C’est sans ironie, cynisme ou pessimisme, que j’écris que je mourrai bientôt: je sais à quelle vitesse les aubes se multiplient.
Il y a la forge. La force. Le coup porté, juste et précis sur l’œuvre qu’on façonne avec rigueur et ferveur. Celui qui relate cette histoire est le fils d’un homme qui joue avec le feu. L’autre feu. Celui qui brûle la gorge et la trachée pour éviter de songer au pire, à la douleur qui brise, aux nouvelles qui abattent sans jamais donner l’occasion de vraiment pouvoir se remettre sur pied.
Dans une famille marquée par le deuil et la perte d’un enfant, divers portraits se dressent sous la plume incandescente de Guy Boley. Il y raconte l’enfance, le petit frère trop tôt arraché. Il y raconte la mère, fragile, qui se replie sur elle-même et se recroqueville dans une folie douce pour mieux nier sa douleur. Il y raconte le père naufragé, accroché à sa bouteille toujours trop vide, passeport douloureux pour l’oubli. Au milieu de ce chaos, un petit garçon qui grandit, se cherche et tente en vain de trouver la place qui lui est due. Celle qui semble toute petite face au trou béant laissé par l’absent.
Il y avait bien longtemps que la gloire et la joie nous avaient désertés, et les bouteilles, comme les morts en leur tombe, dans le creux d’un placard ne savaient plus que gésir.
Lorsque j’ai commencé à lire ce livre dont j’avais entendu beaucoup de bien, j’ai cru un instant que je finirais par le reposer sans qu’il me marque, sans qu’il me laisse un souvenir impérissable. La plume est belle certes, mais me donnait peut-être cette première impression de vouloir trop en faire. Il m’aura donc fallu un peu de temps pour me laisser saisir par cette langue et cette syntaxe tantôt agaçantes, tantôt séduisantes. Puis au fil des pages, le récit perd de sa beauté froide pour devenir touchant, troublant. Si la figure paternelle inonde le livre de son aura alcoolisée et brisée, j’avoue que c’est la relation entre la mère et le fils qui m’a le plus touchée. D’abord décontenancés par la folie qui s’empare de cette femme en perdition, nous devenons les témoins d’un jeu qui s’instaure entre eux et qui m’a rappelé le sublime Lydie de Zidrou et Lafebre. Deux fragilités au diapason qui m’ont remise sur la voie de pages qui avaient d’abord voulu me perdre. Une belle lecture, malgré quelques bémols.
Sur les étagères, épars, mes livres d’alors, ceux-là mêmes que je lisais avec frénésie et dont on m’accusait de les préférer aux êtres humains. Ce qui n’était pas faux. Je lisais comme certains boulimiques se gavent de nourriture, et quand mon petit frère est mort, j’ai lu d’avantage, à outrance, de façon névrotique, je me suis enfermé à l’intérieur des pages comme derrière des barreaux.
Les chroniques de L’ombre du noyer – Mon petit carré jaune – Albertine – Joëlle – Eimelle.
Fils du feu – Guy Boley
Août 2016
Rentrée littéraire 2016
160 pages / 16€50
ISBN: 9782246862116
Très beau retour Moka…
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Merci Goran! (Tu entretiens mon côté narcissique en cours de rédaction.) 😀
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haha 🙂
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Je vais le recevoir par Babelio et je m’en réjouis.
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Bon la référence à Lydie d’un coup là me laisse toutafé curieuse ! Et suscite grande envie malgré les bémols !
Des ptits bisous doux ❤
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Je pense que les bémols méritent d’être dépassés !
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Jolie chronique Moka… Je note. Passe un bon week end…
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Merci. Passe un bon week-end également. Bises
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Très jolie chronique ❤
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Merci Albertine !
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Un livre qui aborde un thème difficile… Merci pour cette belle présentation de ce bouquin qui m’apparaît de feu et de glace…
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Il y a de ça en effet.
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Ah tiens, tu es un peu mitigée… Bon, il est sur ma liseuse. Y’a plus ka.
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Oui. Au début, je ne parvenais pas à entrer dans l’histoire. J’étais presque agacée par sa plume. Et puis quelques scènes très belles, quelques passages au style plus fluide. Et l’intérêt est revenu. ^^
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Je le lirai sans doute puisqu’il fait partie des 68 premiers fois mais je ne suis pas plus enthousiaste que cela.
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Il ne faisait pas spécialement partie de ceux que j’attendais avec impatience. ^^
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Le premier extrait est scotchant : je le trouve parfait. Je ne suis pas sûre de le lire toutefois (le thème, je suppose, ne me tente guère)
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Il y a des passages très forts dans ce texte. Mais j’avoue que le plaisir de lecture n’a pas été immédiat.
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Un 68 qui m’intrigue beaucoup…!
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Tu es sur sa route avec les 68 !
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J’ai failli l’acheter (d’occasion) dimanche dernier, tu me le fais regretter.
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Tu auras bien l’occasion de (re)croiser sa route.
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J’ai totalement craqué pour ce livre ! J’ai eu peur en lisant ta chronique, mais ouf, ce ne sont que des bémols 😉
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Je n’ai parfois pas suffisamment de patience pour accepter qu’un livre m’agace… En même temps, celui-ci ne fait que 160 pages donc c’est peut-être plus facile de se forcer à tenir bon.
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Je peux être plus expéditive parfois. Mais il y avait quelque chose qui me maintenait en équilibre précaire face à ce texte. Et je suis ravie d’avoir tenu bon.
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Lecture à venir, je te dirai. Même pas peur de tes bémols :p
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J’ai hâte de lire ce que tu vas en penser… ^^
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J’ai été touché aussi par cette femme perdue, qui imagine une suite à la vie trop vite interrompue de son fils… Mais je dois reconnaître qu’à part ça il ne me reste déjà plus grand chose de ce livre lu en août. Cela garde un goût d’inabouti, pour moi. Mais l’auteur sera sans doute à suivre.
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Il est possible, d’ici quelques mois qu’il ne me reste que ce (beau) portrait de femme…
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J’hésite à le lire. Je n’en fais pas encore une priorité.
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J’en entends beaucoup de bien. Et si tu le compares à Lydie!
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La mère a beaucoup d’elle. Dans son entêtement à refuser de voir le pire.
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Il n’est pas encore passé entre mes mains mais il fait parti de ceux dont la lecture me tente beaucoup. Ta référence à Lydie m’intrigue beaucoup car c’est une BD qui m’a beaucoup touchée.
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Quel portrait d’une mère, c’est fou … et ce petit qui grandit malgré tout, oui, touchée ! 🙂
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