Le bébé est mort. Une assertion qui semble avoir tout dit. Après ces mots, rien ne s’avère plus superflu que d’ajouter d’autres lignes à l’impensable. Et pourtant… Le roman consiste à remonter le temps, à raconter les mois, les semaines, les jours qui ont précédé le drame. Si la monstrueuse a commis un crime, si elle gît ensanglantée sur le sol de l’appartement le corps encore chaud et que son cœur bat ce jour-là, celui d’une mère se fige, se serre et se voit réduit en miettes.
En quelques semaines, la présence de Louise est devenue indispensable.
Il va donc falloir lecteur, partir à la rencontre de Louise. Cette femme irréprochable, cette perle rare dénichée par ce couple qui souhaitait le mieux pour ses enfants, cette mère par procuration, cette désespérée en manque d’amour, cette criminelle drapée de perfection qui porte en elle le germe du pire.
C’est le genre d’homme qu’elle mérite. Celui dont personne ne veut mais que Louise, prend, elle, comme les vieux vêtements, les magazines déjà lus auxquels manquent des pages et même des gaufres entamées par les enfants.
Chercher à comprendre? Inutile. Trouver des excuses? Vaine tentative. Vous tournerez ces pages comme on pousse une porte. Vous regarderez passifs, les éclats de rire, les complicités naissantes, les liens qui se tissent, les fragilités qu’on peine à masquer. Vous saisirez les troubles, les crispations, vous tenterez d’entrevoir l’instant où tout bascule.
Les silences et les malentendus ont tout infecté.
Partir un matin, retrouver le chemin du travail avec, dans mon sac, un roman de la rentrée littéraire devenu Prix Goncourt… Leïla Slimani obtient le prestigieux titre avec ce deuxième roman et signe de sa plume sèche et ciselée la partition d’une chanson qui n’a de doux que le nom. Chaque mot est une note qui chemine vers l’inconsolable douleur, l’impossible guérison.
Nous ne serons heureux, se dit-elle alors, que lorsque nous n’aurons plus besoin les uns des autres.
Ce roman fraîchement primé n’est à mon sens pas le récit d’un crime odieux. Il est avant tout et surtout une réflexion quasi sociologique sur les hiérarchies sociales, la maternité, le couple et son équilibre précaire. Il dit derrière l’horreur, les bouleversements de la vie de Myriam, femme et mère, qui peine parfois à trouver sa juste place au sein du cocon familial et qui se repose aveuglément sur cette Louise qui arrive dans leur vie comme un miracle.
Rien d’impérissable dans cette lecture pourtant prenante et saisissante qui se savoure sans déplaisir. Certaines réflexions ont le mérite d’être percutantes et ont su parler à la demoiselle entourée de jeunes mères que je suis… Enfin, si stylistiquement ce roman ne répond pas vraiment à l’image que je me fais d’un Goncourt, je ne regrette pas d’avoir découvert la plume de la lumineuse et solaire Leïla Slimani qui a le mérite de savoir captiver son lecteur et que je suivrai au-delà de sa surmédiatisation du moment.
Quelque chose était mort et ce n’était pas seulement la jeunesse ou l’insouciance. Il n’était plus inutile. On avait besoin de lui et il allait devoir vivre avec ça. En devenant père, il a acquis des principes et des certitudes qu’il s’était juré de ne jamais avoir.
Une lecture que je partage avec les délicieuses Leiloona & Noukette. ♥
Un roman choisi par le blog Plume de Cajou dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire 2016 de Price Minister.
Chanson douce – Leïla Slimani
Gallimard
Prix Goncourt 2016
227 p / 18€
Récemment, à la radio, Gilles Kepel, faisait l’éloge de cette auteure, surtout pour son premier livre. C’est donc plutôt vers celui-ci que je me tournerai. La surmédiatisation d’une chanson douce me fait plutôt fuir pour le moment.
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Hâte de le découvrir!
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Je te rejoins complètement ! Une écriture efficace, sans concession, prenante, mais de là à avoir le Goncourt ? Hum … Disons que l’establishment élisait plutôt des oeuvres plus littéraires que là … (mais suis contente qu’une jeune femme ait eu le Goncourt …)
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Merci pour ce billet ! J’ai vérifié et je n’ai lu que trois livres ayant reçu le prix Goncourt…
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Deux en ce qui me concerne. (Mais je vais vérifier aussi.)
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Un roman prenant comme tu le dis.
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Je l’ai beaucoup aimé, cette façon originale de traiter son sujet =)
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héhé va falloir que je m’y colle, mais je frémis encore un peu !
Bisous demoiselle de mon ❤
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Je suis tout à fait d’accord avec ta critique 🙂
Pour le Goncourt, je pense que les jurés ont voulu donner un nouvel élan à ce prix. La sélection portait déjà des choix assez différents des années précédentes et de l’étiquette que l’on donne à ce prix.
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Avant même la médiatisation j’avais décider de faire l’impasse. J’en suis encore plus convaincu aujourd’hui.
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Tout ce que tu dis, j’ai ressenti la même chose pour son premier roman : on reste scotché, on poursuit ce livre, mais sans vraiment l’aimer (d’amour). L’auteure capte le lecteur, c’est indéniable, elle a l’art d’écrire le mauvais, le pire. Sans l’avoir lu, je suis quand même surprise de ce titre aussi. Peut-être que le jury a voulu honorer le moderne et l’avenir?
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« Rien d’impérissable dans cette lecture pourtant prenante et saisissante qui se savoure sans déplaisir. » : je suis entièrement d’accord.
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Je ne sais pas si je vais avoir le courage de lire ce bouquin… Toutefois, ta chronique donne bien envie de découvrir la plume de Leïla Slimani et d’aller à la rencontre de sa façon de décrire le pire…
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Au moins c’est un titre qui fait parler, c’est certain… Niveau style, je n’ai même pas d’avis, tant il est plat et quasi chirurgical. Et pourtant, j’ai été ferrée… Comme quoi !
Contente d’avoir partagé cette lecture avec vous deux (et l’écriture tardive du billet avec toi ❤ )
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Tu argumentes parfaitement ton propos ! Plus je lis d’avis, moins j’ai envie de le lire…
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C’est pour ça que je lis parfois en diagonale les chroniques des titres que j’ai envie de lire vite… Histoire de me préserver un peu.
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Ma curiosité et ton avis me poussent à le découvrir.
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Il faut toujours assouvir sa curiosité. Enfin, je crois. ^^ Au moins pour se forger son propre avis.
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J’aime ta diplomatie 😉
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Je ne me sens pas spécialement diplomate pourtant. J’ai vraiment aimé certains aspects bien ciblé, d’autres me touchent moins. Je ne vais pas la descendre pour le plaisir ni adoucir mon jugement pour lisser mes propos (qui n’intéressent finalement qu’une toute petite poignée de personne. ^^)
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Je suis pourtant curieuse et j’aime sortir de ma ma zone de confort mais cette auteure ne m’attire pas du tout depuis le début, alors ton billet s’il n’est pas négatif, n’est pas suffisamment enthousiaste pour me faire craquer ! 😉
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Je la découvre avec ce titre en ce qui me concerne… Mon avis mitigé me poussera malgré tout vers la lecture de son premier roman.
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je le lirai mais tu confirmes mon pressentiment : un bon bouquin sans que ce soit un chef d’œuvre.
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Voilà, tu résumes parfaitement les choses. Il se lit vite, captive mais je suis curieuse de voir ce qu’il m’en restera dans 6 mois.
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Tu as tout dit ! J’ai adoré ce livre mais je crois que j’aime tout autant ta chronique qui lui rend totalement justice (du moins qui correspond exactement à ce que j’en ai pensé).
Et comme toi j’aimerais suivre cette auteur sur le long terme, déjà en allant me procurer son premier roman !
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Il est sur une certaine liste pour le gros type rouge et barbu ! 😉
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Je partage complètement ton analyse. En revanche, je me demande de plus en plus pourquoi un Goncourt devrait-il avoir un style plus soutenu/compliqué (je ne sais pas trop quel terme utiliser) qu’un roman lambda.
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En ce qui me concerne, je crois que j’attends d’un Goncourt – en tant que prix qui se voudrait un des plus prestigieux – qu’il propose une histoire portée par un style novateur (pas toujours évident je le concède) ou à défaut de donner dans la nouveauté, j’aime l’idée qu’il ait un relief, une force particulière, une tonalité étonnante. Je crois que la littérature contemporaine s’éloigne un peu de cette idée-là. Il suffit d’en avoir conscience. Après, je suis vraiment loin d’être une fervente partisane des romans qui privilégient le style au contenu mais j’aime l’idée qu’on me surprenne un peu de ce côté-là. Que la littérature gratte ou picote et qu’elle me résiste un peu…
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Une auteure « courageuse » qui dénonce les travers de la « moralité » marocaine sur les femmes. C’est sans doute son « combat » qu’a voulu honorer le Goncourt.Je lirai volontiers cette auteure dont j’ai acheté le premier roman début septembre à Nancy. Une belle rencontre avec elle.
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J’attends encore un peu pour le lire, pas certaine de ne pas être trop troublée par le thème…
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Il fait partie de mes livres à lire. Je l’ai feuilleté et j’aime beaucoup le début, avec la première phrase qui interpelle le lecteur. Je ne me jetterai pas dessus suite à son prix mais j’aimerais le lire un jour ou l’autre.
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Je ne serais pas allée naturellement vers ce roman mais je suis tentée maintenant. « Prenant » et « saisissant » sont des qualités qui habituellement me plaisent 🙂
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On peut le lire, ne pas le lire, et finalement, ça ne change pas grand chose. Tu as raison, ce n’est pas le roman d’un crime affreux.
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Te voilà partagée toi aussi. A vrai dire, je n’ai pas eu la curiosité de lire – jusqu’à Noukette et toi – les chroniques présentant ce roman. Ce que je remarque en revanche, c’est que cette lecture induit des réflexions qui dépassent largement le récit.
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Je vais bientôt le commencer 🙂 je reviendrai lire ton billet après ma lecture du coup 🙂
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Pareil que Tiphanie, je pense l’entamer d’ici quelques jours et reviendrai lire ton post ensuite. Histoire d’être encore un peu « neutre » – si cela est encore possible – vu l’engouement médiatique qui l’entoure depuis l’attribution du Goncourt.
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Je passe mon chemin pour l’instant…
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Bonne route ! 😉
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