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Bigoudi – Perret & Mourrain

Bigoudi dans NYC

Bigoudi est haute comme trois pommes, toujours tirée à quatre épingles, brushée à la perfection et vit dans la grisaille new yorkaise où la seule lumière provient des carrosseries rutilantes des fameux taxis jaunes. Ses journées sont souvent les mêmes, harmonieusement orchestrées  et synonymes de rencontres, balades et petits rituels qu’elle partage sourire aux lèvres avec son compagnon de toujours : Alphonse, un bouledog français fier de sa maîtresse dynamique et coquette. Un café chez Luidgi, une retouche capillaire chez Orlando, une petite gourmandise chez Georges, un thé-poker chez Béatrix, un hot dog à l’entrée de Central Park. Le plaisir du quotidien, le confort de la routine, le bien-être partagé.

Les journées de Bigoudi et d’Alphonse démarraient en trombe et sans trace d’oreiller sur la joue.

Un grand capuccino double crème goût caramel

Un matin, un grain de sable vient perturber cette mécanique bien huilée. Alphonse s’endort sur le tapis pour ne plus jamais bouger d’un poil. Le monde de Bigoudi s’effondre et ses larmes inondent chaque endroit où elle erre sans son ami tant aimé. La perte de son chien chéri la dévaste et la seule parade qu’elle trouve à sa peine est de se couper du monde. Mieux vaut ne s’attacher à personne pour se préserver de la moindre souffrance. Une philosophie de vie qui trouvera ses limites.

Alors, elle ferma sa porte à double tour. Et se dit qu’enfin elle était à l’abri. Qu’elle était plus heureuse comme ça. Oui, vraiment heureuse.

Fable moderne teintée de gris et de quelques touches colorées, Bigoudi dit la douleur de la perte, la peine du silence de l’absent. Un compagnon de toujours, un ami qui part, un amour qui s’éteint: peu importe la peine pourvu que la douleur s’exprime.

Ce petit livre s’autorise à dire que les adultes aussi ont le droit de pleurer, de s’enfermer dans un manteau de larmes et d’attendre les jours meilleurs. Tantôt drôle, tantôt émouvante, servie par un trait minutieux et fourmillant de ces petits détails qui accrochent nos yeux d'(e grands) enfants, cette histoire nous rappelle que la vie est aussi faite de ces deuils dont on finit par se relever. Après le déluge de larmes, la luminosité d’un sourire espiègle et la certitude que la vie ne peut se contenter d’une solitude apprivoisée.

Le blog de Sébastien Mourrain.
Le site de Delphine Perret.

Bigoudi – Delphine Perret & Sébastien Mourrain

Les Fourmis rouges

ISBN : 978 2369 020219

37 p/13€80

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