Ils sont là, réunis, sur le qui-vive. Unis dans l’ombre des ruelles, dans le silence des regards, dans les attentes qui précèdent l’inéluctable. La stratégie d’attaque a été finement étudiée, tout le monde connaît la place qu’il lui revient et chacun s’apprête à jouer le rôle qu’on lui a confié.
VOINOV: On risque sa vie, bien sûr, mais à tâtons, sans rien voir.
Un peu plus loin, sur la route le menant au théâtre, le Grand Duc Serge songe-t-il qu’une épée de Damoclès est suspendue aux battements de cœur qui gagnent en intensité de quelques hommes et femmes qui ont décidé de lui ôter la vie? L’attentat se prépare. Les souffles semblent suspendus au temps…
KALIAYEV: Mourir pour l’idée, c’est la seule façon d’être à la hauteur de l’idée. C’est la justification.
Ces Justes sont n’ont qu’un seul but. Celui de mener à son terme un combat contre la tyrannie qui les oppresse et qui condamne un peuple à la terreur. Au nom d’idéaux politiques, de convictions fortes teintées de socialisme révolutionnaire, Annenkof, Stepan, Yanek, Dora, Kaliayev, Voinov allient leur soif de liberté et affirment qu’ils sont désormais prêts à la défendre au péril de leur vie.
Face à un tel projet, dignité, certitudes et ferveur se doivent d’être au rendez-vous. Mais comment ne pas laisser le doute vous gagner quand vous vous apprêtez à ôter la vie d’un homme? Peut-on accepter que les mains tremblent parfois, que les esprits se drapent d’incertitude? Les positions de chacun se révèlent et les radicalismes se dessinent. Ajoutons à cela que des enjeux moraux s’invitent dans les tergiversations de ces hommes qui derrière leurs crimes voient avant tout l’espoir de leur salut et de leur libération.
VOINOV: Je ne crains rien. Je ne m’habitue pas à mentir, voilà tout.
STEPAN: Tout le monde ment. Bien mentir, voilà ce qu’il faut.
Le texte de Camus possède l’âme, la force et la beauté de ces classiques qui marquent les lecteurs. Aujourd’hui, le terrorisme a pris un autre visage et s’est invité dans le quotidien qui est le nôtre. Ici, les enjeux sont plus politiques que religieux puisqu’il est question de sortir le peuple russe des griffes d’un pouvoir qui terrifie les hommes. L’enjeu paraît dès lors curieusement plus noble, plus beau, moins fou bien que le crime s’invite aussi dans cette lutte de pouvoirs et témoigne de toute l’ambiguïté morale de l’œuvre.
KALIAYEV, avec désespoir – Il y a quelque chose de plus abject encore que d’être un criminel, c’est de forcer au crime celui qui n’est pas fait pour lui. Regardez-moi. Je vous jure que je n’étais pas fait pour tuer.
Cette pièce soulève bien des questionnements autour de thèmes inépuisables en littérature. La question du devoir, de l’engagement (si chère à Camus), de la confiance en l’homme, de sa capacité à tuer, de la résignation, des limites d’une morale qu’il est en mesure ou non de dépasser, et de l’amour qui s’immisce dans des décisions qui en appellent autant aux pulsions qu’à la rationalité la plus froide qui soit.
A nous de trouver notre voie au cœur d’un échange passionné entre des héros tous portés par la même innocence perdue. En chacun d’eux sommeille une envie profonde de changement qui passe par cette Organisation qui les lie, les maintient debout, non sans divulguer certaines failles qui viennent secouer leurs esprits révoltés.
Une lecture qui signe ma 7e participation au Challenge des classiques chez Professeur Platypus.
Les Justes – Albert Camus
5€40 / 160 pages
ISBN:978-2070364770

Ah, Albert Camus, j’adore, c’est l’un de mes écrivains préférés…
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Je l’ai plus lu que Sartre et j’ai très envie de replonger dans son oeuvre.
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J’ai l’intégral de Camus dans la Pléiade, j’ai toute son oeuvre… Sartre tout ses romans, j’ai adoré « La nausée »…
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Tu as donc une avance impossible à rattraper pour moi ! Je t’envie un peu tout en sachant que de belles lectures m’attendent encore.
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De très belles lectures t’attendent…
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Je te crois sur parole !
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Au fait, Alexia m’a écrit… 😉
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Ah super ! C’était justement l’objet de mon PS dans le mail que je viens de t’envoyer. ^^
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Sinon, j’espère que tu participeras à mon tag… 🙂
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Je le lisais justement. Pourquoi pas? 😉
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Une valeur sûre. Belle journée…
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Oui, sans aucun doute. Bonne journée à toi aussi !
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Un livre à relire aujourd’hui , je pense qu’il doit être délicat à expliquer aux élèves de notre époque marqués par le terrorisme.
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Absolument. Mais c’est un beau défi que de lancer un débat à ce sujet.
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Pas lu depuis pfiouuuuuuuuuu 20 ans, c’est trop ! Enfin, relu l’Etranger l’année dernière mais sinon, rien, quelle tristesse ! Tu me donnes drôlement envie, d’autant que les Justes ne m’a laissé aucun souvenir, si c’est pas malheureux ! Bref, il faut 😉
Bisous copine ❤
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Je relirais volontiers l’Etranger…
Et je compte bien me replonger dans la biblio de notre cher Albert. ^^
Bisous ma Framboise. ❤
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Excellent ressenti et tu sais nous plonger dans le suspens de cette pièce très « philosophique » et qui devrait être lu aujourd’hui dans toutes les écoles.
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J’aime l’idée de ne pas tout dire sous prétexte qu’il s’agisse d’un classique que tout le monde doit connaître. Merci pour ton retour Denis.
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Un de mes classiques préférés! Ce texte me parle beaucoup et j’ai toujours autant d’émotions à le relire. Comme dit plus haut, il faut continuer à le faire lire aux « jeunes » et les amener à débattre.
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Oui, il faut qu’il circule chez les plus jeunes et que les plus vieux les relisent.
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Une lecture très politique, finalement.
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Oui, et qui ne néglige pas pour autant la part de sensibilité qu’on ne penserait pas trouver dans une telle oeuvre.
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Camus, un grand humaniste à lire ou à relire!
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Il me reste encore quelques titres à découvrir et j’aime beaucoup cette idée.
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Bonne découverte alors! 🙂
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Merci Madame lit ! 😉
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Un texte que j’ai toujours voulu lire
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Mais qu’attends-tu??? ^^
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J’ai eu la chance de l’étudier à la fac avec une des plus des grandes spécialistes d’Albert Camus, c’est un de mes plus beaux souvenirs d’étudiant en lettres.
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Tu ne fais jamais les choses à moitié toi. La classe.
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J’ai du mal avec Camus. J’ai essayé de lire L’Etranger et il m’est tombé des mains. Mais je suis passionnée par la Russie et son histoire, alors je lui laisserai une deuxième chance avec Les Justes. Ta chronique est très agréable à lire et donne envie de découvrir cette pièce 🙂
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je me souviens avoir adoré cette lecture… c’était il y a fort longtemps!!
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Tu me donnes bien envie de le relire, j’avais beaucoup aimé le travailler avec mes 1ères.
(PS : Grâce à toi, je vais recevoir un livre pour la Rentrée Littéraire, merci !!! ).
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Ah c’est génial ! Quel sera l’heureux élu ?
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« Je m’appelle Léon » de Kit de Waal, j’ai super hâte de le lire !
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J’imagine ! Belle lecture à toi Dame Sofia ! ❤
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Camus… ❤ J'aime le voir au milieu de tes livres…
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J’aime beaucoup la plume d’Albert Camus ! J’ai eu un gros coup de cœur pour L’Etranger 🙂
Il faudrait que je découvre ce roman, de ce fait !
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Ce livre est une pièce de théâtre, mais il se lit avec la fluidité d’un roman.
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