Vickie a 17 ans quand elle réalise que son ventre prend des rondeurs qui n’ont aucun rapport avec son épanouissant job de serveuse dans un fast-food. Il faut dire qu’à force de s’envoyer en l’air sur la banquette arrière de la voiture du fils du patron, ce genre d’imprévu avait de fortes chances de se produire. Sans même vraiment prendre le temps de peser le pour ou le contre des conséquences de ses choix, elle décide de devenir mère avant l’heure. Une course folle commence. Chassée de chez elle, elle vivote en travaillant dans une boîte de strip-tease où elle découvre le goût de l’argent facile et rapide qui alimente un monde qui ne jure que par les apparences et les plaisirs coupables. Consciente de son petit pouvoir de séduction et malléable à souhait, Vickie se met à modeler son corps pour qu’il devienne sa plus précieuse monnaie d’échange, sa valeur sûre lui garantissant de bons « retours sur investissement ».
L’opération est donc terminée. Le destin vient de s’accélérer. La fille est désormais promise à la gloire, celle des mutantes, celles des blondes à très forte poitrine.
La Blonde à forte poitrine est née de ce corps frêle et adolescent et les courbes de la demoiselle vont réchauffer les esprits et affoler les corps. Quelques balancements lascifs, quelques jeux de regards suggestifs et les hommes ne voient qu’elle. Comme dans un conte de fée sur fond d’Amérique puritaine, un vieux milliardaire, touché par cette nymphe de la désolation à mi-chemin entre la femme enfant et la femme fatale, tombe fou amoureux et lui offre une place inespérée dans sa vie où l’on dépense sans compter. Ils ne vieilliront pas ensemble mais il l’aimera, pétri de certitudes et de bonnes intentions. Il a trouvé sa Blonde. Elle peut être le fantasme du monde entier, qu’importe, c’est auprès de lui qu’elle se couche. Le vieillard un peu coquin passe toutefois rapidement l’arme à gauche et sa famille entame une bataille médiatico-juridique dont les enjeux dépassent de loin la question des sentiments amoureux.
Le fils n’est pas méchant. C’est un être froid. Il s’est souvent demandé « est-ce que maman a été heureuse ? »; il ne l’a jamais vue pleurer.
Grandeur et décadence d’une Blonde sous l’empire des apparences. Des grands moments de gloire à la descente aux enfers, Vickie a fait de sa conception de la féminité une force, un atout qui n’aura pourtant de cesse de la desservir. Derrière le miroir de la fiction, et puisqu’il est question de la citer en préambule, la vie de la tristement célèbre playmate Anna Nicole Smith. L’histoire pathétique d’une héroïne qui l’est tout autant, ballottée par les médias, bafouées par les siens, rongée par un succès qui grise et dévaste. Une vie tantôt sous contrôle puis sans contrôle, un récit tragique sans aucune concession.
Pour moi, il n’y a rien ? L’avocat hoche la tête lourdement. Aucun mot n’existe pour penser la douleur de la blonde.
La publication d’un nouveau roman de Camille de Peretti éveille toujours ma curiosité au milieu des sorties littéraires tant j’ai aimé sa réécriture mordante et cynique des Liaisons dangereuses de Laclos (Nous sommes cruels.) Précisons toutefois que ses ouvrages divisent ceux qui s’y frottent. On lui reproche parfois, malgré sa jolie plume et un art assurément maîtrisé du récit, l’insupportable antipathie qui émane de ses personnages et l’incapacité pour le lecteur de s’identifier et/ou de s’attacher à eux. Avec un titre pareil, autant vous dire que je n’ai eu aucune difficulté à me sentir proche d’elle… Mouarf.
J’ai souvent souligné combien ce style vif et acerbe – qui m’a tant marquée dans Nous sommes cruels et Thornytorinx – me saisissait chez cet écrivain de talent. Hélas, je trouve cette fois que Camille de Peretti s’égare un peu et perd ce souffle singulier que j’aimais retrouver sous sa plume. Quelques envolées crues et incisives pour dépeindre le glauque et la chair triste viennent trancher avec un récit fade qui n’a pas du tout trouvé son public avec moi. J’ai tourné les pages en éprouvant régulièrement une certaine lassitude face à ce texte qui se lit sans vague ni accroc, mais qui ne me laissera pas un vrai beau souvenir de lecture comme j’ai pu en avoir avec ses autres titres. Une déception dont je me consolerai peut-être avec Nous vieillirons ensemble ou La Casati qu’il me reste encore à découvrir.
Pour les plus curieux d’entre vous, rendez-vous ce soir sur France 5. Camille de Peretti viendra parler de sa Blonde à la Grande Librairie avec François Busnel.
Ma chronique de Ces petits arrangements avec nos cœurs.
Les billets de Cajou et de L’Irrégulière nettement plus convaincues et enthousiastes que moi.
Blonde à forte poitrine – Camille de Peretti
234 pages / 17.90€
ISBN : 978-2-36658-186-7
Janvier 2016
Avec un titre pareil, autant vous dire que je n’ai eu aucune difficulté à m’intéresser à cet article… 🙂 Et on est même pas mardi !
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Au regard de ton enthousiasme affiché pour l’euphorie des mardis, je me suis dit que j’allais faire durer le plaisir. Parce que tu le vaux bien. Assurément. 😉
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Je veux absolument lire ce livre mais toutes les chroniques que je vois ne sont pas très enthousiastes…
Pourtant j’avais adoré Nous Sommes Cruels – mais comme tu l’as dit Camille de Peretti divise toujours beaucoup sur la blogo. Il faudra quand même que je le lise à l’occasion !
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Franchement, j’adore quand elle dissèque le couple et ses failles et évidemment j’ai aimé d’amour Nous sommes cruels. Mais là, ça tombe totalement à plat pour moi. Je vais voir ce qu’ils en disent ce soir à LGL.
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J’avais vu sur l’Instagram de François Busnuel qu’il avait beaucoup aimé, mais je peux me tromper !
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Il a aimé. Mais nous sommes en désaccord sur ce coup-là avec François.
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Je vais me faire mon propre avis mais avant le coup, je t’avoue ne pas être particulièrement optimiste 😉
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Je pensais à toi en le lisant et en me demandant ce que tu allais bien pouvoir en penser. J’attends ton article. 😉
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J’apprécie les critiques négatives surtout sur un auteur dont on a aimé d’autres livres. Cela augmente mon capital confiance dans la blogosphère. Je ne connais pas cette auteure, si je dois la lire , ce n’est donc pas par ce titre que je commencerai.
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Ravie de contribuer à ce capital confiance dont il m’arrive aussi parfois cruellement de douter… Commence vraiment par Nous sommes cruels si tu as un faible pour le roman de Laclos auquel elle rend un hommage vibrant.
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Vraiment pas tentée ( pour rien au monde).
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Et je peux l’entendre.
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Peut-être une de mes lectures de vacances du coup… A voir…
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J’ai hâte de voir ce que tu vas en penser…
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Un style qu’il faut que je découvre, alors.
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Pas avec ce titre de préférence… 🙂
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Pas du tout envie de me précipiter. Même si j’avais aimé ses anciens titres, ce n’est pas non plus une auteure que je m’empresse spécialement de lire… Un propos un peu trop superficiel ?
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Je la suis depuis ses débuts et je suis toujours curieuse de voir ce qu’elle nous prépare. Ceci dit, j’ai laissé passé La Casati qui me fait de l’oeil.
Pour le propos superficiel, je ne vois pas les choses ainsi sur des titres comme Thornytorinx ou Nous sommes cruels. En revanche, c’est vrai que ce dernier titre et son sujet entrent plus dans l’idée que je me fais du superficiel. 😉
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C’est vraiment très différent des autres je crois…
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Tu as lu La Casati? Parce qu’il me fait très envie du coup.
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Non !
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Nous sommes cruels me tente énormément et je dois dire que celui-ci aussi. Mais je pense en effet que c’est le genre de livre qui peut lasser en effet.
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Disons que l’histoire en creux de la vie d’Anna Nicole Smith ne m’intéresse pas le moins du monde. Je n’aurais pas été fidèle au rdv si j’avais su que c’était au coeur du livre…
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Pour ma part, je n’avais pas aimé « Petits arrangements avec nos coeurs » (mais alors pas du tout), du coup, je n’aurais même pas regardé celui-ci… Ceci étant dit, je suis le genre de personne qui laisse une seconde chance – ça arrive de passer à côté… d’autant plus que le résumé est accrocheur… mais, ta chronique me fait reculer. À l’occasion, qui sait. Ou peut-être devrais-je lire « Nous sommes cruels »?
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Je ne m’arrête pas non plus à une lecture décevante. Ce serait dommage et sauf immenses déceptions à répétition je peux facilement revenir vers un auteur qui m’a déçue (si la plume en vaut la chandelle.) Je pense vraiment que tu devrais lire Nous sommes cruels. J’adore le texte de Laclos et j’aime ce qu’elle a été capable d’en faire en modernisant la situation.
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Je n’ai pas lu le texte de Laclos, mais il est dans ma PAL, je pense que ce sera mon challenge perso, le lire, et enchaîner avec Nous sommes Cruels.
Merci pour le conseil 🙂
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Ah ça c’est une excellente idée !
😉
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Plutôt convaincante à LGL mais je ne suis pas certaine que le sujet soit pour moi. Ce sera peut-être une auteure à découvrir avec un autre titre.
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C’est à cette conclusion que j’en viens également…
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Je pense que j’essaierai plutôt Nous sommes Cruels
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Bonne initiative Emma ! 😉
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jamais lu cette auteure (malheur, cette affreuse lacune …) mais avais bien envie de me lancer dans ce live (le titre que veux tu m’a fait de l’œil !) a mois que j’aille plutôt voir du côté des livres que tu as cités dans ton délicieux billet ?!
bisous ma belle
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(Lacune, rassure-toi, je n’irai pas jusque là…)
Là où je te reconnais bien en revanche, c’est dans l’attrait pour ce titre un peu oulala.
Après -échange de bons procédés- je peux t’envoyer la Blonde si tu veux. Comme ça, tu te feras un avis. Et si tu n’aimes pas, tu pourras tester avec d’autres titres… Tu m’dis ma Framboise. ❤
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héhéhé oui, si tu veux/peux, tu me le gardes au chaud, et tu me le mènes au salon de Paris, quand dis tu ? ❤
ai noté adaptation de laclos, mhuuuuuuum, je sens que ça va me plaire aussi 😉
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🙂
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Je ne connais pas cet auteur, mais ses titres sur le corps me font un poil peur, tu crois que c’est un auteur pour moi ?
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J’ai beaucoup aimé « Nous sommes cruels », mais je n’ai pas lu d’autres titres de cette auteur. Malgré ton avis, je reste tentée par celui-ci !
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