Neuvième art

En chemin elle rencontre… Collectif.

Les artistes se mobilisent contre la violence faite aux femmes.

Cette histoire de journée des femmes m’agace, comme beaucoup. Ce rendez-vous se noie dans un calendrier ridicule recensant entre autres, la journée du Chant Choral, la journée internationale du Parler Pirate ou du fromage. Quand Sophie a proposé son rendez-vous en l’honneur des femmes et de cette journée du 8 Mars, j’ai un peu dérogé à la règle en ne proposant pas un texte écrit par une femme comme cela était suggéré, mais en vous présentant une BD réalisée collectivement par des hommes et des femmes dont la lecture me semble salutaire et particulièrement éprouvante.

Elle baisse les yeux, regarde vers le sol, les lèvres pincées et sa posture en disent long sur ce qu’elle tait au plus profond de son intimité. Le trait d’Emmanuel Lepage est parfait, le ton violacé murmure déjà tout bas les blessures qui se cachent et se dissimulent sous le tissu. Elle seule incarne bien des femmes: anonymes, silencieuses, engagées, refusant un jour de subir la loi du silence.

A l’intérieur, des histoire vécues ou des fictions qui hélas ont un goût de trop vrai, de sang, de coups donnés inlassablement. Les violences faites aux femmes sont aussi douloureuses que plurielles. Elles usent de bien des stratagèmes pour venir démolir les êtres, briser les corps, saccager les âmes et nourrir bien des désillusions. Harcèlement, violence verbale, coups puissants qui laissent des traces , viols…  La liste est longue hélas et chaque planche ne sait que trop bien nous le rappeler. Au fil des pages, le ton utilisé pour dénoncer l’horreur n’est pas le même : humour noir, récit froid qui fait de vous un témoin impuissant et désemparé, dessins qui piquent et réveillent en vous la femme violentée, révoltée, indignée. J’avais lu avec beaucoup d’émotion la brillante BD Inès de Loïc Dauvillier. Certaines pages de ce collectif ont donné un écho poignant à cette première lecture.

Ajoutons à cela la dimension informative de cet ouvrage, le travail des artistes étant ponctué par des commentaires ou des rappels indispensables, qu’ils soient historiques, législatifs ou statistiques. Une lecture indispensable, j’insiste.

«  A toutes celles dont les larmes silencieuses ne seront jamais vues de personne« . Marie Moinard

« Tu ne m’as pas vue ? Tu ne te souviens pas ? »

Un collectif à mettre entre toutes les mains porté par le talent de Marie Moinard , Swysen, Christian Durieux, Renaud Dillies ♥♥♥ , Masson, Raives, Didgé, Puchol, Blondieau et Xavier, Janin, Aude Samana, Magda, Maury, Caza, René Follet, Kroll, Denis Lapière et Daphné Collignon, Malik, Carine de Brab, Kris (of course), Nicoby et Kness, Lucien de Gieter, Isabelle Bauthian, Rebecca Morse, Sergio Salma, E.Corbeyran et D.Vanders, André Geerts, Turk et Séraphine.

Les avis de Noukette, Mo,  Yaneck et Cristie.

En chemin elle rencontre… Collectif

Des Ronds dans l’O

Amnesty International

96 pages / 18€80

17 réflexions au sujet de « En chemin elle rencontre… Collectif. »

  1. L’illustration de la couverture est très belle et restitue parfaitement la souffrance… Je partage ton avis sur cette histoire de journée de la femme, mais on ne peut rester insensible à ce qui se passe… J’en ai d’ailleurs également écrit un article ! Merci pour ce partage…

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  2. Je lis très peu (oui ça existe) mais ici je fais de belles découvertes que ce soit pour moi ou pour ma fille. Nos univers n’ont rien en commun, pour autant je trouve des merveilles ici.

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  3. Je l’avais déjà repéré, tu ne fais qu’enfoncer le clou. Et c’est à la lecture de ton billet que j’ai compris pourquoi hier sur Paris il y avait des roses rouges chez les commerçants … *rolleyes*

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  4. Ton billet est terrible! efficace; et tellement bien écrit. Je nott cet auteur et c’est certain ces BD seront chez nous sous peu. Je veux que mes filles et mon fils les lisent. Je ne connais pas cette violence, mais j’ai peur pour mes filles car les pourcentages sont tellement élevés que ça ne peut pas arriver qu’aux autres!

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