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Mon TOP Albums BD Jeunesse 2015

Parce que les mots sont encore plus beaux quand ils sont accompagnés de jolies images… Après mon TOP BD 2015, mon TOP albums et BD jeunesse 2015 rassemblant les titres qui ont fait battre mon cœur… Des livres croisés au hasard ou arrivés entre mes mains sur les conseils de mes libraires amiénois préférés. Une place de choix pour les Éditions de la Gouttière qui savent définitivement proposer des bijoux, un regard toujours émerveillé sur chaque titre de Mélanie Rutten, et l’univers d’Emmanuelle Houdart qui chaque fois me transporte. Pas de classement parmi toutes ces pépites, juste le plaisir d’en parler encore un peu et de vous inviter à vous laisser happer par ces histoires-là.

Le Noël de Marguerite – Desjardins et Blanchet

Désormais, la vie de Marguerite se raconte au passé. Pour elle, bien plus d’avant que d’après, bien plus de souvenirs que de projets. La vie n’est plus qu’attente un peu lasse et son visage au petit nez pointu jette de temps à autre un œil à la fenêtre pour regarder tomber les flocons et voir les maisons voisines s’animer en périodes de fêtes. D’ailleurs Noël approche et cette veuve touchante au chignon tiré à quatre épingles se réjouit de passer la soirée en tête-à-tête avec son poste de télévision. La maisonnée s’éveille: une table qu’on traîne jusqu’au confortable fauteuil, un plateau repas qu’on ouvre avec soin, le pop festif d’une bouteille qu’elle débouche avec ferveur… Une certaine idée de la fête, teintée de discrétion et dépourvue de folie douce. Alors, rien de plus déroutant pour l’incarnation de la routine, de voir son programme perturbé par un puissant Ding Dong qui retentit au bout de l’interminable corridor.

Abris d’Emmanuelle Houdart

Ce livre est tout simplement un bijou lumineux qui pétille, porté par une artiste qui pose un regard original sur des décors familiers en leur offrant une dimension étonnante sous son crayon si audacieux et excentrique. Enfin, si certains textes nous transportent pour leurs longues pages aux lignes délicates et envoûtantes, d’autres nous épatent pour leur éloquente concision. Emmanuelle Houdart donne ainsi naissance à un très bel album au grand format qui n’a besoin que de peu de mots pour être intense, fort, et furieusement nostalgique. Au fil des pages, comme un écho doux et chantant, l’abri se décline et de déploie au fil des âges, des temps forts de la vie. L’univers foisonnant de l’auteur (r)éveille le regard et nous surprend à chaque relecture. Un vrai coup de cœur! Et finalement, qu’ importe finalement l’abri, pourvu qu’on s’y retrouve, qu’on s’y blottisse et qu’on se laisse enrober d’une douceur qui n’appartient qu’à nous.

Les Sauvages – Mélanie Rutten

Un bijou signé Mélanie Rutten qui une fois de plus excelle dans l’art de me transporter vers un ailleurs aux mille teintes et qui fait de l’émerveillement un art de lire. Qu’elle écrive ou qu’elle dessine, cette artiste que j’admire tant offre à la littérature jeunesse ce qu’elle a de plus poétique parsemant chaque page d’une magie presque indescriptible. De l’ombre à la lumière, on se laisse porter, happé par ces prodigieux « petits riens » qu’on aime tant retrouver dans ses albums qui relèvent brillamment le défi de nous faire succomber à ce charme qui n’appartient qu’à elle. De la nuit noire et silencieuse aux doux instants oniriques jusqu’aux premiers sursauts du petit jour, l’aube sera indiscutablement à la hauteur de ses plus belles promesses.

Petits poèmes pour passer le temps – Kitty Crowther & Carl Novac

Autant de mots en italique dans cet article qui cachent bien des poèmes de Carl Norac. En regard, comme le plus beau des reflets, les dessins de la talentueuse Kitty Crowther qui valsent audacieusement avec les mots. Voilà un recueil lumineux, pétillant et original qui donne un peps incroyable à l’écriture poétique. Si cet album se lit et se relit, au gré de nos humeurs, en nous séduisant tantôt pour sa drôlerie acidulée, tantôt pour sa douce mélancolie, c’est aussi un beau livre qui se partage, se murmure, se glisse entre de petites et grandes mains pour en savourer le moindre trait, la moindre touche colorée. Un livre à ne pas cacher sur une étagère mais à laisser en évidence là où des regards curieux sauront le saisir en laissant la magie opérer. Ne serait-ce que pour se voir inlassablement conter le temps qui passe…

Cinq minutes et des sablés – Servant et Bonacina

Redonner à la Mort, le furieux goût de la vie, n’est-ce pas là la plus insolente des facéties, le plus périlleux des défis? Que Stéphane Servant signe un imposant roman adolescent ou quelques pages d’un pétillant album jeunesse, il parvient à conquérir son lecteur dans un tourbillon de mots et d’émotions qui forcent l’admiration. Voilà ici un album qui convoque tous les thèmes qui me touchent en littérature. L’héroïne, criante de réalisme s’autorise pourtant une valse interdite avec la Mort et nous arrache bien des sourires en nous rappelant l’importance essentielle des petits plaisirs et des petits riens qui se partagent.

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Kodhja de Thomas Scotto et Régis Lejonc

Lire Kodhja, c’est plonger dans les tréfonds de nos enfances perdues, de nos souvenirs ensommeillés, de nos cauchemars surmontés et de démons vaincus. Lire Kodhja, c’est retrouver cette part de nous à laquelle certains ont un jour renoncé, c’est accepter un instant de plus les drôleries absurdes et les déconvenues déconcertantes. C’est aussi, composer magistralement avec la douleur de l’abandon, en continuant de grandir, encore un peu, nous qui pensions que cette chance-là appartenait à un passé révolu. Merci infiniment messieurs Scotto et Lejonc , de faire partie de ces hommes de talent qui construisent, avec de tels trésors de papier, bien des forteresses littéraires enfantines. Les Kodhja en devenir auront ce quelque chose qui vous appartient un peu.

 Supers Dawid

Un coup d’œil furtif sur la chouette couverture suffira désormais aux fidèles lecteurs pour reconnaître ce trait plein de peps que je ne me lasse pas de retrouver. Si les ambiances chaudes et colorées signant l’atmosphère de ses précédents titres sont au rendez-vous, voilà que l’audace s’invite dans ses planches et que Dawid nous offre de très jolies parenthèses graphiques qui taquine nos petits repères et habitudes de lecteurs.  Au scénario, nous retrouvons avec plaisir Frédéric Maupomé – un des papas de l’intrépide Anuki – qui brise le silence habituel de ses cases et ses bulles pour un format plus ambitieux et autant dire qu’il donne un très beau souffle à ce premier tome très prometteur qui saura satisfaire les amateurs de récits de super héros. Vivement la suite !

Nora – Léa Mazé

L’univers de Léa Mazé, profondément enraciné dans une campagne sépia se voit chambouler par une dimension fantastique qui rompt avec le récit plaisant et charmant que laissent entrevoir les premières pages. La réalité laisse une place aux rêveries des enfants et l’on se plaît à suivre ses divagations au fil des planches. Ajoutez à cela des temps forts en émotions ponctués de dialogues à la dimension comique rafraîchissante.

L’Homme Montagne de Séverine Gauthier et Amélie Fléchais

Voyage métaphorique et poétique dans les méandres de l’esprit, Séverine Gauthier signe un merveilleux récit d’apprentissage. Celui qui conduit chacun de nos pas l’un devant l’autre vers les premiers coups durs, les premiers adieux. Deux générations qui s’aiment mais qui n’auront hélas que trop peu de temps à vivre ensemble. Cailloux et pierres, chutes, rencontres fortuites. La vie est faite d’instants grisants et déchirants et le chemin vers l’au-revoir peut être sinueux, comme pour mieux apprendre ou appréhender la douleur. Les bosses apparaissent entre deux roulades, comme une parade du corps face aux peines, aux angoisses et aux incertitudes. Et pendant ce parcours, insidieusement, nos racines se fraient aussi un chemin et nous attachent éternellement à ceux qui nous sont chers.

La Guerre des Lulus – Tome 3 1916 –

Régis Hautière, Hardoc. David François et Damien Cuvillier.

Il faut savoir être patient et ce tome 3 en est la preuve. Peu adepte des séries, je dois admettre que La Guerre des Lulus et Les Vieux fourneaux font exception et que je retrouve chaque parution avec un enthousiasme évident. Quel plaisir de suivre leur chemin et de voir à quel point ces albums parlent à merveille aux plus jeunes d’un thème qui n’est autre qu’un sale conflit d’adultes. De tome en tome, les traits de nos héros s’affinent, leur caractère s’affirme et eux aussi grandissent avec leurs lecteurs. Le rythme de l’histoire oscille entre les temps trop courts de calme et d’oisiveté et les poursuites dangereuses qui ne manquent pas de rebondissements et de piquant. Fidèle à son art toujours impeccablement maîtrisé de la chute, Régis Hautière joue avec nos nerfs et sait merveilleusement bien comment entretenir l’envie d’être encore et toujours au rendez-vous pour les opus suivants. Quand je lis cet album (et les précédents), je me dis que j’aurais adoré avoir dix ans pour grandir un peu moi aussi avec les Lulus, les laissant entretenir mon goût pour l’aventure, mon côté intrépide et mes envies d’escapades interdites. De dix à trente ans, l’écart n’est pas si grand, je peux oser croire que le plaisir est probablement le même…

Et vous? Quelles sont vos pépites 2015 dans cette catégorie ?

23 réflexions au sujet de « Mon TOP Albums BD Jeunesse 2015 »

  1. J’allais dire la même chose que Noukette, un top qui te ressemble vraiment ! 😉
    Je n’ai lu que Nora et la Guerre de Lulu et je les aime tous les deux.
    J’ai toujours un peu de mal avec l’univers d’Emmanuelle Houdart… contrairement à celui de Mélanie Rutten !!

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    1. Les dessins peuvent avoir quelque chose de dérangeant, presque de l’ordre du « malaise ». Ces corps, ces visages géants. Je penche du côté de ceux qui adhèrent à ce monde-là, un peu curieux je le concède.

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  2. A force de voir toutes ces magnifiques illustrations chez toi, ça me donne très envie de les découvrir aussi (tout comme les BD – voir mon com!). Pour le moment, je suis dans les « jeunesse » mais d’un niveau en-dessous encore, avec Stéphanie Blake que mon p’tit loup adore!

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