D’immenses immeubles à la verticale. Et à l’horizontale, la rue qui ne se traverse pas.
Elle habitait au cœur de la rue qui ne se traverse pas, fenêtre sur rue. Lui vivait juste en face, fenêtre sur elle.
Dans sa robe bleue au nœud blanc, elle a quelque chose d’une Alice moderne aux cheveux bruns. Elle s’amuse avec les oiseaux qui tourbillonnent près de sa fenêtre gonflés d’orgueil car ils savent qu’elle les admire. Contre quelques graines quotidiennes, ils lui offrent un ballet aérien hypnotique.
De l’autre côté de la rue, il regarde celle qui aime tant ces volatiles acrobates. Lui, c’est elle qu’il admire. Leur fenêtre devient lieu de rendez-vous et un fil aussi solide qu’invisible vient lier ces deux êtres.
Ils s’aiment comme on aime quelqu’un à qui l’on ne ressemble pas, quelqu’un que l’on ne connaît pas. Ils s’aimaient comme on s’aime quand un gouffre vous sépare.
N’y allons pas par quatre chemins, cet album est une merveille, fort de sa dimension théâtrale où la rue jouerait le rôle d’une scène presque vide, n’autorisant que le passage léger des oiseaux. L’histoire, la vraie, se déroule quant à elle côté cour ou côté jardin, dans ces appartements qui font office de coulisses. Les fenêtres ont indéniablement quelque chose des balcons des amants qui ont marqué la littérature mais sans jamais y voir déclamer les grandes tirades amoureuses. Des Roméo et Juliette de silence, une Roxanne et un Cyrano taiseux. L’une se pare de plume, l’autre d’un cocon végétal. Nul besoin de dire ce qui crève les yeux. Le silence est plus beau.
Est-il possible de s’aimer pour l’éclat d’un regard?
Après le magnifique La Mer et lui, Meunier et Lejonc récidivent pour offrir à leurs lecteurs un de ces albums qui trouve chez les adultes des résonances poétiques étourdissantes. Entre art de la chute et doux récit, ce duo cultive brillamment le mystère de ces histoires où tout ne s’explique pas, où la grâce se suggère à travers les mots et éclot à travers de sublimes illustrations au format vertigineux. On se prend au jeu dès les premières pages, et on referme le livre en se disant que c’est éternellement trop tôt, déjà prêt à relire ces pages d’une beauté sans cesse appréciée.
Un cadeau précieux de mon tout aussi précieux Y.
La Rue qui ne se traverse pas – Henri Meunier & Régis Lejonc
Mai 2015
26 pages / 19€
ISBN: 978-2-940408-14-6

Il semble magnifique !
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Il l’est. Déjà lu une bonne dizaine de fois.
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La vue du ciel est splendide… Et pour répondre à ta question je dirais non…
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C’est plus une citation qu’une question à vrai dire. ^^
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🙂
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punaise, comment résistez à cet album et cette poésie ❤ je note divine tentatrice !
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C’est simple, il ne faut pas résister à un titre pareil.
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oui chef 😉
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Rien que le titre m’émerveille et si j’ai du mal à concevoir une rue qui ne se traverserait pas, cela ravit mon imaginaire, je note (et c’est rare pour les BD et albums)…
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Ah cela me fait très plaisir ce que tu dis là.
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Les images sont magnifiques et l’histoire me semble très poétique, je note =)
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C’est un bijou qu’on relit avec le même plaisir.
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Ah là là tu me donnes envie !
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Je note, tout simplement, c’est superbe…
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Oh le bijou ❤
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