Et mon coeur fait boum·Les classiques c'est fantastique·Que jeunesse se fasse...

Docteur Jekyll et Mister Hyde – Maxime Rovere et Sébastien Mourrain. (D’après Stevenson)

La science a toujours eu quelque chose de mystérieux pour moi. A la fois fascinée par ses mystères, à la fois désarçonnée face à des cours qui m’ont toujours dépassée malgré moi, j’ai pourtant toujours eu beaucoup de respect – pour ne pas dire de fascination – pour ceux qui la transmettent avec simplicité et clarté. Dans le roman de Stevenson, la science dans ses excès et ses dérives s’invite dans l’art qui m’est le plus cher, merveilleusement incarnée par le personnage du Docteur Jekyll.

Comment un véritable suppôt du diable peut-il fréquenter un parfait gentleman ?

Notable anglais particulièrement apprécié à Londres, Henry Jekyll se rapproche d’un personnage peu recommandable – un certain Hyde –  qui n’attire pas la sympathie de son homme de confiance M. Utterson, notaire de son état. D’abord courtois et avenant, le voilà qui devient de plus en plus taciturne et ce changement soudain préoccupe ses proches. Au même moment, plusieurs agressions font surgir bien des inquiétudes et certaines rues de Londres deviennent des lieux infréquentables où le danger n’épargne personne : vieil homme, enfant, nul n’est à l’abri d’une mauvaise rencontre. Jekyll se fait de plus en plus rare et ses absences éveillent l’attention d’Utterson, convaincu que quelque événement étrange est venu troubler son cher ami. Une enquête commence qui le mènera à découvrir l’impensable, se voyant confronté à un mystère qui dépasse l’entendement.

Proposer d’adapter un classique étranger en album nécessite de savoir transmettre l’essence même d’une œuvre en respectant le texte originel et en sachant trouver les mots justes, sélectionner les grandes lignes tout en restant fidèle à l’esprit du roman. Maxime Rovere a maintenu le choix d’une langue exigeante et belle, soutenue sans être trop hermétique, offrant un texte riche bien qu’épuré sans jamais lui ôter sa beauté et sa force. L’album conviendra aisément aux adolescents qui souhaiteraient découvrir ce texte qui allie étrangeté et sciences et qui reprend ici un des titres phares de la littérature anglophone.

Tout indiquait que la partie la meilleure et la plus authentique de mon être m’échappait progressivement, et que la seconde, la pire, m’incorporait peu à peu. Il fallait désormais choisir. Mais si Jekyll avait pour Hyde l’attention d’un père, Hyde n’avait pour Jekyll que l’ingratitude d’un fils.

En miroir, le travail toujours magnifique et hypnotique de Sébastien Mourrain dont le trait s’impose comme une évidence face à un tel récit. J’ai découvert l’artiste avec l’album Bigoudi, œuvre plus légère – mais pas moins belle – et j’aime résolument sa manière de dépeindre ces villes fascinantes dans toute leur beauté. New York, le vieux Londres: rien ne résiste à l’œil créatif de Mourrain et son crayon talentueux donne un charme fou aux rues et aux façades de ces villes étonnantes. Londres, ici saisie par bribes y est sombre et belle, inquiétante et secrète et ses rues pavées comme ses maisons aux intérieurs cosy montrent combien cette ville possède comme ses héros, plusieurs visages.

Quant aux personnages, ils sont croqués dans toutes leurs ambiguïtés et dualités et s’entourent d’ombres terribles, parfait reflet de leurs esprits tourmentés. Ils flirtent avec la folie et jouent avec les limites du « scientifiquement acceptable ».  Enfin, en poussant certaines portes, en tournant certaines pages, l’émerveillement et le souci du détail sont au rendez-vous. Cabinet de curiosité hébergeant crâne, livres et flacons, atelier scientifique fait de petites fioles ou de curieux alambiques: les ingrédients d’une histoire folle sont réunis pour que le plaisir des yeux s’associe au plaisir de lecture.

Ce livre – vous l’aurez compris – est une vraie réussite et plonge le lecteur dans ces histoires angoissantes et oppressantes dont seuls les anglais ont le secret. L’imaginaire proposé par Mourrain, alliant élégance et classe folles, épouse à merveille ce diabolique récit noir et l’on se prend à réaffirmer que certains albums savent incontestablement s’approprier avec un talent fou les grands classiques en leur offrant une nouvelle jeunesse. Gros coup de cœur pour ce cadeau offert par Ma Petite! ♥

La chronique de ma douce Framboise chez Mo et celle de Clarabel.

Une lecture qui signe ma 9e participation au Challenge des classiques chez Professeur Platypus.

Le site de Sébastien Mourrain.

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Dans ma sélection de livres à lire pour avoir peur.

Docteur Jekyll et Mister Hyde 

Traduit et adapté par Maxime Rovere

Illustré par Sébastien Mourrain.

D’après Robert Louis Stevenson

16.90€ – 58 pages

ISBN : 978 2  7459 6548 6

Milan – 2015

15e/20 Hérisson
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28 réflexions au sujet de « Docteur Jekyll et Mister Hyde – Maxime Rovere et Sébastien Mourrain. (D’après Stevenson) »

  1. J’ai toujours eu un peu peur à la lecture de ce livre . Je ne sais pas si j’aurais envie de le lire en album, les dessins me semblent excellents et trop bien souligner ce qui me faisait peur.

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    1. Je trouve que le trait de Mourrain était parfait pour cette histoire. Les visages sont angoissants et les jeux de couleurs (du noir au gris, quelques touches de blanc, le tout rehaussé par un jaune troublant) sont justement dosés. Une pépite !

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  2. J’avais bien aimé le roman, mais sans plus puisque je n’avais pas tellement de surprise comme l’histoire de ce classique est connu et reconnu. Du coup, je connaissais le récit sans l’avoir lu, alors forcément qu’à la lecture, c’était pas le plus génial. Mais cette adaptation illustrée m’aurait bien convenue je pense, comme il y aurait eu la surprise des dessins. De plus, les traits sont bien propres à l’univers, j’ai bien envie de découvrir cette version !

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