Émilienne n’est pas des plus ordonnées. Elle vit dans son petit monde et a fait sienne la maxime de Prévert « Le désordre des êtres est dans l’ordre des choses. » Émilienne, c’est moi. Sur le sol, plus ou moins de petites choses s’accumulent: des petits papiers bavards, des sacs remplis de petits riens aux grandes histoires, de jolies tasses ébréchées, de longs fils entortillés, des pelotes colorées… Un arsenal d’objets qui fait grincer les dents de sa voisine Sylvania, qui voit d’un très mauvais œil cette cacophonie matérielle et se fait de plus en plus rare lorsqu’il s’agit de venir partager un thé. A demi-mot, elle suggère à son amie – en masquant son minois dégoûté – de se lancer dans un ménage révolutionnaire afin de remettre un peu d’ordre dans cette petite routine qui néglige quelque peu les codes de l’organisation et du rangement.
Elle donne mauvaise conscience à ceux dont le bonheur est simple.
Au bout de quelques soupirs qui disent combien cette entreprise semble pesante, Émilienne empile ses livres, époussette leur couverture et offre à chacun d’eux un voisin dans sa grande bibliothèque. Le jour passe. Le désordre s’estompe mais est encore loin d’être surmonté. Notre toute nouvelle acharnée de rangement ne capitule pas pour autant et s’active sous les yeux de son chat Daguerréotype. Elle se ménage toutefois quelques instants d’oisiveté et s’accorde un peu de temps avec son ami Mitch qui sait raconter des histoires comme personne. Au bout du chemin la voisine Sylvania s’active inlassablement et refuse le rire et l’amusement au profit d’un rangement obsessionnel. Mais pourquoi s’acharne-t-elle tant à tout nettoyer ?
Chaque album de Kitty Crowther s’identifie au premier coup d’œil pour la singularité de son identité graphique. Je peux admettre que ce trait si particulier ne fasse pas toujours l’unanimité ou déstabilise. En ce qui me concerne, c’est à chaque fois avec émerveillement que je tourne les pages de ses albums. Les crayonnés colorés acidulés ont de prime abord quelque chose de naïf. Mais mis bout à bout, chaque petit dessin finit par composer un tableau harmonieux – parfois déjanté – qui fourmille de ces charmants détails qui accrochent tour à tour l’œil vif et curieux de son lecteur. Comme souvent, les illustrations se mêlent à un récit dont l’univers quitte toujours un peu la réalité. Ombres et créatures ne sont jamais bien loin et l’univers de Kitty Crowther – qui sait garder sa part de mystère – ne cesse de se mouvoir sous mes yeux ébahis et rieurs. Le récit quant à lui oscille entre légèreté et drôlerie, s’accordant toutefois quelques notes plus piquantes, qui en disent long sur les personnages de cet album, ces êtres qui cherchent – non sans maladresse ni raté – leur place dans le monde.
La poussière vole un peu plus loin, valse au-dessus des cyprès et, dans un rayon de soleil, on croirait voir une pluie d’or.
Ce mois-ci, Mina et Anne organisent le mois belge. Je n’ai pas pu participer aux premiers rendez-vous poétiques et romanesques avec mon séjour en Lettonie, mais je ne me voyais évidemment pas manquer celui consacré aux albums jeunesse, d’autant que dans mon horizon de lecture, deux auteurs belges ont définitivement mon admiration, à savoir Kitty Crowther et Mélanie Rutten. Deux identités graphiques, deux univers pétillants qui ne cessent de me surprendre et de m’enthousiasmer et que je retrouve à chaque fois avec un entrain qui en dit long sur tout le bien que je pense de ces deux grandes dames…
Critiques « Kitty forever » Dans moi et de Petits poèmes pour passer le temps.
Le grand désordre – Kitty Crowther
40 pages – 12€20
ISBN:978-2-02-064006-0
Sympa ce mois belge, sympa ces dessins, sympa toutes tes belles présentations de B.D… J’aime te lire.
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Je crois que je maîtrise mieux l’illustration belge et que j’ai encore bien des progrès à faire du côté des romanciers.
(Et moi aussi j’aime te lire, mais ça tu le sais déjà)
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Oh comme il est joli; les illustrations sont riches! c’est pétillant comme tu dis. Je connais d’elle la série des Poka et Mine. D’ailleurs ça me donne envie de les relire.
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J’ai justement le dernier tome sur mes étagères. Et c’est vraiment tout aussi charmant. Je te conseille Mère méduse et Annie du Lac aussi.
Non en fait, tu peux tout lire d’elle.
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Je vais chercher des albums lors de ma prochaine visite en librairie 😉 J’adore le point de départ de ce livre, moi qui suis bordélique…
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L’étant à un degré parfois pathologique, tu imagines combien j’ai pu me retrouver dans ces pages. Mais comme Emilienne, j’me soigne. 😉
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(Tu me diras un peu ce que tu as choisi dis?)
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Comme ça a l’air charmant et joliment fou !
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C’est tout à fait ça l’univers de Kitty Crowther. Avec ce qu’il faut de poésie pour nous porter au fil des pages.
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Comme je te le disais sur FB, je découvre que deux des illustratrices et auteurs que tu aimes tant sont belges (le piège de l’édition française sans doute et ma méconnaissance de la littérature jeunesse certainement). Je savais que tu trouverais du « beau » à présenter et égaierais le rendez-vous jeunesse.
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Merci pour ta confiance et je suis ravie d’avoir mis cette illustratrice à l’honneur pour cette journée aux couleurs de la Belgique… A tout bientôt pour un autre rendez-vous Mina. (Et dois-je insister sur la nécessité urgente de découvrir le travail de ces deux femmes d’exception?)
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Inutile d’insister, même si je suis réfractaire à la littérature jeunesse et à la BD (nul n’est parfait) : quand je changerai d’avis, je saurai où chercher des conseils et par qui commencer. 😉 (ou je saurai qui offrir quand le temps viendra pour cela aussi).
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Pioche à ta guise le moment venu. 😉
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Je ne connaissais pas du tout, et je suis charmée! Et puis c’est marrant, cet album sur le désordre, alors que Marie Kondo, la fana du rangement, fait le buzz!
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Je n’ai jamais entendu parler de cette Marie Kondo. C’est dire le lien étroit que j’entretiens avec le rangement… ^^
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C’est une fada japonaise du rangement qui jette à tour de bras!
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Je lui laisse cette névrose-là.
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J’aime beaucoup cet univers foutraque ! Mais j’ai du mal à croire que ce soit le bordel chez toi… 😉
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Tu n’as pas idée de tous mes vices cachés!
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Je suis charmée par la délicatesse des images….Encore une bien belle chronique sur un sujet qui m’interpelle : le désordre! 🙂
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Tu es aussi (un peu) désordonnée?
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Oui! J’essaye pourtant de bien classer, mais c’est difficile!!! 🙂
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Dans mes bras !!!!! ❤
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J’aime bien Kitty Crowther et j’adore Mélanie Rutten. Les citations de cet album sont somptueuses, et il m’attire beaucoup. Merci pour cette jolie chronique !
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J’espère que tu en apprécieras la lecture si tu te lances.
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Quel joli billet sur cet album. J’aime beaucoup aussi Kitty Crowther (Noémie adore Lutin veille, écrit pas Astrid Lindgren et illustré par Kitty Crowther). Idem pour Mélanie Rutten, nous avons Oko un thé en hiver à la maison, que c’est beau…
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Merci Nadège.Lutin veille est un très chouette titre. Et toute la série des Oko est d’une douceur incroyable.
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Je connais juste Mère Méduse, que j’aime énormément. Sûr qu’avec ta chronique, je vais aller à la recherche d’autres titres! Quant à Mélanie Rutten, je suis aussi une grande fan, c’est si beau!
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C’est un album magnifique que j’ai offert « dans une autre vie ». Je te souhaite encore plein de jolies découvertes avec Kitty. Et pour Mélanie je pense que nous ne sommes pas au bout de nos surprises tant chaque album est une merveille.
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Oh les illustrations semblent très jolies, colorées, je note =)
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Elles le sont ! Un joli coup de crayon !
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Je ne suis pas sûre d’être très intéressée mais j’ai aimé lire ton article! Et les illustrations, bien que particulièrement me plaisent. Je tombe sous le charme de cette maxime « Le désordre des êtres est dans l’ordre des choses. » ; elle me correspond assez bien haha.
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