Au FLOP !·Neuvième art

Tu n’as rien à craindre de moi – Joann Sfar

Je sais que ta vie est précieuse. Si tu me confies ta vie, j’en prendrai soin.

Seabeastein et Mireilledarc sont un couple que certains qualifieraient de moderne que d’autres décriraient comme atypique. Leur petite routine passionnée est celles des amours naissantes: ils peuvent discuter des heures tout en faisant de leurs ébats sexuels et de leur passion l’essentielle condition de leur épanouissement. Seabeastein est un artiste bavard, qui soulève tout au long de l’album de nombreuses interrogations sur le rôle de l’Art, tandis que Mireillesdarc se nourrit de culture antique et artistique. Autant dire que ces deux-là ont bien fait de se croiser et de se trouver.

Lorsque Seabeastein me dessine, c’est différent. Est-ce que c’est ça que je cherchais depuis toujours? Me retrouver à la fois dans un roman et dans des images?

Érigée au rang de muse solaire, fascinante et désirable, cette blonde longiligne devient tout naturellement le modèle privilégié de l’artiste qui prépare une exposition autour de L’Origine du monde, tableau si controversé de Gustave Courbet. Fesses, poitrine, entrejambe offertes (à plein nez et à pleine bouche) deviennent le terrain de jeu amoureux et artistique du couple. Ils trouvent dans ce quotidien un équilibre qui leur sied à merveille et semblent se suffire l’un à l’autre, bien que Seabeastein soit complètement obsédé par ses considérations artistiques. A leur côté, quelques personnages secondaires gravitent, le plus marquant étant peut-être cette rousse un peu folle répondant au nom peu commun de Protéine.

Si le nom de Joann Sfar est associé à de grands titres comme Le Chat de Rabbin, c’était une vraie grande première entre lui et moi. D’avance peu enthousiaste face à ce style si vite identifiable, torturé, peu conventionnel, voire tremblotant, j’ai eu malgré tout envie de partir à la découverte de cet artiste que j’ai souvent lu à l’occasion de petites chroniques…

Tu n’as rien à craindre de moi avait absolument tout d’une belle promesse. Un couple qui bavarde, échange au sujet de ces passions qui remuent et enrichissent les Hommes sur fond d’érotisme et de sensualité. Oui, mais… Entre deux étreintes et soupirs, les deux protagonistes échangent (trop) longuement et participent à cette lente déconstruction narrative qui m’a très vite lassée et qui – à défaut de susciter mon intérêt – a essentiellement réveillé mon ennui. De plus, derrière un découpage monotone – sauvé par quelques plans plus larges et originaux – la case devient prétexte à une logorrhée qui n’a eu de cesse de m’agacer ou de me perdre en chemin. Les bulles à la typographie étriquée occupent une place qui vient étouffer le dessin et qui coupe presque toute envie de se lancer dans la lecture de la planche. Enfin, en dehors de quelques interventions qui ont eu l’effet de rares bouffées d’oxygène, je n’ai pas vraiment (re)trouvé cet humour pinçant que j’ai souvent aimé chez Sfar.

Même le diable ne peut m’enlever ce que j’ai dansé.

Joann Sfar n’a évidemment rien à craindre d’une chronique aussi peu enjouée que la mienne. Je suis passée totalement à côté de ce texte et suis restée presque continuellement en dehors de l’univers graphique, et, à aucun moment l’un est venu sauver l’autre à mes yeux. Nous n’en resterons toutefois pas là lui et moi puisque je lirai évidemment Le Chat du Rabbin qui m’attend sur ma PAL. Cette fois-ci fut hélas un rendez-vous manqué, marqué par l’ennui qui me soufflait régulièrement de poser cet album et de capituler… J’ai lu, vaincu, survécu, avec en prime, le déplaisir de la déception…

Les chroniques de :

Surprenant et drôle. […] Dense sur certains passages mais rafraîchissant dans l’ensemble. Mo

Un album qui réunit les obsessions de Joann Sfar, déjà abordées dans son œuvre, nécessitant plusieurs lectures pour bien les appréhender mais n’en demeure pas moins singulier et original et qui fait ressentir au lecteur, une fois l’album refermé, le sentiment d’avoir assisté à une fantastique histoire d’amour. Une pause littéraire.

Sous le prétexte d’offrir une réflexion sur l’amour et le lien artiste-modèle, Sfar radote et tourne en roue libre autour de son nombril et celui des belles femmes, oubliant même quelque peu son sens de l’humour. Rien de neuf, ni de passionnant. Les Chroniques d’Asteline.

Tu n’as rien à craindre de moi – Joan Sfar

Couleur: Brigitte Findakly

Rue de Sèvres

ISBN:978 2 36981 231 9

104 pages 18€

 Avril 2016

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25 réflexions au sujet de « Tu n’as rien à craindre de moi – Joann Sfar »

  1. Punaise, moi g adoré ! J’aime Sfar, que veux tu ! (presque) TOUT ! Si ! Je suis vraie midinette 😉
    « Le chat du rabbin » c’est LA (ou les plutôt !) BD ! Espère que tu aimeras, mais comment est possible autrement ?!
    bisous ma belle
    et de divines vacances à toi ❤

    Aimé par 1 personne

      1. Départ imminent pour 3 semaines familiales en Grèce 😉 et après un ptit séjour en amoureux à Rome :-p oui oui oui ces vacances promettent bonheur, douceur, chaleur tout( comme on a besoin !
        Et toi ma belle ces vacances ?

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      2. Oh la veinarde ! Pas de lointains ailleurs pour moi cette année. Je me ressources auprès des miens et pense faire un tour du côté de Paris/Lille et quelques villes belges. Après, je laisse toujours un peu de place aux imprévus, si jamais… Profites-en bien !

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  2. Dommage pour ce rendez-vous manqué…cet album ne m’attirait pas, je redoutais le coté bavard et tu confirmes. J’avoue que c’est un peu difficile à s’y retrouver dans l’univers de Sfar, il est si productif, je l’ai un peu perdu de vue depuis » Le Chat du Rabbin » que j’ai beaucoup aimé. Je te conseille également la série des « Pascin » qui mettent en scène Pascin, Soutine et Chagall ; le dessin noir et blanc et éclaté peut surprendre mais j’ai adoré. Il y a aussi « Chagall » qui est superbe. Et je reste fidèle à ses albums du début « Le petit monde du Golem » et « Paris-Londres », là encore en noir et blanc

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  3. Ah… et bien c’est explicite. Inutile donc de venir t’allécher en parlant de la suite qui sort à la rentrée :mrgreen:
    Sinon, son « Chat du rabbin », je n’avais pas applaudi des deux mains. Un peu de longueurs. En revanche, « Klezmer » était bien bon 😆

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