Difficile de rester indifférent à ce regard sombre et pénétrant, à cette peau qui se mêle aux couleurs chaudes des tissus lumineux et soyeux. Voilà Bala, une jeune indienne de douze ans qui vit dans un petit village non loin de la rivière avec sa famille. Les jeux d’enfants n’ont cessé de rythmer son été mais c’est pourtant la solitude qui semble avoir eu raison de son insouciance. Elle s’allonge, songeuse, au bord de l’eau, avec cette moue déjà nostalgique et triste qui ne devrait pas exister sur le visage d’une enfant.
« Bala ne sait pas pourquoi ceux qu’on aime doivent si vite partir. »
Tout s’explique pourtant: sa sœur chérie a quitté le village pour le monde des adultes. Celui où les filles de treize ans doivent laisser derrière elles une enfance à peine vécue, où la candeur de l’âge laisse vite place aux exigences d’une société où tout arrive trop tôt. Pour la famille de Bala, ce jour de mariage était pourtant synonyme de grande fête, de joie, de festin et de musique. Bala est loin de ces réjouissances familiales. Est-ce le départ de sa sœur ? Est-ce le poids des questions qui s’emparent d’elle à l’aube de ses douze ans ? L’avenir qui lui est réservé serait-il donc tracé d’avance ? Quel homme l’arrachera de son cocon pour faire d’elle une femme qui n’aura eu pas le temps de grandir ?
Un jour, un petit bateau de fortune à la dérive gagne le rivage où Bala aime passer du temps. Au fond de la coque, une rencontre. Au fond de la coque, l’image de celle qu’elle ne voudrait jamais être…
Pendant ce temps, les saisons défilent et Bala grandit, avec en elle, la certitude de ne pas être de celles que l’on oblige à être adulte sans vivre son adolescence. C’est sans penser aux valeurs et traditions familiales qui sont souvent bien difficiles à bousculer…
Comment faire d’un sujet aussi lourd et sombre un album aussi lumineux? Elle grouille de richesses et brille de sa grandeur cette littérature jeunesse étonnante et foisonnante, celle qui ose sortir des sujets « attendus » et faciles tout en se faisant conteuse de merveilleuses histoires. Une fois de plus, Cécile Roumiguière signe un album d’une grande finesse et d’une grande intelligence. Nous voguons, sur cette rivière indienne, portés par les mots et les phrases qui disent parfois ce qu’il faut « savoir » entendre. Elle interpelle ses lecteurs en faisant le choix de personnages toujours très forts et particulièrement touchants. (Dois-je insister de nouveau sur la lecture du très beau « Fil de soie » ?) Quant aux illustrations de Justine Brax, que je découvre attentivement pour la première fois, que dire si ce n’est qu’elles donnent au récit de Cécile un caractère flamboyant. L’Inde est là, dans ses mille couleurs, à la fois dans sa diversité et ses singularités. Un album qui sait dire la découverte de l’autre, l’ouverture à une culture que nous méconnaissons mais c’est aussi un texte qui sait évoquer la condition féminine en toute subtilité. Ainsi, le lecteur voyage, s’empare d’un ailleurs qu’il fait sien au fil des pages grâce cette association d’artistes talentueuses. Vous l’aurez compris: un titre à lire, absolument.
Merci à ma Rousse pour le cadeau d’anniversaire…
Le site de Justine Brax. Celui de Cécile Roumiguière.
Rouge Bala Cécile Roumiguière et Justine Brax
(Édition dans un nouveau format)
ISBN 978-2-7459-6600-1
11€90 / 45 pages
Encore un ! tu as le chic de trouver des incontournables. Illustrations et thème, tout donne envie
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Incontournable, comme tu le dis ! 😉
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J’aime beaucoup le dessin !
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C’est très fin et délicat.
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De toute beauté cet album…!
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Tu l’as lu ? Je crois que je vais creuser un peu ma découverte de Justine Brax…
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Les dessins sont magnifiques.
Et quel regard !
C’est noté.
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Tu adorera(i)s l’univers de Rouge Bala ! Lumineux à souhait !
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Magnifique illustration ! Encore un album que je vais ajouter à une prochaine commande. Je devrais coller une pastille « recommandé par Moka » sur tous les albums que je propose aux enseignants grâce à toi 😉
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Oh j’aime beaucoup cette idée ! (J’ai une chronique à faire sur un autre Rutten que j’ai adoré. Je veux que tout le monde lise Mélanie Rutten…)
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Quel bel album, je note
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Cet album donne envie qu’on le lise, les illustrations y sont pour beaucoup…
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Ah, Justine Brax, quel talent ! Cet album est d’une maturité et d’une intelligence vraiment agréable à trouver dans une œuvre pour la jeunesse. Tout comme toi, j’ai été charmée !
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Tu m’as donné très envie de le lire
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Ta chronique est absolument sublime et lumineuse! Presqu’autant que ce superbe album. (et juste pour toi, en prévision de notre rencontre avec Cécile Roumiguière, j’ai proposé Le fil de soie en lecture suivie. Ce fut un vrai bonheur!!!)
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