Vous avez dit culture ?

Mapplethorpe au Grand Palais.

Robert Mappelthorpe

 » I’m looking for perfection in form. I do that with portraits. I do it with cocks. I do it with flowers. »

Corps nus - Mapplethorpe
Le Corps sculpture – Mapplethorpe

 » J’ai une admiration sans limite pour le corps nu. Je le vénère.« 

Du noir, du blanc. Parenthèses grisées. Deux longs couloirs pour 250 clichés. Les courbes des corps nus, l’art de la contorsion qui révèle les muscles saillants, qui dévoile la chute de reins, les culs rebondis et parfaits. Les corps et les portraits ont sans conteste ce quelque chose de saisissant chez Mapplethorpe, du regard percutant aux impudiques sexes fiers. « Faire du corps une sculpture » à travers des clichés sensuels et charnels. Mapplethorpe considère la photographie comme une façon rapide de créer mais cela ne l’exempte pas de procéder avec la minutie d’une dentellière lorsqu’il pose son regard sur ses modèles. Et qu’il capture le galbe d’une silhouette masculine ou qu’il fige une fleur qui ne connaîtra jamais la fanaison, l‘allusion phallique n’est jamais bien loin. Le sexe se fait objet d’art et plus question de le cacher, bien au contraire. En face de ces natures vives et éclatantes, un pendant plus sombre sert de transition vers le couloir des portraits et des êtres qui ont croisé la route de Robert Mapplethorpe. Natures mortes revisitées, figures christiques, intemporelles vanités: la mort quant à elle, n’est jamais bien loin…

Patti Smith vue par Robert Mapplethorpe
Patti Smith vue par Robert Mapplethorpe

 » We were like two children, playing together, like the brother and sister in Cocteau’s Enfants Terribles. »

Comment évoquer Robert Mapplethorpe sans mentionner la divine Patti Smith ? Encore plongée dans Just Kids – que je ne veux pas achever tant j’aime cette histoire –  j’ai vraiment été touchée par ces clichés-là. Sûrement parce que derrières ces tirages, c’est l’incroyable histoire de ces deux grands artistes qui se dessine, mais sans mot cette fois. Patti en mouvement, d’abord héroïne d’une vidéo où elle apparaît drapée de blanc, cheveux ébouriffés, ange démoniaque. Face à elle, la sensuelle Lisa Lyon, transpirante d’érotisme. Ces femmes -entre autres – ont marqué la vie de l’artiste et le regard qu’il pose sur elles à travers ses photographies leur rend divinement bien. Nous parcourons alors une galerie de portraits, d’autoportraits, autant de visages sublimés par le photographe : Warhol, Iggy Pop, Susan Sarandon, Schwarzenegger… A [lui] seul, bien des personnages…

Des visages, des figures
Des visages, des figures…

 » Sex is magic, if you channel it right,

there is more energy in sex than there is in art.« 

Mapplethorpe Salle adultes
Salle EROS – Face à face.

Plus loin, en retrait, à l’abri des regards moins disposés à la confrontation aux images plus crues, se dévoile, derrière le rideau ajouré, un autre pan de la vie de Mapplethorpe. Son rapport au sexe et sa fascination pour lui sont déjà omniprésents dans l’exposition mais il était important de réserver à cet effet une section privilégiée qui mérite pleinement le nom d‘Eros. Collages, montages, clichés licencieux – qui n’échappent pas toujours au mauvais goût -, jeu de miroir ; c’est aussi l’artiste héritier de la beat generation qui s’exprime. La libération sexuelle d’un New York qui bouillonne trouve ici, au delà d’une simple expression, une forme d’accomplissement… De la volupté sur papier glacé.

Portraits
Un baiser, une danse, une étreinte : la proximité des corps et des êtres.

«  J’essaie d’enregistrer le moment dans lequel je vis, j’essaie de capter cette folie et d’y mettre un peu d’ordre. « 

Voilà donc une exposition qui a su me convaincre pleinement malgré sa brièveté. Après le choc visuel et artistique provoqué par l’exposition Willy Ronis au Musée de la Monnaie de Paris il y a quelques années, je suis de plus en plus attirée par l’univers très riche et souvent étonnant de la photographie, ce qui n’est pas sans m’annoncer encore de belles découvertes…

Pour aller plus loin : Mapplethorpe, une vie à New York, webdocumentaire.

Au passage, lecteurs du monde entier amiénois, un ami talentueux expose ses clichés à la Briqueterie du 14 au 28 avril. Il s’appelle Vincent, son blog est ici et je vous invite vraiment à découvrir son exposition qui vaut vraiment le déplacement. (J’en avais déjà parlé ici…)

Mapplethorpe, une vie à New York
Mapplethorpe, une vie à New York – le web documentaire – See more at: http://www.grandpalais.fr/fr/article/mapplethorpe-une-vie-new-york-le-web-documentaire#sthash.SIKCqvLO.dpuf
Mapplethorpe, une vie à New York – le web documentaire – See more at: http://www.grandpalais.fr/fr/article/mapplethorpe-une-vie-new-york-le-web-documentaire#sthash.SIKCqvLO.dpuf

Un Artiste, un mois. Chez Khadie Lit.

Pour vos oreilles : Perfect Day par Patti.

23 réflexions au sujet de « Mapplethorpe au Grand Palais. »

  1. Il y a tellement de belles expositions en ce moment à Paris dont celle-ci ,mais j’irai plutôt voir Mapplethorpe au musée Rodin où il exposé en ce moment aussi. On est gâté quand on n’a que l’embarras du choix!

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