Frère des astres que j’avais beaucoup aimé
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Je le découvrais avec ce titre et je note ton conseil… 😉
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Et pourquoi pas si je le trouve à la médiathèque.
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Oui, il se prête bien à l’emprunt… 😉
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Ce livre j’ai terriblement envie de le lire, il est totalement dans mon univers puisque j’étudie l’art et j’aime cette période avant les deux guerres mondiales. Je regrette de devoir attendre un an car en plus il aborde des thèmes que je chérie beaucoup TT.
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Une belle ode à la ville de Paris, à lire ton billet.
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Pas certaine d’avoir envie de lire sur cette période après mes dernières lectures sur le monde de l’art, mais je retiens le sujet de ce livre dont j’ignorais tout.
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Ce livre a l’ait top!
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C’est tout ce que j’aime !! Je le veux !
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j’avais plutôt l’impression que tu n’étais pas complètement emballée… (les tournures ampoulées…?!)
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Une bien jolie chronique pour un roman que je n’avais pas noté sur ma liste de courses à rallonge. Ceci dit, le thème ne semble pas très novateur, il y a eu pas mal de romans qui dépeignent ce Paris là. À voir donc, on ne sait jamais.
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Moi qui ai été déçue par le roman Chrysis qui est censé lui aussi peindre le Paris du début du 20e, je retiens ce titre-là (vu plusieurs fois sur les blogs) si l’envie de replonger dans cette période me prend 🙂
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Tu donnes envie d’en savoir un peu plus!
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Oh mais voilà qui me tentent terriblement !
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Je ne connaissais pas mais c’est une époque qui me tente et c’est Montmartre alors, je note!
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Tu fais bien ! N’hésite pas à me donner ton avis !
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