CHIMÈNE: Honneur impitoyable à mes plus chers désirs / Que tu vas me coûter de pleurs et de soupirs.
Chimène aime Rodrigue et rien ne semble s’opposer à cet amour partagé. Don Gomès, père de la jeune femme, favorable à l’union des amants, encourage même leurs noces. Toutefois, dès la première scène, un doute plane dans l’esprit de Chimène, un sentiment étrange, une ombre comme l’inconsciente naissance de la tragédie à venir.
Cet amour naissant va rapidement connaître une douloureuse épreuve. La notoriété de l’œuvre brise toute possibilité de suspense: les ego paternels en ébullition vont provoquer la rupture morale entre Rodrigue et Chimène. Arrive le malheureux mot de trop: l’impertinence et l’insolence s’attaquent à l‘honneur des hommes. L’offensé trop vieux pour se défendre demande à son fils d’être son bras face au provocateur. Le duel – dont l’issue sera fatale au père de Chimène – noircit l’avenir radieux qui se profilait pour le couple. Comment Chimène peut-elle désormais épouser l’assassin de son père? La pièce n’est alors que tergiversations, tourments et déchirements passionnés. Le dilemme cornélien prend ici tout son sens et les personnages s’embourbent dans leur ténacité, se noient sous une vague de principes et de codes d’honneur qui les empêchent d’entrevoir le moindre dénouement heureux. L’essence tragique dans toute sa splendeur…
CHIMÈNE: Pleurez, pleurez mes yeux et fondez-vous en eau ! / La moitié de ma vie a mis l’autre au tombeau.
Relire Corneille avec la ferveur de l’étudiante en lettres que j’étais, avec le recul que je n’avais pas lorsqu’à 13 ans j’ai eu ce livre en main pour la première fois. Plonger à nouveau dans ce chef d’œuvre en me prenant au jeu de cette langue qui se hisse au sommet de la littérature. Chaque vie se fraie ici un chemin dans la course folle d’une tragédie où le sens de l’honneur et l’incorrigible fierté nourrissent toute la tension du drame qui se joue. Une œuvre dans laquelle chaque mot est intimement lié à l’autre, pris dans le rythme grandiloquent du prodigieux alexandrin. Et si cette langue se laisse insidieusement et inévitablement ronger par la désuétude, elle n’a jamais cessé de me charmer à chaque vers. Une petite musique littéraire d’une délicatesse absolue pour une œuvre dont le génie se savoure à chaque ligne.
DON DIÈGUE Jamais nous ne goûtons de parfaite allégresse. / Nos plus heureux succès sont mêlés de tristesse.
Une autre pièce de Corneille : Médée.
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Ma lecture du mois de février pour poursuivre le challenge Je lis des classiques chapeauté par le Pr.Platypus.
En janvier, Ibsen et le théâtre étaient à l’honneur.
Le Cid de Pierre Corneille
XVIIe siècle.
Pièce en cinq actes.
Au programme de français des collèges et lycées.
Ce billet, ma chère, est de toute beauté ❤
ai pour tout t'avouer, LE CID je ne peux plus, enfin je croyais jusqu'à ce billet !
Vais peut être me lancer ce we (et si je souffre je t'enverrai des mots gros :-p )
bisous immenses ma belle
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Que de souvenirs…
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incontournable !
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je pense que c’est la pièce classique que des jeunes taraudés par l’honneur et la vengeance comprendraient le plus facilement.
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Si seulement…
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De Corneille, j’ai une préférence pour l’Illusion comique ; mais bien sûr la langue du Cid reste un délice !
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Tu ravives des souvenirs de lycée… Mais je crois que j’ai toujours préféré Racine à Corneille.
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Ca me ramène à mon adolescence 🙂
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Cette pièce est sublime. La beauté de ces vers ne faiblit pas !
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Très beau souvenir de lecture ❤
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Euh, je crois ne l’avoir jamais lu….
Honte à moi!
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J’adore Le Cid. Je me souviens avoir été émerveillée par une représentation avec Francis Huster il y a bien longtemps.
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Cela me rappelle mes études en lettres aussi! 🙂
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Je vais bientôt la relire aussi ! vu ton billet, il me tarde de me plonger dedans !
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Un classique que je n’ai jamais lu… honte à moi !
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Pas de culpabilité ! Je crois qu’on peut tous dire ça avec les classiques…Il faut juste oser s’y replonger. La surprise est souvent au RDV.
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Mon grand est en plein dedans, et moi aussi !
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Et ça lui plait?
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Beaucoup de souvenirs! Un classique, mais, facile à lire.
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J’en garde un excellent souvenir ! Et pourtant, j’avais étudié cette pièce au collège… Comme quoi, on peut être durablement marquée par des lectures imposées qui deviennent des coups de coeur… La plume de Corneille emporte par sa poésie et son panache !
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