Challenge accepted !·L'Art du Roman

Le vieil homme et la mer E.Hemingway

Le vieil homme et la mer  E.Hemingway.

« Le mur autrefois s’ornait d’une photographie en couleurs de l’épouse elle-même, mais le vieux, quand il la regardait, se sentait encore plus seul. Il l’avait rangée sur l’étagère du coin, sous sa chemise de rechange.« 

Il a apprivoisé la solitude. Depuis longtemps, il n’est plus « l’époux » et la mer est devenue son unique maîtresse, sa tendre passion. Les seules escapades qu’il s’autorise sont ses journées de pêche à bord de son petit bateau de fortune et ses parenthèses au large des côtes cubaines lui remplissent les poumons d’un air salé qu’il chérit tant, qui le rassure. Quand il rentre au bercail, le jeune Manolin lui tient compagnie. L’enfant veut connaître la mer et ses tourments, veut savoir pêcher comme un vieux loup de mer. Il regarde ce vieil homme avec l’admiration qu’on n’accorde qu’à ces aînés qui fascinent, émerveillent. Il comble les silences et soutient le vieil homme quand la morosité le guette. Il maintient cet équilibre précaire et veille sur lui comme le bon pêcheur surveille le flotteur au bout d’une ligne prête à s’enfoncer subitement dans les flots.

« La chemise du vieux avait tellement de pièces qu’elle ressemblait à la voile de sa barque; ces pièces avaient pris en se fanant mille teintes variées. La tête, elle, était très vieille. Ce visage aux yeux fermés n’avait plus l’air vivant. »

Dans ce récit d’une sobriété incroyable, Ernest Hemingway nous livre ce qui sera sa dernière œuvre. Son héros, entre sagesse et déraison, s’offre une dernière danse avec l’océan, comme un dernier espoir de ne pas revenir bredouille. Vagues qui ondulent sous la barque de bois, noirceur profonde d’une nuit toujours trop longue, sempiternelle lutte des éléments, ultime sérénade du grand large : cette échappée maritime l’entraîne dans un tourbillon éreintant, dans un jeu de domination suprême où la nécessité de rester en vie sera le seul mot d’ordre. Dans un duel fusionnel avec la mer, le vieil homme n’aura d’autre choix que d’abattre ses dernières cartes face à celle qui ne le ménagera pas une seule seconde.

« Il ne rêvait plus jamais de tempête, ni de femmes, ni de grands événements… Il ne rêvait que de paysages et de lions au bord de la Mer…« 

C’était une première fois entre Hemingway et moi. J’ai récemment lu Madame Hemingway de Paula McLain et le coup de foudre que j’ai eu pour ce livre m’a donné envie de me confronter à l’univers de cet auteur-là. Bien loin de l’agitation des troquets  parisiens, des frasques alcoolisées et de la réputation sulfureuse qu’on lui connaît, Ernest Hemingway signe là un roman au charme un peu désuet qui, s’il ne se distingue pas par ses multiples rebondissements, emporte le lecteur dans une belle histoire d’hommes. Qu’il s’agisse de ce fil de nylon solide et invisible qui unit le vieil homme et l’enfant ou de cette ferveur et cet amour de l’océan tumultueux, chacun y trouvera la part de poésie et de lyrisme pudique que seuls les grands classiques savent dévoiler. Une histoire captivante de simplicité durant laquelle se mélangent la bière, le sel et le sang.

Le vieil homme et la mer Hemingway

Traduit de l’anglais par Jean Dutourd

Folio Plus

ISBN 2070393941

131 p /5€

Un titre qui s’ajoute au challenge des classiques de Stephie.

Challenge de Stephie

25 réflexions au sujet de « Le vieil homme et la mer E.Hemingway »

  1. oufff ! une partie de pêche longue comme le roman ( même avec le duo des personnages , certes attachants , c’est long ).
    …le gros poisson qu’on attend plus pas plus que le requin
    gnac gnac ..qui dévore le gros poisson !
    non je ne le relirai pas , enfin je dis ça !
    je ne fais que passer pardon de déranger , mais je ne recommande pas cet ouvrage mineur par rapport à la force de l’adieu aux armes ( par éxemple ).

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  2. Ce texte résonne en moi d’une manière particulière. C’est le premier classique dont je me rappelle la lecture. J’étais en 6e, j’avais un prof de français épatant et je ne le savais pas encore mais il allait me donner le goût des jolis mots et l’envie d’enseigner.

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  3. J’avais lu plusieurs textes d’Hemingway il y a quelques années mais je n’avais jamais accroché. Je pense lire « Les neiges du Kilimandjaro », pour me faire un avis définitif.

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