« Hélas, ma Chère Adèle,
il n’y a plus de mots pour décrire ce que je vis. Gustave. »
Plus de mots non. Mais des pages à la couleur qu’ont les souvenirs lorsqu’on les mélange à la boue, lorsqu’on les noie sous une terre sale qui se nourrit de pluie et de sang.

Plus de mots. Mais des images qui suggèrent bien des bruits. Ceux des entrailles béantes de la terre dévastée sous le poids des obus, ceux plus discrets, furtifs, des herbes qui se couchent sous les pattes du lièvre qui fuit les champs de bataille, ceux du bruissement d’ailes du charognard en quête de son gargantuesque festin d’hommes brisés et broyés, ceux du ciel en furie qui ne joue même pas à nous faire croire qu’il ne s’agit que d’un feu d’artifice, ceux des pas dans la neige sous les bottes des soldats qui attendent que la vie s’échappe, ceux de la vermine qui grouille et annonce la mort qui se cache dans la poussière et s’enroule autour des fils barbelés.
Plus de mots. Mais le silence des pages. Le silence des portraits, de la fierté déchue et muette, des visages figés qui taisent les cris et les douleurs, le silence qui suit le dernier souffle, le silence de la terre qui ne peut se réjouir du calme qui règne après la tempête, le silence de l’absent qu’une femme redoute à des kilomètres de là, le silence d’une lettre morte. Et, inévitablement, le silence du lecteur, bouleversé face à l’émotion qui émane de cette œuvre-là.

Nous feuilletons, lentement, ces grandes pages qui se veulent « une minute de silence à nos arrières grand-pères courageux » et qui disent la Grande Guerre entre pudeur et images glaçantes. L’horreur se paie même le culot d’être sublime sous le crayon de l’artiste et ce livre fait sans conteste partie des albums à la terrible beauté qu’il faut retenir et distinguer des publications massives liées aux commémorations du Centenaire. A mettre entre toutes les mains.
Thierry Dedieu sera ce samedi, à partir de 10h3o,
en dédicace à la Librairie Pages d’encre d’Amiens.
Pour ceux intéressés par ce thème, je vous invite à découvrir l’excellent collectif des Editions de la Gouttière Cicatrices de guerre(s) chroniqué ici.
Une lecture qui s’ajoute au défi consacré à la Grande Guerre chez Stephie.
Et c’est en ce moment sur nos terres picardes, grâce au CR2L: Les animaux dans la Grande Guerre.
Pour vos oreilles : Une lettre oubliée. Juliette et G.Depardieu. ♥

Intense. Poignant. Pas de mots. Juste des images qui percutent.
Ta chronique est magnifique, tout comme cette œuvre !
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Merci beaucoup. Il fallait choisir les mots qu’il faut pour évoquer un tel album…
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Illustrations et mots magnifiques ! Comment ne pas être tenté ?
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J’attends donc ton avis Miss Cristie.
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Je l’ai feuilleté un nombre incalculable de fois.
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Je pense que cela m’arrivera aussi.
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Ce doit être prenant.
Des images peuvent être plus remuantes que des mots.
Je suppose que tu seras aussi à la librairie ?
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C’est le cas ici. Et bien évidemment, j’étais à la librairie. 😉
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Un album, quasiment sans texte, qui rend hommage au courage et à la souffrance des poilus de la grande guerre. Ce livre est à la fois magnifique et bouleversant !
Bravo pour ta chronique !
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Merci, nos avis se rejoignent totalement!
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Les images que tu mets sont très fortes et donnes envie d’en voir plus.
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Je pense que tu aimeras donc beaucoup l’album.
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Une merveille cet album…
Je reçois la lecture spectacle dans le cadre du CR2L.
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Oh la chanceuse. Cela va être un très beau moment.
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Les albums de Dedieu m’impressionnent toujours. Beau billet pour saluer celui-ci.
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Oh merci Camille pour cet article! Je note la référence, cet album sera un jour dans mes mains puis ma bibliothèque personnelle! Peut être plus vite que prévu, je colle des prépas scientifiques et le thème de l’année est la guerre, quel beau prétexte pour faire tout doucement flamber ma CB… Bises et si contente de te relire!
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