David Smith est un artiste en mal de reconnaissance. Après avoir été auréolé de gloire, soutenu par un riche investisseur, il comprend vite le goût amer des succès éphémères et prend conscience de la fragilité du piédestal doré sur lequel la scène artistique new yorkaise l’a placé.
Ruiné, quelques dollars en poche et des principes plein l’esprit, il noie son désarroi dans l’alcool sur le canapé en cuir d’un diner bon marché. Surgit alors un visage familier, comme une note d’espoir dans un quotidien bien morne. La promesse de l’oncle…
Au fil de la conversation, David avoue être prêt à donner sa vie pour qu’on le reconnaisse enfin en tant qu’artiste. Ainsi soit-il… Comme Faust l’a fait avant lui, il scelle un pacte fantastique avec ce diable presque sympathique et reçoit la faculté de maîtriser tous les matériaux, de dompter n’importe quelles matières pour les rendre grandioses et merveilleuses. L’acceptation de ce don singulier déclenchera un décompte macabre puisqu’il signera son arrêt de mort. Deux cents jours. Pas une minute de plus, mais juste le temps nécessaire pour graver son nom dans les mémoires.
Amoureux de l’Art plus que de sa propre vie, il ignore toutefois qu’il s’apprête à faire une rencontre éblouissante: Meg, une brune mystérieuse qui dissimule bien des blessures derrière une forte personnalité. Le temps qui lui reste devient alors une obsession. D’un côté, ses mains créent et donnent vie à la matière et la ville de New York devient la plus belle des mottes d’argile pour laisser s’exprimer ce don époustouflant. De l’autre côté, un autre apprentissage se joue: celui de la découverte de l’amour fou et inconditionnel, des corps qui se frôlent pour mieux exulter. Quel équilibre trouver alors entre ces deux passions qui vous grandissent et vous électrisent ? Quelle place accorder à l’Art, à sa valeur? Voilà un récit qui interroge notre rapport au temps, aux gens qui comptent et qu’on doit apprendre à quitter alors même qu’il n’y a de place que pour eux dans notre vie.
Tic, tac, tic, tac. Écoutez… La vieille pendule presque silencieuse au mécanisme capricieux invite chacun de nous à prendre le temps de vivre.
Un compte à rebours narratif orchestré avec brio qui n’échappe pas à quelques longueurs mais qui prend le temps de sculpter avec talent chaque personnage, chaque situation. Le trait noir, délicat et ciselé de McCloud se voit adouci par des nuances bleutées venant jouer sur les reliefs et les jeux de lumière, enrobant de douceur les visages ou les rues de cette ville qui ne dort jamais. Les planches fourmillent de détails et de jolis clins d’œil (De Miyazaki à Antigone et j’en passe…) Enfin, sans être une grande lectrice de comics, j’ai souvent ressenti l’atmosphère de cet univers que je méconnais mais qui semble allégrement s’inviter dans certaines planches, rappelant ainsi que New York est décidément la ville parfaite pour être le théâtre majestueux des folles ambitions artistiques du protagoniste. Super héros d’un art que lui seul maîtrise, il s’approprie la ville pour mieux masquer l’angoisse de l’échéance qu’il redoute. Et cela fonctionne à merveille puisque nous restons suspendu à ce décompte insolent, retenant notre souffle à chaque instant, emportés dans ce tourbillon du temps qui étourdit de manière vertigineuse.
L’avis d’Antigone, d’Yvan, Mo, Yaneck.
Le Sculpteur – Scott McCloud
18 Mars 2015
ISBN: 978 2 36981 124 4
496 p / 25 euros
Je viens de le recevoir et j’ai hâte de le lire (ce week-end). Ton avis me mets l’eau à la bouche 🙂
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Alors savoure ce pavé new yorkais chère Steph.
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Qu’est ce que j’aime cet album !!!!
Tu en parles très bien.
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Tu mentionnes ton coup de coeur pour un tel roman graphique (depuis Blanckets) et je trouve justement qu’il y a un peu de Craig Thompson là-dedans.
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Je ne te lis qu’en diagonale, j’ai encore ma chronique à faire pour la semaine prochaine. Bon, en même temps, c’est moi qui ai écris l’article sur le bouquin dans le dernier zoo….
Bref, je suis ravi de voir Scott McCloud défendu sur la blogo.
Pas comme si le nom de mon blog venait de lui… ^^
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J’ai vraiment été agréablement surprise par cet auteur dont je ne connaissais que les ouvrages « réputés ». J’adhère totalement au point d’avoir ressorti mon Faust étudié en fac et demandé conseil à Yvan pour des comics tout dernièrement…
Et tu m’apprends quelque chose pour ton nom de blog… Je vais creuser la question.
Et bien sûr, je viendrai lire ton article avec plaisir. 😉
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Chroniques de l’invisible…. L’art invisible…. Voilà la référence ^^
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J’ai eu l’occasion de feuilleter ce titre à l’asso en effet. 😉
Merci pour les précisions 😉
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Mc Cloud est sans doute le plus grand théoricien de la BD à l’heure actuelle. J’admire sa prise de risque et j’aimerais vraiment beaucoup mettre le nez dans cet album.
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Pas très inspirée cette fois ci.
Je passe.
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C’est dommage parce qu’il vaut le coup d’oeil.
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Je vous fais tous confiance ! Je note. J’aime le scénario et je suis sûre qu’il plaira à Mister B. ! Merci
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Alors bonne lecture Syl !
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Je note aussi !
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Je te la conseille vivement…
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L’histoire a l’air prenante. J’essaierai de me souvenir du nom.
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A noter ici ou là… 😉
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Je ne suis pas tellement tentée. Le bleu omniprésent me gêne un peu…
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Je suis assez fan de la bichromie en général. C’est curieux puis vraiment saisissant au final.
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Bon bon bon voilà un titre de + sur ma liste de BDs à lire… 🙂
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Je ne me lasse pas d’en ajouter régulièrement… 😉
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Je le veux !
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Je peux comprendre…
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Le bleu est donc une couleur chaude…..
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Parfois, oui… 😉
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les planches que tu montres, ça donne drôlement envie!
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Et encore, il y en a que je « cache » pour vous laisser quelques surprises graphiques assez dingues.
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ça sculpte très très fort chez rue de sèvres dans leurs dernières publications en ce moment ! Celle ci semble fort intéressante 😉
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Ah ça oui, ils se construisent un très chouette catalogue…
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J’ai lu un article sur cette BD qui m’avait donné envie et ton billet achève de me convaincre. Je n’aime pas bien les comics avec types en justaucorps jaune et bleu, mais ceux-là m’intéressent beaucoup. Merci pour ce conseil.
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C’est vrai que ce titre donne une belle dimension aux comics. J’espère que tu aimeras.
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Comme j’ai envie de la lire cette BD !
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N’hésite pas, elle vaut le coup d’oeil.
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Waou, vous me donnez l’eau à la bouche toi et Antigone, déjà le dessin me plait, quand au sujet encore plus…. Je veux la lire ;0) Bisous
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Tous les éléments que tu cites en font une très belle BD.
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Très joli billet ! Je viens de le lire et suis d’accord avec vous : des longueurs mais un album intéressant (bien que pas indispensable à mon sens).
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