Et mon coeur fait boum·Je lis des albums·Que jeunesse se fasse...

Cinq minutes et des sablés – Stéphane Servant & Irène Bonacina

Son visage ne trompera personne. Ni le tic-tac de la pendule qui égraine les minutes et les secondes, ni le silence qui règne dans la maison trop vide de vie. Cette petite dame n’a plus que la solitude comme unique refuge et tout la conduit à penser qu’il est temps pour sa dernière compagne de venir la chercher. La Mort, au volant de son rutilant bolide n’a plus qu’une chose à faire: quelques toc-toc sur la porte d’entrée, et la voilà qui s’invite pour une dernière danse.

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ce face-à-face singulier n’effraie pas notre petit bout de femme au visage creusé par le temps. Son étrange invitée est d’ailleurs courtoisement conviée à une petite pause thé qui n’aurait assurément pas la même saveur si elle n’était pas accompagnée de petits sablés au gingembre. Une exquise odeur s’invite dans le salon qui s’anime, vient délicieusement chatouiller les narines gourmandes et peu à peu défile un cortège qui n’a rien de funèbre… La maison s’emplit, de rires et de vie, d’odeurs et de mélodies. Toutefois, méfions-nous, si la joie et l’amusement donnent l’impression que le temps s’arrête, l’horloge elle, n’oublie pas que le temps passe hélas un peu trop vite…

Cinq minutes de plus ou cinq minutes de moins. Quelle importance?

Redonner à la Mort, le furieux goût de la vie, n’est-ce pas là la plus insolente des facéties, le plus périlleux des défis? Que Stéphane Servant signe un imposant roman adolescent ou quelques pages d’un pétillant album jeunesse, il parvient à conquérir son lecteur dans un tourbillon de mots et d’émotions qui forcent l’admiration. Voilà ici un album qui convoque tous les thèmes qui me touchent en littérature. L’héroïne, criante de réalisme s’autorise pourtant une valse interdite avec la Mort et nous arrache bien des sourires en nous rappelant l’importance essentielle des petits plaisirs et des petits riens qui se partagent. On se surprend à avoir envie de remplir notre cuisine d’odeurs gourmandes et sucrées, on passerait volontiers un peu plus de temps avec les gens qui s’éloignent bien qu’ils soient tout près de nous, on laisserait avec entrain nos pieds glisser et danser au rythme joyeux d’un air mélodieux.  Et si par un malheureux coup du sort, l’on avait oublié, le bien que cela faisait, on prendrait juste le temps de sourire un peu plus souvent.

Ce texte lumineux s’offre les jolies illustrations d’Irène Bonacina et autant vous dire que ce duo-là fonctionne à la perfection. Le trait simple a quelque chose d’enchanteur et rappelle les illustrations de Quentin Blake tout en y ajoutant un raffinement plein de douceur et de couleurs acidulées.  Rien de tel évidemment que ce bel univers riche d’humour et de malice, pour dire encore et encore combien il est doux d’aimer la vie.

Cinq minutes et des sablés

Stéphane Servant – Irène Bonacina

Didier Jeunesse

ISBN : 978-2-278-07798-4

32 pages / 13.10€

29 réflexions au sujet de « Cinq minutes et des sablés – Stéphane Servant & Irène Bonacina »

    1. C’est une publication jeunesse donc tu peux l’offrir sans problème aux enfants, (Classé dans la rubrique dès 3-5 ans sur le site Didier Jeunesse.) Si la mort est une des héroïnes, le jeu qui s’instaure entre elle et la petite Dame les amusera probablement beaucoup (Cela danse, cuisine, s’amuse…) Bref, ne pas hésiter une seconde. Et puis te l’offrir me paraît aussi être un beau cadeau. Ce texte résonnera autrement, mais tout aussi fort pour des adultes.

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  1. ça m’a l’air sublime ! je note demoiselle, et j’en profite pour te souhaiter de merveilleuses fêtes de fin d’année et surtout de très belles vacances !
    bisous ❤

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