Et mon coeur fait boum·Neuvième art

Soucoupes – Obion et Le Gouëfflec

La Terre est ronde, mais la vie est plate.

Le ciel n’est plus le même et cela rend Christian un peu grognon, un poil irritable. (Quand le ciel bas et lourd, pèse comme une soucoupe… Moka-Baudelai-Flec) D’étranges étrangers ont investi le ciel pour y installer leurs soucoupes et les étoiles n’ont d’autre choix que de leur laisser un peu de place dans ce terrain de jeu pourtant conquis depuis des lustres. Sur Terre, les écrans s’affolent, les scientifiques partent dans l’espace, les journalistes s’emballent, les Hommes bavardent, en bons piliers de bar.

Tous ces siècles d’attente et de conjectures pour tomber sur des abrutis en scaphandre.

Christian refuse la cohabitation. Ces extraterrestres dont tout le monde parle, ces créatures accueillies les bras ouverts, il les exècre, il les méprise, et ne veut rien avoir à faire avec eux. Il ne supporte pas ces « autres », si différents de lui. Alors voyez-vous quand il doit côtoyer ces tas de ferraille qui brillent plus que le sourire en perdition de sa jolie maîtresse, Christian joue les grincheux, et n’y met pas vraiment du sien. Disquaire de profession, il se retrouve contraint de conseiller ce curieux homme-tube qui joue les mélomanes silencieux. Un premier pas vers une possible ouverture à l’autre… Et si celui qu’on craint à tort, par ignorance ou pure bêtise, apportait ce que l’on n’attendait plus ?

– Je ne te comprends pas. Tu n’as jamais rêvé d’aller dans les étoiles? -Mffff. Non. Les étoiles, c’est pour les gogos, de la verroterie.

Soucoupes, c’est d’abord une couverture qui vous colle des étoiles plein les yeux et qui vous donne une furieuse envie de plonger dans un univers décalé des plus étonnants. Les promesses sont tenues au fil des planches. Obion, que je découvre avec cet album joue sur les nuances graphiques pour rendre toute la beauté d’un ciel incandescent, toute la lumière d’une petite place pavée où l’on siroterait volontiers un Saint-Véran bien frais (je m’emporte, pardon), toute la magie impalpable d’un musée qui nous offrirait une balade au cœur des tableaux de maîtres… Les décors sont une véritable invitation à errer dans ces rues charmantes, à se laisser gagner par cette atmosphère saisissante qui nous enveloppe à chaque page.

Le Gouëfflec quant à lui, nous entraîne dans une histoire qui allie avec justesse humour, ridicule et situations cocasses, tout en faisant se croiser des personnages hauts en couleur (La tante défoncée à l’opium a des allures de diva dégueulasse. Je l’ai adorée.)  On s’agacerait presque de nous voir nous attacher à ce héros loser, tantôt détestable, tantôt pathétique. A une vitesse folle, la magie opère et nous confirmerons avec ferveur et sans hésitation que décidément, tout est bon dans le breton. Voilà un duo de terriens qui signe ici un titre coup de cœur qui fait du bien, et qui nous rappelle combien la culture et l’art, sous leur illusoire inutilité, sont avant tout un partage et offrent ce délicieux souffle indispensable à nos vies.

Le blog d’Obion. Le site de Le Gouëfflec.

La chronique d’Hervé, celle de Yaneck.

Soucoupes – Obion et Le Gouëfflec

Glénat

88 pages / 20.50€

ISBN:9782723499576

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31 réflexions au sujet de « Soucoupes – Obion et Le Gouëfflec »

    1. Alors moi ce n’est justement pas ma tasse de thé et j’ai donc doublement été surprise. Il y a cinq ans, je lisais peu, voire pas de BD. Et voilà que j’ai pu combler ce gouffre culturel, bien qu’il me reste encore beaucoup de titres (du côté des classiques comme des nouveautés à découvrir.)

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