BD de la semaine·Neuvième art·Prix littéraires

L’été diabolik – Smolderen & Clerisse

Dans le script de cette journée, tout s’est enchaîné sous l’effet du hasard […] Deux coups de pouce du destin, qui ont suffi à plonger mon petit monde dans le chaos.

Cet été 1967 commence en toute simplicité. Un match de tennis élégamment disputé et un adversaire qui pourrait devenir un ami. Antoine a quinze ans et s’apprête à profiter pleinement de sa trêve estivale… Mais très vite, tout ne se passe pas comme prévu et ses vacances prennent une tournure plus qu’inattendue… Un accident de voiture, des ombres furtives, les silences troublants d’un père rigide et froid, des rencontres déroutantes, un dépucelage sous acide… Vaste programme pour des vacances qui ont définitivement le goût de l’imprévu. Quand l’été touche à sa fin, le choc et la consternation sont les derniers invités d’une histoire qui ne lésine pas sur le suspense quitte à multiplier les rebondissements faciles.

Construit en deux temps, cet album relate d’abord les curieux événements qui s’enchaînent jusqu’à la disparition d’un personnage pour ensuite tenter d’apporter des réponses à toutes les interrogations du héros, des années plus tard. Au fil des planches, les masques tombent et la surenchère de révélations viendra rassasier les amateurs de coups de théâtre.

Cette scission narrative a des répercussions évidentes sur l’approche graphique de Clérisse. D’abord particulièrement frileuse face au travail de mise en couleur, j’ai fini par baisser la garde et me laisser prendre au jeu de cet ambiance vintage qui colle parfaitement au scénario… Si la première partie – années 60/70 obligent – nous inonde de couleurs – jusqu’à saturation – la seconde apporte une touche de sobriété particulièrement appréciable. L’univers coloré plus doux, moins explosif, épouse l’évolution du personnage – loin de sa fougue adolescente – qui tente d’éclaircir les zones d’ombre qui le minent encore dans sa vie d’adulte…

Parfois, un détail que personne d’autre ne voit suffit à faire douter des plus solides réalités.

Romans d’espionnage, BD italienne, histoires de criminels masqués… Les références et clins d’oeil foisonnent et je l’avoue, nombreux sont ceux qui doivent m’échapper… Le dossier final – particulièrement éclairant – consacré à la genèse de l’œuvre, a le mérite d’apporter un nécessaire complément culturel sur un univers qui n’est assurément pas le mien.

Une narration parfois alambiquée, des choix graphiques pas toujours convaincants, des dialogues qui m’ont parfois laissée perplexe : autant de petits écueils qui ne me placent pas du côté des amateurs de bulles qui ont encensé cet album… Une lecture de saison, certes plaisante, soutenue par un rythme vif qui a eu le mérite de m’éloigner de mes habitudes en matière de 9e Art mais qui reste loin d’emporter ma totale adhésion… (Jérôme, je ne sais pas si cela va t’encourager à te lancer…)

Un album qui marque la rentrée des bulles et le retour de notre rendez-vous La BD de la semaine.

Les chroniques d’Yvan, Noctenbule, Leil’, Noukette, Stephie, Mo, L’Irrégulière.

Chez Noukette

 

 

L’été diabolik – Smolderen & Clerisse

Dargaud

168 pages – 21€

ISBN: 978-2205-07345-4

Prix Ouest-France Quai des Bulles à Saint-Malo 2016

Prix du polar SNCF au festival d’Angoulême 2017

Prix BD Fnac 2017

26 réflexions au sujet de « L’été diabolik – Smolderen & Clerisse »

  1. Ton avis n’est pas si négatif que cela, ouf ! Moi dans cet album original, j’ai adoré cette ambiance vintage, ces révélations en cascade, ce trait particulier… Mais je peux comprendre que cela ne plaise pas !

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  2. Le côté pop des graphismes sort de l’ordinaire, mais je me demande si à la longue il n’en devient pas un peu lassant ? Ce qui passe très bien sur une couverture ne l’est pas forcément au fil des pages…

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    1. Ravie de te relire ici Polina !
      Curieusement dans la deuxième partie de l’album, le côté flashy/psychédélique s’estompe au profit de tons plus neutres. Mais cela aurait pu me faire reposer plus vite que prévu cette BD…

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