D’Elle à Elle. D’elle à tu. Deux portraits comme un face à face, comme une projection dans un miroir qui renverrait toutefois un reflet trop éloigné de l’original.
Quelque chose en elle lui murmure que c’est beau l’enfance et que ça meurt aussi.
Elle est lumineuse, forte de ses succès, tout semble lui réussir ne la rendant que plus rayonnante.
Elle est plus discrète, nourrie d’une gravité que l’autre n’a pas. Elle est admirative face à l’élégance spontanée, face à l’aura solaire de l’autre fille. Une amitié fusionnelle est scellée. Elles vivent leur grande histoire et partagent l’éclat euphorique des amitiés inconditionnelles.
Avant de te connaître, elle déteste les visites impromptues. Les gens sans prévenir viennent mettre du bazar dans sa tête et dans sa vie, elle qui s’applique à la contenir toute entière dans un petit tiroir à souvenirs. Ils sont désordonnés, imprévisibles, gris. Ils arrivent, elle n’a même pas le temps de s’habituer à leur présence qu’ils repartent comme si de rien n’était. Même s’ils font bien attention de fermer la porte derrière eux, il lui semble parfois qu’ils la laissent perforée, en pointillé, épuisée d’avoir eu à s’ouvrir et condamnée à se refermer.
Au milieu du roman, les choix de narration déroutants (dérangeants?) cessent en même temps que leur monde explose. Une vie se brise et en fracasse d’autres dans sa funeste chute… Le Elle se dévêt pour dévoiler le Je. Le Elle n’est plus qu’un cri étouffé, un fantôme pâle en miettes. Le récit d’une reconstruction, d’un deuil à faire, d’un adieu à accepter se joue.
Tu as rejoint le clan de ceux qui ont souffert, ceux qui ont le charme des gens qui se foutent d’être regardés. Ceux qui donnent l’impression d’être toujours un peu loin, parce qu’ils sont seulement en eux.
Ma rencontre avec Camille Anseaume s’est faite avec ce titre, deuxième roman à son actif. Si le plaisir de lecture n’a pas été immédiat, j’ai fini par trouver ma place au milieu de ce groupe d’amis qui tentent de redonner un sens à leurs petites habitudes en l’absence dévastatrice de l’un des leurs. J’ai aimé trouver sous cette plume de belles fulgurances douces et amères venant malheureusement se mêler à une langue parfois plus triviale. Je regrette peut-être la posture narrative initiale choisie par Camille Anseaume qui tend à mettre énormément de distance avec ses personnages: dès le départ, un fossé entre ces deux demoiselles et le lecteur se creuse, on s’éloigne tantôt désintéressé, tantôt lassé au fil d’une première partie un peu trop fébrile pour être captivante.
Camille Anseaume parvient toutefois nous rattacher à ce groupe de bientôt trentenaires dans la deuxième partie du roman, en nous enveloppant d’une tendre nostalgie qui souligne vraiment le déchirement qui les bouleverse. Ainsi, sous ce portrait peut-être un peu convenu et trop parfait d’amis réunis dans la douleur, unis au-delà d’elle – dans l’esprit du film Les Petits mouchoirs – la jolie peinture s’effrite lentement, le verre se fissure et révèle les failles de chacun, non sans une certaine âpreté.
C’est donc un sentiment assez mitigé qui reste après la lecture de ce roman qui, bien qu’il nous livre de jolis mots, prend à mon sens trop de temps pour nous captiver et pour s’offrir ainsi une place de choix dans mes souvenirs de lectrice…
Ta façon d’être au monde – Camille Anseaume
234 pages /17.90 €
ISBN: 9782366581843
Janvier 2016

Je ne connaissais pas… Et comme tu es mitigé… Pourtant, le début de ta critique commençait bien.
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C’est vraiment très curieux comme impression de lecture. J’ai vraiment trouvé certaines pages très belles, pleines d’émotion (sans pour autant vouloir faire pleurer et trop jouer sur la corde sensible) mais il y a un peu trop réserves pour que ça fonctionne pour moi.
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J’ai acheté en poche son premier roman, traitant de la maternité, très réussi paraît-il! Vu ton avis, je ne crois pas m’attarder sur ce second titre, mais je te dirai si le premier est bien 😉
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Oui parce que sa plume n’est pas désagréable… Tu me diras…
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Je lisais son blog à une époque ; elle avait un style plutôt charmant, mais adapté au support. Sur 230 pages, je crains que ça fonctionne moins…
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Je ne connais pas du tout son parcours bloguesque… Le côté charmant est là, mais peut-être plus diffus et perdu dans des choix de narration qui ne parviennent pas à me convaincre.
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Bon, il m’attend… Je suis du coup un peu moins pressée de m’y lancer…
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Je ne le rejette pas totalement en bloc cependant…
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La couverture est belle, remplie de lumière… Je ne connais pas cette écrivaine…
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Il faut toutefois que le contenu suive… Mais il y a de bonnes choses à y trouver… Je la découvrais aussi.
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Je verrai si je le trouve d’occasion… Le résumé me tente mais il ne fait pas partie des priorités.
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Il peut en effet être dans les objectifs secondaires. ^^
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C’est vrai la couverture est belle…
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Pas une grosse réussite tes lectures de la rentrée de janvier on dirait. Heureusement que le bon vieux Jack était là pour remonter le niveau avec
Martin Eden 😉
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Tu résumes incroyablement bien les choses…
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Malgré les multiples avis positifs vus ici et là, je n’ai pas trop envie de me lancer dans cette lecture. Et tu confirmes mes réserves, je crois qu’il n’est pas pour moi.
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J’avais aimé son premier roman sur la maternité et je trouve dans ta chronique de ce deuxième roman des aspects présents dans le premier, notamment ce mélange de belles phrases et d’écriture plus trivial. C’est effectivement son style et je suis comme toi, je trouve cela un peu dommage.
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Me voilà hésitante car le sujet me tente.
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et pourquoi pas ? 🙂
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Pas vraiment convaincue… Il attendra bien une sortie poche ;0)
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Oh oui, il peut attendre sans problème.
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C’est dommage que tu aies ressenti cette distance avec les personnages… Justement moi c’est tout le contraire, je me suis tout de suite identifiée à eux ou du moins, ils m’ont vraiment touchée.
C’est peut-être pour ça que le tout a fonctionné avec moi et moins avec toi !
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