Au TOP !·L'Art du Roman

Confiteor – Jaume Cabré

Si ce que tu veux c’est passer ta vie à lire, ça vous regarde, toi et tes livres.

Résumer Confiteor serait vain. Il y aurait dans cette démarche le risque de dévoiler ces infimes détails ou ces instants qui en disent déjà trop et qui gagnent à être découverts au fil des pages.

Se lancer dans Confiteor n’a rien d’une lecture anodine. Les presque 800 pages ne se promènent pas aisément dans un tote-bag et ce titre complexe ne se lit clairement pas comme un roman de plage. Question de forme comme de fond, il faut être dans de bonnes conditions pour se frotter à une œuvre comme celle-ci car sa complexité demande une concentration de tous les instants.

Comme pour une symphonie savamment orchestrée, Jaume Cabré livre sous sa plume un immense roman qui impose le respect et fascine par sa construction. Le lecteur vient saisir les souvenirs du jeune Adria qui sème au gré de sa mémoire les événements qui ont marqué l’histoire de sa famille. Un violon auquel on tient comme à la prunelle de ses yeux, de l’amour: le vrai, des remords qui rongent, une volonté viscérale d’écrire, une amitié sincère et forte, du sang, des mensonges, le goût amer des non-dits, des adieux qui dévastent à jamais, du désamour et des promesses bafouées. L’Histoire s’invite dans l’œuvre cathédrale et joue aussi avec ces personnages fragiles, ces êtres manipulateurs, ces incapables d’aimer.

Le grain de sable, c’est d’abord une poussière dans l’œil ; ensuite, cela devient un agacement dans les doigts, une brûlure à l’estomac, une petite protubérance dans la poche et, si le mauvais sort s’en mêle, cela finit par devenir une lourde pierre sur la conscience. Tout commence comme ça, ma chère Sara, la vie comme les récits, par un grain de sable inoffensif, qui passe inaperçu…

J’ai refermé Confiteor absolument subjuguée par la prouesse que représente l’écriture (et la traduction) d’une œuvre de cette envergure. J’ai aimé m’y perdre, me confronter aux pages, me noyer dans les digressions et m’ensevelir dans ces histoires contées. J’ai aimé me sentir parfois toute petite face à un tel monument littéraire et j’ai aussi apprécié d’y trouver finalement mes marques et une certaine aisance de lecture au fil des pages, moi qui étais prête à reposer le livre à la fin du premier chapitre.

C’est incroyable, comme les choses les plus innocentes peuvent engendrer les tragédies les plus improbables.

Dans ce roman d’une densité prodigieuse qui donne le vertige, se croisent l’Histoire, les arts, les religions, la littérature, la musique, le goût des trésors oubliés. Chaque page explose les codes de la narration en envoyant valser les repères du lecteur dans une polyphonie qui a tout d’une ivresse littéraire grisante. Déstabilisant? Incroyablement. Fascinant? Follement.

Naître dans cette famille fut une erreur impardonnable.

C’est parce que Jérôme en a fait son pavé de l’été, parce qu’il m’attendait depuis longtemps sur ma PAL instable, parce que j’avais très envie de vivre cette lecture à distance avec lui que j’ai fini par me lancer. Sophie a aussi choisi ce titre pour accompagner quelques journées estivales et nous avons donc rendez-vous aujourd’hui pour clore en beauté, cette lecture commune qui symboliquement, laisse en nous un merveilleux souvenir mais pose aussi et inévitablement, le point final de notre été.

Les billets de…

Le genre de roman qu’on croise si peu dans une vie. Noukette.

N’ayons pas peur des mots, ce livre est un chef-d’œuvre. D’une richesse, d’une intelligence rares. Violette.

Un roman époustouflant, passionnant, rare, d’une richesse incroyable qui nous fait toucher du doigt le sublime, l’effroyable, nous submerge d’émotions et de réflexions, et nous donne cette envie de tourner les pages! Une lecture dont je suis ressortie éblouie et qui m’habite encore.  Clara.

Bref c’est pour moi un chef d’œuvre que je classe au niveau de « Cent ans de Solitude » de Gabriel Garcia Marquez. Denis

Confiteor – Jaume Cabré

Traduit du catalan par Edmond Raillard

Actes Sud

26€  / 778 pages

Édition poche disponible pour 12€

Sur mes Brizées

 

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

54 réflexions au sujet de « Confiteor – Jaume Cabré »

  1. Quel billet demoiselle 😉
    Je le savais déjà, il me faut le lire, mais tout comme vous, en ferai une lecture estivale, histoire de prendre le temps de savourer pleinement cette merveille !
    Bisous ❤

    Aimé par 1 personne

  2. Je fais partie de la cohorte des lecteurs de Confiteor pour le pavé de l’été. Quel livre ! Heureux que tu aies également ressenti l’intensité, la force et le style de cet immense roman.

    J’aime

  3. Tu me confirmes qu’il faut se sentir réceptive à ce roman exigeant, donc j’attendrai le bon moment (en espérant qu’il viendra un jour).
    Et sinon j’ai enregistré ta belle participation au challenge Pavé de l’été 🙂 .

    J’aime

    1. Complètement. Il mérite qu’on soit dans de bonnes conditions, dispositions. Histoire de ne pas regretter si ça n’accroche pas entre lui et toi. Et lui donner sa chance, malgré ses débuts hésitants.
      RDV l’été prochain j’espère?

      Aimé par 1 personne

  4. Il y a bien sûr ce roman incroyable mais aussi les conditions de sa lecture. On l’a vraiment lu ensemble et ça lui donne je trouve un petit charme supplémentaire (dont il n’avait absolument pas besoin cela dit).
    Et j’adore vos billet à toutes les deux, ils sont différents et complémentaires.

    J’aime

    1. Oui, une véritable lecture commune. J’attendais chaque jour en souriant le moment où tu postais cette petite photo de ton avancée. Cela m’a motivée pour me lancer et je ne pensais pas une seconde que ce livre serait sur ma PAL estivale.

      J’aime

  5. J’ai lu ce livre il y a un an . C’est effectivement un chef d’œuvre qui reste en mémoire . Il faut bien sur « intégrer  » le style particulier de l’auteur mais après quel bonheur !!!!! A lire absolument. Didier.

    Aimé par 1 personne

  6. J’ai lu tellement de bien de ce roman que j’ai envie de le lire depuis quelques temps mais je n’ose pas car il faut du temps et de la concentration devant soi. Il faudrait que je me le réserve pour un été. Par contre, je pense que l’idéal est de le lire en version électronique, pour résoudre le problème de son volume…et parce que j’aime lire dans mon bain aussi 😉

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire