Et mon coeur fait boum·Neuvième art

Les Nuits de Saturne – Pierre-H Gomont

Respirer. Profondément.
Regarder le ciel. Un instant.

Clovis sort de taule et regagne Grenoble sans plus attendre. Le visage marqué d’avoir passé trop de temps entre des murs trop étroits. Le corps comme une ombre qui erre d’une case à l’autre, mais pas n’importe quelle ombre. Une ombre déterminée, qui n’a d’autre envie que celle de goûter à la vengeance.

Clac, zip. Les vraies retrouvailles ne sont pas toujours celles auxquelles on pense. Les corps, la chair n’ont pas d’importance ce soir. Seul son Armington modèle 72 compte. Sa main l’empoigne et le voilà  revigoré de certitudes. Il est prêt.

Les Nuits de Saturne Pierre Henry Gomont

Foule rosée. Flous osés.

La nuit au Vendôme découvre les jambes des femmes et malgré  tous ces corps qui s’affolent sur la piste, seule Césaria, un plateau en équilibre sur les mains attire le regard de Clovis. Elle le suivra dans sa folle échappée, grisée par les risques d’une fuite en avant mouvementé et incontrôlable… Curieuse, amoureuse, voleuse et audacieuse… Parce que le Clovis, elle l’aura dans la peau, dans la bouche et les tripes.

En montant dans cette voiture, Césaria ne savait pas qu’elle allait rencontrer l’amour fou. Et la mort, comme un petit jardin.

Pierre-Henry Gomont nous revient avec Les Nuits de Saturne album librement adapté du roman de Marcus Malte et offre à ses lecteurs un titre qui claque bien comme il faut.

Volupté sensuelle, nuits sombres et va-et-vient lascifs… L’érotisme latent gagne en intensité au fil des planches, que nos héros écorchés vifs se cherchent du bout des doigts ou à pleine bouche. Une histoire tracée par un pinceau qui excelle dans un joli jeu de suggestion charnelle d’une finesse rare.

Chaque page s’offre ainsi un découpage ciselé se jouant de la chronologie et entretenant habilement le rythme de la narration. L’histoire est aussi  prenante que surprenante et chaque planche se paie le culot d’une magie visuelle qui régale le lecteur. Jeux sur les flous, les lumières et les ombres: on retrouve le trait découvert – et tant aimé – dans Rouge Karma tout en s’émerveillant de ce sens de l’esthétisme plein de nuances dont seul monsieur Gomont a le secret.

Si peu attirée par les polars -que j’ai même tendance à fuir- , je suis prête à revoir mon jugement s’ils ont tous la force de ce titre-là. Chapeau bas.

Césaria l’a pansé, soigné, ramené à la vie. Elle a léché ses plaies, bu et recraché le poison.

Le blog de l’auteur : clic !

Autres albums de Pierre-Henry Gomont sur le blog : Rouge Karma

1/6
BD de la semaine Chez Yaneck
BD de la semaine
Chez Yaneck

Les Nuits de Saturne

Marcus Malte – Pierre Henry Gomont.

Sarbacane

22€50 / 160 pages

35 réflexions au sujet de « Les Nuits de Saturne – Pierre-H Gomont »

    1. Alors détrompe toi, bien que lire le roman avant soit chez moi un passage incontournable, j’ai cédé sans complexe à la tentation et je ne le regrette pas. J’ai même très envie de lire le roman pour le coup, chose qui arrive rarement.

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