Neuvième art

Le Livre des nuages – Fabienne Loodts

Le livre des nuages.

Tatiana, une jeune mexicaine, a quitté son pays natal pour faire ses études à Berlin. Elle finit par s’y installer et ses différents petits boulots la conduisent jusqu’au professeur Weiss qui souhaite trouver une personne capable de transcrire ses travaux de recherche. Une errance en entraînant une autre, elle croise – entre deux missions – la route d’un jeune météorologue captivé par la poésie d’un ciel nébuleux, séduit par la complexité des caprices célestes. Elle rompt alors avec la solitude de ses journées et apprécie de le retrouver lors de virées nocturnes au cœur de la capitale.

Voilà des bribes de quotidien qui se tissent au fil des planches et tout au long d’un récit fait d’ellipses et de silences... Tatiana déambule dans cette ville auréolée de mystère et invite le lecteur à la suivre dans ses pérégrinations. Les allées pavées et les boulevards brumeux se teintent alors d’un gris percutant et poussiéreux sous un trait au charme fou et à la mélancolie douce.

Grisaille allemande.

C’est probablement cette ambiance graphique qui m’a le plus conquise dans cet album qui a parfois trop tendance à céder à l’appel d’une lente narration contemplative, dépourvue de tout but, de tout dynamisme, parfois piquée par quelques soubresauts fantastiques. Nous délaissons ainsi facilement le fil du récit pour scruter chaque vignette magistralement comblée par le crayon. Berlin se colore alors d’une obscurité parfois étouffante qui n’est pas sans évoquer les villes gagnées par le pesant spleen baudelairien. Comme l’héroïne qui ne trouve jamais totalement ses marques à des milliers de kilomètres de chez elle, la ville est à la fois prisonnière de son passé tout en avançant à pas feutrés sur le chemin d’une réelle émancipation… Elle doit renaître de ses cendres, masquer les cicatrices de béton afin de gagner sa part de modernité et ce malgré les démons et fantômes qui ne cesseront la hanter.

Quand j’étais petit, l’observation du ciel était la seule activité qui me donnait un sentiment de liberté (…). J’imaginais que j’avais un jardin de nuages que je nourrissais chaque jour. Et quand les nuages étaient grands et forts… je les détachais de leurs racines… et les laissaient s’envoler dans le ciel. (…) Une fois dans le ciel,cependant, le nuage devait accepter que sa vie serait éphémère. Vous savez une existence entière pourrait se réduire à ça, monter doucement rejoindre un banc de nuages, se fondre dans le lent troupeau… Et, en quelques instants, sans avoir laissé la moindre empreinte dans le monde, rendre à l’atmosphère les éléments brièvement empruntés.

Miroir-trottoir.

Un grand merci à ma Dom pour ce cadeau. ♥

La chronique d’OliV.

Le site de Fabienne Loodts

Le Livre des nuagesFabienne Loodts

D’après le roman de Chloé Aridjis

Editions WARUM

BD de la semaine Chez Yaneck 16/20
BD de la semaine
Chez Noukette
16/20

38 réflexions au sujet de « Le Livre des nuages – Fabienne Loodts »

  1. L’auteure ne laisse aucun espace vide. Je me suis déjà laissée surprendre par ce type de graphisme un peu enfantin, un peu biscornu. J’avais bien accroché. Cet album me tente beaucoup

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  2. Force est de constater que je me laisse souvent avoir par les récits contemplatifs et passif pour lesquels, on passe du temps à bien regarder les images … et comme ces images que tu nous montres me plaisent, ce livre me tente beaucoup.

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  3. Je le note, mais pas pour l’histoire, que je risque de trouver ennuyante, mais les dessins sont terribles, et finalement je vais peut-être me laisser emportée. Le titre ,on ne peut pas l’oublier.

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