Bijoux indiscrets·Challenge accepted !·Instants poétiques·Les classiques c'est fantastique

Blasons du corps – René Follet

©Editions Point Image – JVDH 2003 /Follet

Après la mort de Dieu, qu’on pressent dans ces vers, il reste à adorer le vivant. Arnaud de la Croix – Préambule

Qui dit premier mardi du mois, dit textes grivois pour les lecteurs en émoi. L’idée cette année est de varier les plaisirs et les genres… Après une première participation au rendez-vous coquin de Stephie avec la BD Esmera, c’est sur ce recueil poétique illustré par Renée Follet que j’ai jeté mon dévolu, pour votre bon plaisir chers lecteurs.

Ma plume est lente, et ma main paresseuse

Le sens me fuit, par la crainte amoureuse

En disputant sans résolution

De déclarer, ma grande passion.

©Éditions Point Image – JVDH 2003 /Follet

Si les premiers poèmes de ce recueil sont con-sacrés à la chevelure des femmes, le regard des poètes se déplace rapidement, épousant les formes du corps féminin vénéré, idolâtré, maintes fois décrit et observé. On glisse des boucles d’une crinière généreuse et sensuelle au cou qui se dévoile, on  s’arrête un instant sur une poitrine délicate, on parcourt le ventre doux pour s’abandonner, au cœur des bijoux indiscrets. Ventre, cuisses, sexe… Le lecteur murmure ces poèmes soigneusement sélectionnés comme le poète balade ses lèvres sur le corps des femmes pour mieux saisir chaque relief, chaque aspérité, chaque singularité de cet espace intime. Une invitation au voyage gorgée d’un érotisme subtil, contenu, beau car suggéré plus qu’imposé.

Ce con plaisant, ce con, tant digne de choses

Que je puis dire et sans imputer vice

Au reste, tout fait pour son service

Donc du corps entier au départi

Je prends le con, c’est le meilleur parti.

Guillaume Bochetel

Il faut dire aussi que la plupart des poèmes choisis sont des blasons de la Renaissance et qu’ils paraissent presque dictés par une retenue pudique, vite abandonnée dans les textes érotiques plus modernes. La tradition du blason est toujours respectée mais ouvre lentement la voie des poètes modernes. (Marot et son blason du tétin est évidemment cité et certains textes portent en eux les germes d’autres poèmes plus audacieux que Rimbaud ou Baudelaire reprendront avec leur provocante singularité…) D’autres noms de poètes (Brodeau, Chappuys) jusqu’alors totalement inconnus pour moi fleurissent au fil des pages nous laissant ou non le choix d’approfondir la découverte au-delà de cette lecture…

Cuisse qui n’a ride ni fonce

Mais bien provocante semonce

Qui vient saisir le poursuivant

De mettre la main plus avant.

Guillaume Bochetel

En miroir, les esquisses au crayon/fusain de René Follet qui se glissent au milieu des mots et donnent une saveur particulière à ce recueil poétique. Les vers et les strophes cèdent la place aux femmes croquées, lascives. J’ai souvent pensé au merveilleux Je t’aime de Barbe-Cavanna pendant ma lecture. Au-delà de la dimension poétique, ce livre nous donne à tourner des pages qui seraient celles d’un carnet d’artiste qui ne demande qu’à être rempli de ces corps aux courbes charmantes. Si le corps masculin est relativement absent des textes choisis, il retrouve pleinement sa place lors des scènes d’étreintes (d’une beauté évidente) dessinées sur l’épais papier de ce recueil qui, pour couronner le tout, se veut également un très bel objet livre à garder précieusement sur vos étagères indiscrètes.

Blasons du corps - René Follet
Blasons du corps – René Follet

 

Une chronique qui me permet de participer au rendez-vous de Stephie (les billets des autres participants sont ici) mais aussi au challenge Un classique par mois chez le Professeur Platypus avec ce recueil poétique de la Renaissance.

Blasons du corps – René Follet

Adapté en français moderne par Arnaud de la Croix

L’Index – Editions POINT IMAGE-JVDH

ISBN : 2-930110-89-9

 25 €

Janvier 2003

Le classique de février
Le 1er mardi du mois. Oulala.

 

18 réflexions au sujet de « Blasons du corps – René Follet »

  1. Aussi doux qu’une caresse, ce livre semble écarter tout voyeurisme. Tu parles de subtilité, de force de suggestion… beaucoup de délicatesse dans ce recueil visiblement. Et les illustrations que tu partages sont à tomber. J’y jetterai surement un œil coquin à l’occasion 🙂

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  2. Je me contenterais bien des blasons (l’ajout « du corps » me semble presque étrange et redondant dans le titre, en connaissant le genre, au moins de façon théorique) de la Renaissance, mais un beau-livre aussi joliment illustré n’en a que plus de charme sur les étagères indiscrètes… J’aime l’idée d’une anthologie de ce genre poétique, un peu plus resserrée que les anthologies érotiques dont j’ai déjà une petite collection. Je note soigneusement le titre. 🙂

    Aimé par 1 personne

    1. Oui, tu as tout à fait raison concernant la redondance.
      Tu en connais sûrement plus que moi concernant les auteurs de l’anthologie que je n’avais pas tellement croisés dans mes parcours de lecture…

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