Eugène Onéguine a l’aura et le panache de ces dandys du XIXe ainsi que leur charme insolent qui parfois décontenance, agace. Il est élégant et discret et s’il plaît aux femmes, sa jeunesse et sa fougue l’ont vite éloigné des conventions sociales et de l’idée qu’il faudrait vite épouser une jolie femme pour asseoir sa situation et vivre en bon terme avec la morale et la société.
Il savait se montrer nouveau, / Troubler en riant l’innocence, / L’effrayer par son désespoir, / L’amuser de ses flatteries, / Saisir l’instant de la douceur, / Emporter au feu de l’esprit, / Les préjugés d’un âge tendre, / Attendre l’erreur d’une Grâce, / Demander, forcer un aveu, / Guetter les premiers mots du cœur,/ Poursuivre l’amour et soudain /Arracher quelque rendez-vous…/ Et pour finir, en tête à tête / Donner des leçons dans le noir.
Lors d’une escapade dans la campagne russe, il se lie d’amitié avec Vladimir Lenski, poète amoureux des mots, et bien que tout les oppose, leur amitié se scelle au rythme des rencontres, au fil des conversations de lettrés et des repas mondains. Il faudra peu de temps pour que ces deux hommes deviennent inséparables. En coulisse, une autre rencontre se joue. A deux pas de là, vit la famille Larine et le jeune Lenski, bien décidé à se marier s’éprend de la belle Olga. Lors d’un dîner, Eugène Onéguine fait connaissance de sa sœur aînée Tatiana qui tombe aussitôt sous le charme de ce mystérieux personnage.
Fidèle à ses principes, cet égoïste romantique un poil désenchanté refuse l’amour naïf et sincère de la jeune Tatiana qui s’est livrée à lui avec la ferveur d’une jeune première. Et pourtant, sa déclaration est loin de le laisser insensible et froid. L’éconduite rongée par la tristesse accepte le choix d’Eugène avec résignation et cela n’empêche pas pour autant ce quatuor de se retrouver pour profiter de la sérénité de la campagne. Mais lors d’un bal, maladresse et incompréhension se mêlent à la fête et viennent bousculer l’équilibre insouciant des jeunes amis. Place au drame…
Il ne tombait plus amoureux. / Un semblant de cour suffisait./ On disait non? Il s’en moquait. /On le trompait? C’était tant mieux./ Beautés poursuivies sans ivresse, / Quittées sans le moindre regret, / Sans rien qu’un vague souvenir.
Je lis peu de littérature russe, bien qu’elle me fascine. Ses chefs-d’œuvre m’appellent régulièrement et il y a deux étés, j’ai croisé la grande Anna Karénine. Si l’Idiot m’attend patiemment, la sortie fin août du roman Songe à la douceur de la talentueuse Clémentine Beauvais est à l’origine de cette lecture puisque la demoiselle proposera un roman en vers librement inspiré de ce classique. J’aimais évidemment l’idée d’avoir lu l’œuvre de Pouchkine au préalable et autant dire qu’Eugène Onéguine est une surprise au cœur de cette période estivale.
Au carrefour des genres, Pouchkine signe là une œuvre qui aura mis plus de dix ans à voir le jour. Sa forme versifiée aura de quoi étonner (voire effrayer) mais il nous faut vraiment peu de temps pour nous laisser porter par le rythme du phrasé d’une grande fluidité. L’histoire se déroule à la manière d’une tragédie en cinq actes – sans toutefois se priver des enjeux du genre romanesque – et la forme versifiée lui confère une certaine légèreté et facilité de lecture. Ce livre est une vraie curiosité dans le paysage littéraire malgré la banalité des thèmes traités (amour, honneur et amitié) et ce fut un vrai plaisir de lecture pour moi qui suis pourtant une grande amoureuse des romans-fleuves du XIXe. Enfin, ces lignes permettent également de laisser une place, au détour de quelques vers, à la voix de Pouchkine qui pose une réflexion sur la littérature et la poésie, ce qui n’est jamais désagréable…
Il ne me reste plus qu’à emporter dans ma valise ce Songe à la douceur qui m’intrigue énormément et que je vais pouvoir lire les pieds dans le sable grâce à Jérôme…
Une lecture qui signe ma 5e participation au Challenge des classiques chez Professeur Platypus. Après quelques mois de silence pour ce défi littéraire (effet post Martin Eden?) je reprends le chemin de ce rendez-vous un peu délaissé je l’avoue…
La chronique…
… enthousiaste d’Une Valise pleine d’histoires. « Comme une douce mélodie, j’ai été conquise par ce poème si singulier, particulier. «
Eugène Onéguine – Pouchkine
Trad. Jean Louis Backès
336 pages / 8€20
ISBN:9782070388981

voilà un auteur dont je me suis fait une idée sans cependant, en avoir lu une oeuvre entière, ce billet me donne envie de confronter ma vision avec a réalité.
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J’aime me replonger dans les classiques ! J’ai découvert cet été avec grand plaisir « Le comte de Monte cristo » et le prochain sera Giono !
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Je n’ai encore jamais lu de littérature classique russe mais je suis pourtant très intriguée =)
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J’aime beaucoup la littérature russe. Anna Karénine fut une révélation pour moi. Eugène Oneguine fait partie des livres que je dois lire. Tu me donnes envie de le découvrir rapidement !
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Je ne laisserais bien tenter par cette forme versifiée !
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J’ai adoré ce chef d’œuvre… D’ailleurs, voici ma chronique…. Je me permets de te la partager… https://madamelit.wordpress.com/2015/09/25/madame-lit-4/ Bonne continuation avec ton défi!
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J’ai adoré « Anna Karénine » 🙂
J’aimerais beaucoup lire Eugène Oneguine 😉
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Je n’ai jamais lu Pouchkine… Il est intrigant ce roman… Je ne sais pas si je le lirai mais je vais moi aussi plonger très bientôt dans Songe à la douceur… 😉
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Je l’avais adoré, alors que la forme me rebutait plutôt a priori. Et pour avoir lu d’autres courts romans de Pouchkine, c’est vraiment un sommet de son oeuvre !
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J’ai adoré Anna Karénine et L’Idiot. Ton billet est très bien écrit et donne envie de se plonger dans cette oeuvre.
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Moi non plus je ne l’ai pas lu, et ton joli billet donne sacrément envie…merci !
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Je ne sais pas si la musique classique t’intéresse mais l’opéra de Tchaikovsky « Eugene Onegin » est superbe, je te mets la valse : https://www.youtube.com/watch?v=Cz7JREul22g
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Je la méconnais à vrai dire mais elle m’intéresse malgré tout. Merci pour le lien que je vais écouter de ce pas !
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oh, mais tu m’en apprends, des choses ! Je n’ai jamais lu ce livre, mais je le note, aussi ! J’adore l’idée de s’inspirer d’un classique pour un roman jeunesse, surtout en vers !
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Et autant dire que Clémentine Beauvais en fait quelque chose de très beau, entre l’hommage, la nouveauté, la modernité et la renaissance ! J’ai adoré ces lectures en miroir.
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Moi c’est l’inverse ! C’est d’avoir lu et aimé « Songe à la douceur » de Clémentine Beauvais qui m’a donné envie de lire celui-ci… Emprunté à la bibli, mais pas encore lu !
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La mort du célèbre romancier russe, suite à un duel, comme il l’avait prophétisé dans son roman Eugène Onéguine => https://www.youtube.com/watch?v=10_9gYlD66M
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