» Est-ce parce qu’on ne sait plus vivre avec un homme qu’on saura pour autant comment vivre sans lui ? «
Retrouver Camille de Peretti. Après Thornytorinx, Nous sommes cruels (Réécriture savoureuse des Liaisons dangereuses de Laclos) voilà que sort Petits arrangements avec nos cœurs, un titre qui accroche le regard et pique tout autant la curiosité… Un roman autobiographique signé par une éternelle amoureuse particulièrement tourmentée.
» Chaque fois que nous nous retrouvons, il m’attendrit. Je m’empresse de tuer ce sentiment dans l’œuf. J’ai promis de me méfier des hommes. »
Elle a 16 ans et rencontre Stanislas. Elle ne sait pas encore qu’elle va lui briser le cœur et qu’elle sera son premier grand amour. Elle ne sait pas encore qu’elle le retrouvera, des années plus tard, dans les hautes sphères de la City pour vivre à Londres avec celui qui n’espérait plus qu’elle resurgisse dans sa vie. Très jeune, Camille fait de l’amour un jeu, elle y prend parfois goût mais souvent le cynisme et les sarcasmes l’emportent. Elle n’a rien d’une femme volage mais elle suit son cœur et sait aimer éperdument. Elle consigne d’ailleurs dans un carton, des enveloppes portant le nom des hommes qui ont marqué sa vie. Que voulez-vous, Camille écrit, et cette boîte contient tant d‘histoires en devenir qui pourraient être couchées un jour sur du papier…
« Nous ne vieillirons pas ensemble… Mon amour, je sais qui vous êtes vous avez brisé mon cœur une fois pour qu’il ne puisse plus servir à personne et, ironie du sort, même pas à vous…«
Elle a 25 ans et vit à cent à l’heure avec ce jeune trader qui lui offre tout. L’argent et l’alcool coulent à flot dans ce foyer doré qu’elle transforme et recrée à son goût. Comme il est doux et simple de vivre une vie de bohème sans pour autant être une artiste maudite et crève-la-fin. Cette vie lui donne ce qu’elle désire, son Stanislas l’aime assez pour entretenir son orgueil et son ego et elle s’offre un luxe inestimable : le temps. Elle peut lire, écrire, flâner dans les rues de Londres et vivre au gré de ses fantasmes artistiques et littéraires. Mais ce quotidien fou, excessif a le goût âcre et amer de la désillusion. Les masques tombent et nos amants perdent de leur folie. L’ennui guette, et vient déposer quelques gouttes acides sur les rouages d’une vie de fêtes et de voyages. Il faut se méfier des superlatifs qui trop souvent ne sont que poudre aux yeux. Vient alors le temps de la dernière chance, suprême relent d’espoir. Cette traversée des États-Unis comme fantasme absolu, comme ultime tentative de sauver ce qui depuis bien longtemps n’est plus. Mais là encore tout manque de saveur, d’imprévu, d’insouciance et de folie. Camille va devoir se résoudre aux adieux. Et là encore, rien n’est simple.
« Les gens accordent beaucoup de prestige à la douleur, comme si elle grandissait, comme si d’elle naissait la poésie. Mais la douleur annihile. De la douleur véritable, il n’y a rien à dire. Quand les mots arrivent, la moitié du chemin de consolation est parcouru. Les mots sont les pires hypocrites car ils masquent, immanquablement.«
C’est le récit d’un amour qui s’essouffle et s’éteint que Camille de Peretti cherche à dépeindre. C’est le roman d’une descente aux enfers mais aussi d’un remède contre l’oubli. Que faire, que dire quand l’amour ne suffit plus ou semble presque « être de trop » ? L’auteur dissèque alors la rupture : elle dit de sa plume tranchante la douleur qui anesthésie et n’hésite pas à se montrer antipathique et détestable, manipulatrice, capricieuse et incertaine au risque d’agacer terriblement son lecteur… Et pourtant. Comme les mots sont justes, comme elle dit l’éloignement insidieux qui s’installe avant même que l’on en ressente les effets dévastateurs. Comment un amour si intense – bien que souvent mis à mal – peut-il à ce point s’étioler et lui échapper ? En quelques mots, elle parvient à dire avec une concision impeccable ce que d’autres mettent parfois tant de temps à formuler… Une plume tantôt pudique, tantôt excessive qu’il me plait à chaque fois de retrouver et je ne cache pas que cette lecture me touche en bien des points tant elle porte en elle de tristes échos. Une lecture qui, dans une certaine mesure, te rappelle aussi un peu à moi. A nos voyages, à nos errances, à nos ivresses, à nos fuites et nos frasques. A nous, qui n’avons eu de cesse de tenter, en vain, et surtout sans succès, de trouver ces petits arrangements avec nos cœurs.
Une lecture que je partage avec L’Irrégulière, Jérôme, Noukette.
Un coup de cœur pour le très bon magazine Muze et un article d’Antigone.

Un nouveau titre pour le Challenge amoureux de L’Irrégulière.
Petits arrangements avec nos cœurs
Camille de Peretti
231 p / 18,50 €
Je dois dire que je trouve tout simplement ta critique transcendante, juste et exprimée d’une simple mais très jolie façon. Je n’avais jamais encore entendu parler de ce roman auparavant mais tu m’as vraiment donné envie de le commencer et je le note de suite dans mes livres à lire! Ça a l’air d’être un bouquin vrai avant tout et réaliste, ce qui me plait beaucoup. Merci à toi pour la découverte.
J’aimeJ’aime
Merci pour ton message, ça me touche beaucoup ce que tu dis là. J’espère que tu apprécieras de découvrir ce titre comme moi…
J’aimeJ’aime
Tu en parles très bien. Une fort belle écriture, on est d’accord. Pour le reste, ce texte n’était tout simplement pas pour moi.
J’aimeJ’aime
Merci… Je pensais à toi en le lisant et j’ai rapidement eu la certitude que tu n’aimerais pas cette histoire.
J’aimeJ’aime
Pas pour moi je pense.
C’est rigolo, tu as le don de toujours donner envie de lire un roman.
J’aimeJ’aime
J’aime les histoires tourmentées qui me rappellent (un peu trop) la mienne.
#Lafillequilisaitdeslivresaulieudeconsulterunpsy
J’aimeJ’aime
(Ceci dit merci ! 😉 )
J’aimeJ’aime
Il ne va pas rester longtemps sur ma PAL 😉
J’aimeJ’aime
Les avis étant très partagés, j’ai hâte de savoir ce que tu en penses. 😉
J’aimeJ’aime
Nous sommes en phase… j’ai bien envie de découvrir Nous sommes cruels !
J’aimeJ’aime
J’étais sûre que Jérôme n’aimerait pas mais j’aurais été surprise que tu ailles dans son sens.
Je te conseille vraiment Nous sommes cruels. J’ai adoré !
J’aimeJ’aime
Je peux comprendre l’écho que tu as pu y trouver oui… Pour moi ça restera une lecture agréable, mais pas inoubliable non plus. Cela dit, c’est typiquement le genre de roman qui entraine des avis contrastés…
J’aimeJ’aime
Et finalement c’est une palette contrastée que j’ai aimé découvrir au fil des billets.
J’aimeJ’aime
Je n’ai jamais lu de Camille de Peretti…
J’aimeJ’aime
J’ai adoré sa réécriture des Liaisons dangereuses.
J’aimeJ’aime
Ton billet est très beau (et sensible j’aime ça) et sait dire ce que j’ai trouvé aussi de précieux dans ce livre… 😉
J’aimeJ’aime
Merci Antigone. Il faut dire que ce titre contient de merveilleuses pages…
J’aimeJ’aime
» Est-ce parce qu’on ne sait plus vivre avec un homme qu’on saura pour autant comment vivre sans lui ? »
Cette première phrase m’a fait l’effet d’un électrochoc, tu me touches en plein coeur…
J’aimeJ’aime
C’est une des perles dévastatrices qui m’a également fait cet effet.
J’aimeJ’aime
certains aiment, certains moins, il ne me reste qu’à me faire mon propre avis 🙂
J’aimeJ’aime
Je le lirai avec plaisir !
J’aimeJ’aime
Plus je vous lis, plus il me tente… et les avis partagés, au contraire, ça me motive, c’est bien plus intéressant que des avis unanimes (qui font que je suis parfois déçue…)
J’aimeJ’aime
J’aime définitivement la plume de Camille de Peretti…
J’aimeJ’aime
Un petit mot pour te dire que ton billet est superbe Moka.
Haut les coeurs ♥
Bises,
J’aimeJ’aime
Une auteure qu’il faut que je découvre (encore dune….)
J’aimeJ’aime
Tu es bien la première à me donner envie de le lire, et pourtant il ne me tentait pas du tout… Mais les extraits et tes mots seraient plutôt pour me faire pencher du côté pour ;0) Et hop, dans vos billets les plus inspirants :0)
J’aimeJ’aime
Ah ça, ça me fait très plaisir !
J’aimeJ’aime
Ah les tourments de l’amour … un sujet que l’auteur maîtrise, un roman addictif … même si au final l’histoire m’a davantage perturbée qu’autre chose, tant la vision de l’amour éphémère correspond à ce que je pense … (et j’aimerais mieux qu’on me démontre le contraire. 😉 )
J’aimeJ’aime
J’aime quand Camille nous parle d’amour comme ça. Son cynisme ne vient pas non plus arranger ma vision des choses mais je dévore chacun de ses titres à chaque fois.
(Mais, je veux bien aussi qu’on me prouve le contraire évidemment.^^)
J’aimeJ’aime
Et je me retrouve aussi en elle … cette façon de se lasser de l’autre sans pour autant pouvoir m’en détacher … Bref, quel autre titre me conseilles-tu ?
J’aimeJ’aime
Sa réécriture des Liaisons dangereuses : Nous sommes cruels.
J’aimeJ’aime
Super, noté ! 🙂
(ça ne va pas arranger les choses, mais bon ! :P)
J’aimeJ’aime
Ah ça non… Pardon 😉
J’aimeJ’aime