Au TOP !·Et mon coeur fait boum·Je lis des albums·Que jeunesse se fasse...

Le Bois dormait – Rebecca Dautremer

Plus un souffle de vie. Plus un souffle d’envie. Le bois semble s’être définitivement endormi. Les feuilles d’automne ont même cessé leur danse folle, les vies sont éteintes, les paupières closes et les corps demeurent suspendus au silence. Dans ce monde-là, la beauté ensommeillée est plurielle et a saisi tous les visages sans nulle autre forme de procès…

En marge, deux petits personnages esquissés bavardent. Ils parcourent la page blanche, spacieuse et immaculée, et brisent le silence qui a envahi les pages de l’album. Ils avancent, pas après pas, et s’adressent au lecteur en le prenant comme témoin de ce monde sans bruit ni bruissement. Les enfants qui sommeillent (encore/toujours/à jamais) en nous ne seront pas véritablement surpris. En effet, comme cette histoire résonne et réveille en ces souvenirs enfouis dans nos lointains soirs de lecture

Dormir, dormir, d’accord ! Mais 100 ans ?! C’est un peu long non?

Les contes ont le pouvoir d’être mille fois narrés, mille fois répétés, mille fois offerts et revisités. Si Rebecca Dautremer invite sous son pinceau un des plus célèbres récits de notre enfance, elle lui insuffle ce que rares sont capables de faire, à savoir offrir le juste équilibre entre le renouveau attendu et la créativité ingénieuse sans cesse renouvelée. Avec ce talent fou qu’on lui connaît, elle parvient encore à nous étonner en déjouant le prévisible et le facile et en ménageant un certain suspense qui s’évapore lentement de nos esprits captivés, non sans quelques frissons d’émotion. On devine aisément l’exigence du trait, la finesse du regard, le talent de l’artiste virtuose nécessaires pour aboutir à ces pages qui renferment des œuvres qui donnent à l’illustration ses lettres de noblesse.

Personnages figés, cœurs éteints, vigilance en sommeil, garde baissée: le monde endormi nous laisse juste le temps qu’il faut pour nous accaparer un univers d’une beauté époustouflante. On s’interdit presque de tourner ces pages par peur de briser ce carcan immobile, cette pellicule invisible qui a figé le monde comme certains matins de givre où tout semble être trop beau pour être dérangé, bousculé…

Et écoute bien, parce qu’on n’entend presque plus rien ici. La poussière dans le vent, ça ne fait pas beaucoup de bruit.

Au plaisir visuel s’ajoute le plaisir de lecture. La revisite textuelle est subtile à souhait. Je vous le concède, pourquoi donc relater une histoire maintes fois racontée? Là n’est pas le propos me semble-t-il. Comme un Petit Poucet conteur, Rebecca Dautremer glisse quelques mots-indices qui mettent en lumière les liens qui unissent l’histoire ancestrale et ce conte moderne. Et moi, lectrice qui me laisse si souvent porter par les jolies histoires, je reste là, les yeux écarquillés, admiratifs et conquis face à ce trait et cette plume qui me fascinent et m’emportent à chaque lecture. On reste alors sans voix, désarmé. On se sent terriblement petit face à la beauté qui nous étourdit à chaque page, mais aussi, véritablement enrichi d’avoir trouvé sur notre chemin une si belle lecture…

Sans nul doute, voilà un conte dont le sortilège est sans appel. Pépite, bijou, œuvre d’art. Qu’importe le nom, la lecture est grisante, et le ravissement et la contemplation font définitivement partie du voyage.

Un coup de foudre pour 2017.

Ma chronique du tout aussi sublime album Yéti.

La chronique de mon petit carré jaune.

Le Bois dormait – Rebecca Dautremer

Sarbacane

Novembre 2016

64 pages / 18€

ISBN: 9782848659060

De 5 à 105 ans

Chez Hérisson
Chez Hérisson 4e/20

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

60 réflexions au sujet de « Le Bois dormait – Rebecca Dautremer »

  1. Ce que tu en dis me donne très envie !!!
    Par contre, j’ai eu accès au contenu de ton article parce que je suis abonnée à ton blog. La notification que j’ai reçu m’a permis de lire ta chronique mais ici, sur ton blog, l’article est vierge (page blanche)

    J’aime

  2. Rhooo com c’est beau ! On avait drôlement aimé Yéti et tous les autres aussi (ou du moins tous ceux qui nous sont tombés entre les mains) …. voilà qui ferait délice de Kdo pour ma poulette ❤
    Bisous copine et à vite (hiiiiiiiiiiii !)

    Aimé par 1 personne

  3. J’aime beaucoup le travail de cette illustratrice. L’année dernière, je me suis offert le magnifique « Une bible » écrit par Philippe Lerchermeier et illustré par Rebecca Dautremer. J’aime le feuilleter de temps en temps.

    Aimé par 1 personne

  4. Rebecca Dautremer c’est mon illustratrice préférée, je ne connaissais pas du tout cet album mais alors je me damnerai pour ses illustrations. Plusieurs m’ont dit que ce n’était pas des livres pour enfant mais franchement si, je ne vois rien de malsain dans ses images simplement de la beauté partout.

    J’aime

  5. Tu écris si bien autour de cet album… J’ai essayé plusieurs fois, mais le silence et le repos qui plane, oui cette contemplation silencieuse, m’ont coupé les mots maintes fois. Un vrai coup de coeur, oh oui !

    J’aime

  6. Je n’ai encore jamais eu un des ses albums dans les mains – je me demande bien pourquoi d’ailleurs!! – mais je me souviens du film d’animation Kérity la maison des contes, qu’elle a illustré, que j’ai vu de nombreuses fois avec mon fils quand il était petit. Un doux souvenir.

    J’aime

Laisser un commentaire