Si l’on souhaite se convaincre de l’absence révoltante de Dieu, c’est dans les yeux effrayés d’un père qu’il faudrait glaner des arguments.
Dans les yeux de son fils, il est un homme admiré, parfois craint, parfois incompris. Dans le regard de l’enfant, il est un homme distant, maladroit, séducteur devant l’Éternel. Dans le regard de l’adulte, il est un homme qu’on accompagne jusqu’à son dernier souffle. Quoi de plus complexe que de faire face au jour tant redouté de la mort d’un parent?
Il existe de nombreuses manières d’apprendre à faire son deuil. Certains pleurent, jusqu’à épuisement des larmes, d’autres vomissent leur tristesse quand certains la digèrent en silence. Certains consultent un psy, d’autres se confient à leurs proches, se soutiennent. Joann Sfar aurait pu dessiner, mais c’est un livre qui va naître de ce cheminement vers l’adieu.
Ce jour-là, il m’a donné la parole, j’ai cessé d’être un chat domestique, j’ai su où j’étais. Et le visage de mon grand-père à cet instant-là, je m’en souviens pour toujours. On l’aime un siècle après sa mort, l’homme qui vous dit vrai. Et celui qui par amour vous cache un morceau du monde, je veux dire papa, on l’aime tout autant, mais on met quarante ans à comprendre combien il avait peur, et combien c’est lui qui redoutait les mots.
J’avoue qu’entre Sfar et moi, les choses ont assez mal commencé. Ma dernière déconvenue remonte à son album Tu n’as rien à craindre de moi qui m’a bercée d’ennui non sans un certain agacement. A cette époque, Comment tu parles de ton père m’attendait déjà et je refusais pertinemment d’en rester là avec l’auteur du Chat du rabbin. Lors de récentes interviews pour assurer la promotion de son livre -notamment suite à son passage dans La Grande Librairie – j’ai souvent apprécié le ton et le discours de Joann Sfar et me voyais d’autant plus désolée de ne pas adhérer à son travail.
C’est toi que j’aurais dû prendre dans mes bras, cher papa. J’avais les bras trop petits.
Assurément, ce livre à la fois très intimiste et universel ne peut laisser totalement indifférent. Les pages de Sfar racontent ses absents (et inévitablement les nôtres), et disent beaucoup l’amour, entre crainte et admiration, que ce fils porte à cet homme parfois loin de l’image du père idéal. Toutefois, sans me l’expliquer réellement, j’ai le sentiment – pour ne pas dire la certitude – que ce livre m’échappera vite. Durant ce récit qui manque d’unité, qui s’éparpille et nous égare sous une plume diffuse, Sfar m’a finalement vite lassée au fil de ses histoires familiales qui ressemblent plus à un petit carnet d’anecdotes qui oscillent entre pointes humoristiques et amère tristesse… Certes, la figure paternelle occupe une place importante mais elle semble prétexte à recentrer le récit sur sa propre personne – qui semble essentiellement se limiter à son sexe et son nombril – en insufflant dans ses réflexions omniprésentes sur la religion la légèreté qui sait aussi ponctuer des passages plus pesants au cœur même de ce récit autobiographique.
Rien n’y fait, je crois que plus je lis Sfar, plus j’en viens à la conclusion que je préfère mille fois l’écouter, le trouvant souvent plus passionnant à la radio que derrière une plume qui, malgré quelques très belles phrases, ne parvient pas à trouver grâce à mes yeux. Ma curiosité a toutefois été assouvie et cette lecture aura au moins le mérite de me conforter dans l’idée que ses pages ne sont vraisemblablement pas faites pour moi…
Comment tu parles de ton père – Joann Sfar
152 pages / 15 €
ISBN:978-2-226-32977-6
Rentrée littéraire 2016
Août 2016
Moi g bcp aimé ! Mais entre Sfar et moi héhéhé ça se passe bcp mieux (enfin surtout pour moi :-p ) …. Il y a encore des tas de merveilles de Sfar à découvrir, surtout, surtout, il faut lire le Chat, si !
Bisous copine ❤
J’aimeAimé par 1 personne
Je te sais un peu amoureuse de l’œuvre du monsieur. Ce n’est pas faute d’essayer, ça ne passe passe pas.
Le Chat est sur ma PAL. On me l’a prêté. Je fais une petite pause et je ferai une ultime tentative…
J’aimeJ’aime
Quand un écrivain est meilleur à l’oral, c’est souvent que ce n’est pas un grand écrivain… Tes articles commençaient à me manquer…
J’aimeAimé par 1 personne
Tu résumes terriblement bien les choses. (Et pour les articles qui te manquaient, imagine mon supplice lors de ta trêve estivale.) Nous revoilà. C’est ce qui compte.
J’aimeAimé par 1 personne
Je plussoie !!
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai cru comprendre ^^.
J’aimeJ’aime
J’aime beaucoup Joann Sfar mais je n’ai pas accroché à ce livre – je comprends pourquoi il l’a écrit, et les thèmes qu’il traite m’intéressent, mais ce côté anecdotique, ces redondances, et surtout cet humour forcé souvent à la limite du vulgaire ont fini par me lasser
J’aimeAimé par 1 personne
Tu mets en effet en avant les écueils de ce livre… C’est dommage que l’hommage pour son père, qui aurait pu être très beau, n’ait pas la force espérée, ou ne retentisse pas plus fort en nous.
J’aimeJ’aime
Au moins tu aura testé deux oeuvres différente de sa biblio, beaucoup s’arrête à un premier avis, tu a persévéré et découvert que ce n’était pas pour toi, c’est cela aussi la littérature.
J’aimeAimé par 1 personne
Je lui donnerai même une troisième chance avec Le Chat du Rabbin…
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai totalement adhéré mais après, il arrive qu’on reste hermétique à l’oeuvre d’un auteur !
J’aimeAimé par 1 personne
C’est mon cas pour l’instant.
J’aimeJ’aime
J’ai du mal aussi avec cet auteur mais je ne le connais pas suffisamment pour avoir un point de vue argumenté.
J’aimeAimé par 1 personne
Il y a tant de plumes plus belles à découvrir…
J’aimeJ’aime
J’avais lu deux-trois avis mitigés sur ce livre. Je préfère donc m’en tenir à son travail d’auteur de BD.
J’aimeAimé par 1 personne
Même en BD il peine à me convaincre.
J’aimeJ’aime
Jamais lu… Parfois, on persévère et on finit par tomber sur un récit qui nous touche d’un auteur. Bonne chance si tu continues de le lire!
J’aimeAimé par 1 personne
Merci pour ton soutien ^^
J’aimeAimé par 1 personne
Dans les lectures a venir … Je verrai bien.
J’aimeAimé par 1 personne
Hâte d’avoir ton avis sur cette oeuvre.
J’aimeJ’aime
Je l’avais mis dans ma wishlist Albin Michel de la rentrée littéraire (oui oui, j’ai une wishlist Albin Michel, faut dire que presque toutes leurs parutions de la rentrée littéraire me donnaient envie donc le choix a été difficile), mais au moins grâce à toi je ne regrette pas d’avoir choisi deux autres livres à la place de celui-là !
Et c’est quoi cette histoire de challenge ? Dis-moi tout !
J’aimeAimé par 1 personne
Le challenge de rentrée littéraire?
Tout est expliqué ici !
http://delivrer-des-livres.fr/challenge-1-rentree-litteraire-2016/
J’aimeJ’aime
Merciiii !
J’aimeAimé par 1 personne
Perso je reste persuadé que sous un autre nom ce roman n’aurait jamais trouvé d’éditeur. Évidemment je ne l’ai pas lu, évidemment je ne le lirai pas mais c’est mon quart d’heure langue de pute. Enjoy 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Je pense que tu as toutafé raison. ^^
(Et j’aime ton côté langue de pute !)
J’aimeJ’aime
Je me situe entre Françoise et toi: j’ai adoré l’humour et la tendresse mais pas du tout aimé l’aigreur et les règlements de compte de la fin.
J’aimeJ’aime
Je n’avais pas l’intention de le lire, ça tombe plutôt bien 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Grand bien t’en fasse ! 😉
J’aimeJ’aime
J’aime le Chat, mais là …je n’ai même pas fait de billet…
J’aimeAimé par 1 personne
Miss Framboise m’a déjà parlé de ce bouquin. Mais je ne sais pas, je suis dubitative et finalement pas si curieuse que voir par moi-même comment il est fait. Ton avis comporte quelques une des appréhensions que je pouvais avoir et notamment d’un récit qui se perd… Je ne suis pas certaine de le lire
J’aimeAimé par 1 personne
Ah, dommage… Je n’ai jamais testé sa plume, mais ses romans ne m’ont jamais attirée plus que ça.
J’aimeJ’aime
Si je l’ai moi aussi trouvé quelque peu fouillis, en poursuivant ma lecture j’ai néanmoins trouvé que cela prenait tout son sens car il ajoutait à la force de ce côté « personnel »; comme lorsqu’on griffonne nos pensées sur un petit carnet.
J’aimeAimé par 1 personne
Je ne rejette pas les épanchements personnels dans la mesure où ils me parlent. Je crois que là, peu de choses sont venues titiller ma sensibilité. C’est dommage. Ravie toutefois qu’il trouve son public…
J’aimeJ’aime
Je n’ai jamais lu Sfar… Son travail – prolifique le bonhomme d’ailleurs, trop… – ne m’attire pas.
J’aimeJ’aime
Tu peux totalement t’en passer.
J’aimeAimé par 1 personne