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TOP Romans jeunesse 2015

A l’heure où j’achève la rédaction de ce top, je suis plongée dans la merveilleuse trilogie de Pullman Les Royaumes du Nord. J’avance à un rythme proche de celui des gastéropodes mais je savoure clairement chaque page et chaque repas festif en sachant qu’elle fera assurément partie de mes coups de cœur 2016.

Cette année, malgré mes difficultés à me lancer dans des aventures de plusieurs tomes, (dont tu n’es pas friand cher Jérôme) je suis tout de même parvenue à lire deux trilogies qui me tenaient particulièrement à cœur. Sans surprise, elles se retrouvent dans ce Top Romans jeunesse 2015 auprès du grand Patrick Ness, du tant apprécié Guillaume Guéraud et de cette Madeline Roth fraîchement découverte (dont j’espère lire encore bien des pages…). De la littérature jeunesse qui répond aux exigences des grands textes: ceux qui vous glacent, vous transportent, vous marquent et ne prennent pas leurs lecteurs pour des cons. Des titres à mettre entre toutes les mains. Celles des convaincus, des encore-à-convaincre et celles de ceux qui aiment tant les mots et tous les possibles qu’ils nous offrent.

Des titres lus grâce à de jolis présents, à Hélène, ma doc de choc et à Soizic et Vanessa. (Oui, si j’évoque Ness ou Guéraud, je dois nécessairement évoquer Vanessa, c’est comme ça.)

Mon Top Romans de littérature jeunesse 2015

Quelques minutes après minuit – Patrick Ness

Une chronique rédigée pour le magazine Paulette.

Patrick Ness nous plonge avec stupeur et effroi au plus profond des craintes qui nous animent. Le monstre n’est qu’un prétexte, un effrayant prétexte certes, qui révèle avec subtilité nos angoisses enfouies. Ce texte vient remuer les entrailles et serrer nos cœurs saisis par la certitude que nos peurs ont quelque chose d’indomptable. Dans ce voyage métaphorique au sein des cauchemars d’un enfant, un combat singulier se joue, avec pour seul arbitre le pouvoir de la littérature, des mots et l’art si difficile de raconter des histoires. Patrick Ness excelle ici et malmène nos émotions. Dans un style moins complexe et obscur que d’autres de ses titres, il transporte le lecteur dans un univers noir et saisissant dont il ne sortira pas indemne.

Les Autodafeurs – Martine Carteron

Si je préfère me contenter des grandes lignes de ce récit d’aventure pour vous laisser découvrir l’enjeu de chaque tome, je peux vous assurer qu’il s’agit là d’une très bonne trilogie portée par une histoire haletante, riche de ses rebondissements et mystères comme on aime en trouver dans un tel genre. La force de ce livre repose également sur le magnifique personnage de Césarine, tellement à contre-courant dans le paysage littéraire. Cette « artiste » pas comme les autres, née sous la plume de Marine Carteron, fait partie de ces créations romanesques qu’on aimerait croiser plus souvent en littérature. Entre son comportement imprévisible et son besoin systématique de tout rationaliser, le lecteur ne restera pas insensible à ses propos souvent criants de vérité à la sensibilité insoupçonnable.  (Et sachez que l’on ne boudera pas son plaisir en suivant des personnages secondaires vraiment très attachants.)

A ma source gardée – Madeline Roth

A travers le récit éclaté d’une héroïne qui se perd, Madeline Roth couche sur le papier les troubles d’une jeune femme dépassée par ses émotions, malmenée par ce sentiment dont on ternit trop facilement la noblesse. Dans l’innocence brisée d’un été, la belle Jeanne crache sa colère, hurle ses douleurs, vomit ses désillusions. De la déclaration passionnée au complexe apprentissage du désamour, ses pensées confuses sont aussi le cheminement d’un renoncement, l’acceptation de laisser derrière soi, cette part d’adolescence ou cette part de nous qu’on s’est vu un jour contraint d’abandonner.

Plus de morts que de vivants – Guillaume Guéraud

L’annonce de la sortie d’un roman de Guillaume Guéraud est toujours accompagnée d’une excitation certaine un enthousiasme évident chez moi. Comme à chaque fois, le récit happe le lecteur et vous glace. L’histoire qu’il nous livre est portée par une narration crue et concise au fort potentiel cinématographique. Sans concession ni souci de préserver le lecteur, Guillaume Guéraud donne à ses textes une force palpable qui vous coupe du monde tant que la dernière ligne n’est pas lue. (Le point final vous permettant à peine de retrouver votre souffle). Évidemment, on s’attache avec une facilité déconcertante aux protagonistes malmenés sans vergogne, soumis à un jeu de hasard bactériologique insolent et dévastateur et l’on guette avec appréhension la moindre apparition d’un symptôme qui a tout d’une bombe à retardement… Indéniablement, les romans de Guéraud se lisent à la vitesse du sang qui gicle, et le pire/le meilleur (rayer la mention inutile) dans tout cela, c’est qu’on en redemande.

Refuges – Annelise Heurtier

Huit cris qui gagnent chaque fois en intensité, portés par une émotion terrifiante qui inonde chaque ligne, chaque mot. Le contraste est saisissant et met en lumière toute l’ambiguïté de cette île du salut, beauté terrible tiraillée entre ses terres paradisiaques et ses sombres rivages, cimetières où viennent s’échouer l’espoir et la soif de la liberté.

« Tout était de sa faute, depuis le début. Il avait ruiné ma vie, en avait fait un cri. Je n’ai jamais demandé à finir ici. »

Un jeu polyphonique à la force incontestable, servi par la plume d’Annelise Heurtier qui vous happe et vous prend aux tripes, mettant en lumière et en mots toute la douleur de ces Hommes dont on bafoue chaque jour l’humanité.

Hunger Games – Suzanne Collins

Difficile de chroniquer une trilogie en essayant d’en dire suffisamment pour vous convaincre de la lire tout en taisant les multiples rebondissements qui lui offrent une telle richesse. Voilà une série jeunesse particulièrement prenante et haletante qui soulève bien des questions de façon particulièrement intelligente sur le rapport au pouvoir, à la politique, à l’engagement (indignez-vous!) et à la médiatisation. Loin d’être lisse et conformiste, Suzanne Collins ne tombe pas dans l’écueil facile d’un univers manichéen et donne vie à des personnages d’une grande ambiguïté, d’une indéniable complexité.

 

20 réflexions au sujet de « TOP Romans jeunesse 2015 »

  1. Guéraud réservé dans une médiathèque, Ness à emprunter demain dans une autre et Heurtier qui voyagera dans la semaine pour rejoindre la plus proche de chez moi 🙂 … mais pourquoi les vacances sont-elles si courtes ?

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      1. Oui, mais sans aller aussi loin à mes yeux dans les enjeux de leur présence dans ce triste jeu. (La dimension politique, morale) Et toute la tension qui règne dans les choix des personnages donne une force particulière aux livres qui manque à mes yeux dans le film.

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  2. On en a aussi deux en commun. Et promis, je ne ferai plus de remarques sur les couvertures des autodafeurs 😉

    (Et ma grande pèpette terminé le troisième Hunger games. Elle les a dévorés ! Mais ce n’est pas pour autant que je vais lui chiper, on ne se refait pas…)

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