Premières lignes #2

Je dormais lorsqu’il est mort. J’avais appelé l’hôpital pour dire bonne nuit une dernière fois, mais il avait sombré, sous des couches de morphine. J’ai pressé le récepteur contre mon oreille pour écouter sa respiration laborieuse à travers le téléphone, sachant que je ne l’entendrais plus jamais.

Ensuite, j’ai rangé mes affaires avec calme : mon carnet, mon stylo à plume. L’encrier cobalt qui lui avait jadis appartenu. Ma tasse persane, ma médaille Purple Heart, une boîte de dents de lait. Lentement, j’ai monté l’escalier en comptant les quatorze marches l’une après l’autre. J’ai remonté la couverture de la petite dans son berceau, embrassé mon fils endormi, puis je me suis allongée près de mon mari et j’ai dit mes prières. Il est toujours vivant ai-je murmuré, je me rappelle. Je me suis endormie.

Je me suis réveillée tôt et, en descendant l’escalier, j’ai su qu’il était mort. Tout était calme à l’exception du bruit de la télévision, restée allumée toute la nuit sur une chaîne culturelle. Ils passaient un opéra. La scène où Tosca clame avec force et chagrin sa passion pour le premier peintre Cavaradossi m’a attirée vers l’écran. C’était une froide matinée de mars, j’ai mis mon pull.

Le RDV de ma Lecturothèque.

Deuxième rendez-vous pour ces premières lignes. Just Kids de Patti Smith fait partie des textes que j’aime d’amour. Une histoire passionnée et passionnante entre Robert et Patti.  A l’heure où M Train de Patti Smith vient d’être publié en France, j’avais envie de relire ces quelques premières lignes (et quelques autres d’ailleurs…) avant d’emporter son dernier livre dans ma valise balte.

Sur les traces de Robert Mappelthorpe au Grand Palais.

Sur celles de Patti Smith à l’Olympia.

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