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Satané FLOP 2015

Parce que ces titres-là seront vite oubliés…

Parce que je n’ai pas toujours pris le temps d’écrire une chronique qui n’aurait pas été des plus enjouées.

Parce que très souvent, la déception a été à la hauteur de l’attente que j’avais en ouvrant ces livres…

Voilà plusieurs jours qu’il pleut des pépites Au milieu des livres. Parmi toutes ces lectures marquantes, il y a inévitablement ces titres qui ne laisseront pas un souvenir impérissable, si ce n’est pour moi, celui d’être passée à côté du plaisir de les lire… Et dans ce flop, BD, romans, littérature jeunesse : toutes les catégories ont leurs « lectures manquées ».

1 – Happy Sex – Zep

Le principe d’Happy Sex est simple. Une à deux planches, des cases qui s’emplissent de seins plus ou moins fermes, de fesses plus ou moins rebondies et de bulles couinantes et gémissantes plus ou moins subtiles qui conduisent joyeusement à une chute débordant de foutre et d’humour. Et un peu comme les vieilles blagues de tonton Marcel le dimanche à table, on répète inlassablement la formule en variant les positions et les angles de vue (gros plan sur des sexes souvent dégueulasses aux multiples visages façon chanson de Pierre Perret) en s’arrangeant pour multiplier les situations indélicates et in-con-grues entre masturbation, impuissance,  jeux coquins et coups d’un soir… Demandez le programme… J’aime les chroniques plus mordantes et piquantes de Zep. Dans ce domaine, il excelle. Avec ce titre, la lassitude a vite pris le pas sur l’amusement. Voilà un titre qui n’a clairement pas trouvé son lectorat avec moi…

2 – La Gaieté de Justine Lévy

Il y a eu Rien de grave. Un texte fort sur la rupture amoureuse qui fait probablement partie des livres que j’ai adorés et tant offerts sur ce thème (Les livres sont à mes yeux bien plus efficaces que les antidépresseurs.) Et puis, il y a eu La Gaieté, titre ô combien attendu. Mais cette fois, la magie n’a pas opéré. Mais quel ennui, quel agacement à lire chacune des pages d’une Justine Lévy insupportable, noyée sous ses névroses narcissiques. Une immense déception en somme, assurément aussi forte que toute l’émotion impudique contenue dans le très beau Rien de grave. Vous savez lequel choisir si vous souhaitez découvrir cette plume…

 A ce stade de la nuit Maylis de Kerangal

Là encore. Immense déception. J’ai découvert la plume de Maylis de Kerangal en prenant une claque littéraire monumentale. Son Réparer les vivants offrait une prose atypique, une langue exigeante et audacieuse pour traiter un thème ô combien douloureux. Dans ce court texte réédité non sans un certain opportunisme douteux, je pensais tendre l’autre joue pour prendre une nouvelle leçon de littérature… Bien mal m’en a pris. Rien ne m’a parlé au fil de ces pages où la question des migrants n’est à mon humble avis qu’un prétexte à d’interminables digressions de l’ordre du monologue pédant, pour ne pas dire masturbatoire. Mais, je ne vous en veux pas Maylis, je reviendrai bientôt vers vous. Très vite.

Enola et les animaux extraordinaires Chamblain & Thibaudier

Ouvrir un album des Éditions de la Gouttière a toujours été un ravissement et un émerveillement, mais voilà le titre qui fera clairement exception au sein d’un catalogue qui jusqu’alors ne m’avait jamais déçue. Une trame narrative fade, facile et sans grand intérêt, des couleurs un poil criardes qui desservent le trait rond et pourtant très agréable de Lucile Thibaudier. Je suis bien loin de mes habituels coups de cœur pour les très beaux  La Carotte aux étoiles, Passe-Passe, Anuki, Supers ou Nora… Une série que je ne suivrai assurément pas.

 Frida Kahlo de Cornette et Balthazar

S’attaquer à Frida Kahlo demande certes de plonger dans un travail documentaire important (comme toute personne voulant sérieusement traiter n’importe quel thème avec sérieux) mais cela suppose/exige/sous-entend un minimum de maîtrise graphique… Or, le résultat de cet album est on ne peut plus déconcertant. Un coup de foutre en deux cases, deux jurons ou dialogues trop creux pour être pris au sérieux, insertions de récits secondaires aux enjeux politiques qui manquent de clarté : tout se fait vite et dans un désordre déstabilisant pour celui qui n’aurait pas quelques références sur les liens qui unissent les acteurs de ces vies qui s’entremêlent. La Beauté terrible en devient vulgaire et insipide et les images sont totalement dépourvues du moindre érotisme. De la couleur au trait, de la réalité des faits aux choix scénaristiques, beaucoup trop de maladresses, de raccourcis  et de déception pour un sujet qui me tient tant à cœur.

Alice d’Emma Becker

Emma Becker a publié Mr. et ce fut pour moi une grande rencontre avec ce que la littérature érotique actuelle a su offrir de mieux au milieu de toutes les daubes publiées aujourd’hui. Une plume vive, incisive pour conter les dérives d’une héroïne incandescente et excessive. Alice est arrivé dans ma boîte aux lettres grâce à Noukette qui savait combien Mr. avait compté pour moi. J’ai rapidement ouvert le livre, tourné les pages, sans jamais, hélas, retrouver ce qui m’avait tant plu, si ce n’est quelques jolis passages, vestiges de l’écriture mordante d’Emma Becker. J’ai peiné à atteindre la centaine de pages et je n’ai plus jamais été capable de poursuivre ma lecture. Un abandon au nom de l’ennui et de la lassitude. Un rendez-vous manqué avec cette plume que j’admire pourtant profondément.

34 réflexions au sujet de « Satané FLOP 2015 »

  1. Je n’ai lu aucun de ces livres mais comme toi j’ai souvent été déçu après avoir énormément apprécié un livre et lu un autre livre du même auteur…la magie opère rarement deux fois à la même intensité !

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    1. Je pense que je peux retrouver la magie de Maylis de Kerangal. Pour le reste de la sélection, il faut voir. Je crois que Mauvaise fille de Justine Lévy est dans ma bibliothèque. Je vais vérifier, affaire à suivre.

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  2. J’ai emprunté Frida à la biblio… on verra ce que j’en penserai. J’ai feuilleté Happy Sex et j’ai juste eu envie de me faire bonne soeur. Ce qui pour deux bonnes raisons (la première étant que je ne suis pas croyante, et je tairai la deuxième), est quand même un comble!

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  3. Tes commentaires négatifs comme les autres positifs permettent de découvrir les deux visages de Mokamilla. Et dans les deux cas, ta plume est un plaisir à lire. Je n’ai pas tout lu mais je sais qu’il est difficile de faire deux fois un chef d’oeuvre.

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  4. Après avoir dévoré, adoré, Réparer les vivants, bizarrement, je n’étais pas plus tentée que ça de lire d’autres titres de Maylis de Kérangal, ce qui rejoint un peu ton avis. De Justine Lévy, j’ai dans ma biblio Mauvaise fille. Je note Rien de grave.

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