Et mon coeur fait boum·Je lis des albums·Que jeunesse se fasse...

L’Arbragan – Jacques Goldstyn

Moi, je suis ce qu’on appelle un solitaire. Je fais les choses tout seul. Et n’allez pas croire que ça m’embête.
Bien au contraire.

Les jeux d’enfants tiennent à bien peu de choses.  Partager un moment ensemble au milieu des rires et des herbes folles semble parfois suffire. A l’âge où un rien amuse encore, un petit garçon n’envie pas ceux qui se retrouvent pour passer de bons moments. La solitude est un art de vivre qu’il revendique et aime par dessus tout. Il est un original, n’en déplaise aux petits soldats sur les radeaux et aux nombreuses copines d’Anne Ludivine.

Oui, mais quand on n’est pas pareil ou qu’on est original, ça fait rire les gens, ou pire: ça les dérange.

Lui, ce qu’il aime, c’est Bertolt, son grand chêne. Son refuge, son trésor imposant que tout le monde voit sans le connaître vraiment. Majestueux et immense, il est le plus amusant des compagnons, la seule entorse qu’il accorde à ses après-midis solitaires. Lorsqu’il s’invite au milieu des branches et du feuillage, il observe le monde autrement.

Il voit le lointain, là où s’étire la courbe imperceptible de l’horizon, il voit le petit, là où grattent et vrombissent les bestioles ailées, il voit le doux, là où le minuscule monde à plumes pépie en harmonie. Il vit avec son arbre la valse des saisons et chacune lui apporte son lot de surprises. Mais celle qu’il aime par dessus tout, c’est le printemps. A l’heure où la nature s’enorgueillit d’un vert vif et fier, voilà que le grand chêne lui joue un drôle de tour. Stupéfaction au milieu des bourgeons!

Lire L’Arbragan, c’est vous donner – si cela était encore nécessaire – une raison supplémentaire d’aimer ces lectures qui enrichissent et forment joliment la jeunesse. Jacques Goldstyn signe ici un petit bonbon tantôt doux, tantôt acide qu’on sort impatiemment de son papier froissé, et qu’on prend délicatement le temps de savourer. On se plaît à suivre avec entrain au fil des saisons un héros riche d’un humour subtil qui crève les pages sans pour autant chercher à en faire des tonnes.

Lire l’Arbragan, c’est se glisser dans les feuillages par tous les temps, c’est retrouver nos sept ans, c’est s’amuser d’un rien et se retrouver conquis par quelques pages qui paraissent naïvement griffonnées à la va-vite, rappelant parfois l’impertinence et la drôlerie maîtrisées d’un Sempé. C’est laisser l’enfance vous exploser au visage, dans ce qu’elle a de plus spontané et infiniment sensible.

Un titre indispensable et profond (qui n’ a pas volé son Prix Sorcières 2016) qui m’a été offert par le tout aussi indispensable Jérôme-chou.

Les chroniques de Jérôme / Sabine / Pages Versicolores

L’Arbragan – Jacques Goldstyn

Éditions de la Pastèque

96 pages / 16€

Dès 6 ans.

ISBN: 9782923841700

Chez Hérisson
6e/20

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33 réflexions au sujet de « L’Arbragan – Jacques Goldstyn »

  1. Je savais en te confiant ce petit livre qu’il serait en de bonnes mains. C’est un bijou d’intelligence et de simplicité d’une rare profondeur, je suis bien d’accord avec toi.Et merci pour ce très joli billet qui lui rend un bel hommage ❤

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  2. Mon fils va avoir 7 ans lundi prochain, je cherchais une lecture spéciale à lui offrir…J’ai trouvé, je sens qu’on va partager de beaux et poétiques moments grâce à toi, et que c’est une lecture qui nous accompagnera longtemps. M’est avis que ses soeurs n’y seront pas insensibles non plus 🙂
    Mille mercis !!

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    1. Joyeux anniversaire (tardif) à ce petit garçon qui va avoir une chance folle de rencontrer ce héros-là. J’espère que tu as pu le trouver à temps. Belle lecture en famille, pour partager ces jolies pages.

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  3. C’est très beau Moka… J’étais une solitaire enfant et je me suis un peu reconnue… C’était une belle époque, les découvertes, les longues marches… J’y pense maintenant et je suis nostalgique! Je vais lire ce livre…

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