
Dans la maison, je l’ai cherché partout.«
Un jour, j’ai offert ce livre à une amie dont on avait salement malmené le cœur. Un jour, j’ai aussi perdu le mien ne sachant trop quoi faire face à cette plaie béante… Il y a des livres qui se retrouvent au bon moment entre vos mains, qui vous disent que les choses finiront très certainement par aller mieux, même si dans l’immédiat, l’optimisme n’est pas de mise. Et puis un jour, ce livre revient vers vous, fruit d’une délicate attention, joliment dédicacé. Vous souriez, les yeux et le cœur émus par ce boomerang de papier.
Dans un quartier rouge vif, rouge amour, rouge sang, un petit être s’éveille, les cheveux encore ébouriffés par une nuit de sommeil peut-être un peu agité. La maison ordonnée ne le restera pas bien longtemps puisque notre héros a égaré cet organe désigné pour être le siège de nos émotions les plus douces et les plus grisantes. Il faut pourtant que ce garçon parte à la recherche de son cœur égaré, mais les tourments qui lui nouent la gorge sont comme de petites aiguilles qui lui rappellent combien c’est douloureux d’être sans l’autre. Commencent alors les vains va-et-vient, les recherches infructueuses, ces aller-retours incessants. Rien n’y fait, pas un battement de cœur, pas une pulsation sourde qui laisserait espérer une présence, même lointaine. Que faire alors quand un cœur se brise, éclate, disparaît ? S’essouffler, suffoquer, étouffer, s’éteindre ?
« J’ai croisé des souvenirs dont je ne me souvenais plus…
Des souvenirs oubliés, des souvenirs perdus… »
Régis Lejonc a le don incomparable de coucher sur le papier des mots d’une magie absolue. Son univers, d’une richesse étonnante vous transporte sans fausse note. Il se fait ici le poète de la douleur, l’écrivain des amours perdues et bien trop douloureuses pour s’épancher le temps d’un long roman. Il sème, quelques phrases, quelques mots au fil des pages. Sans mièvrerie, avec justesse, il nous parle d’amour quel que soit notre âge, que notre cœur soit celui d’un enfant de cinq ans, dont l’amoureuse le boude, ou celui d’un adulte brisé par une passion qu’il voulait éternelle.

A ces mots délicats viennent se mêler les crayons audacieux de Carole Chaix, l’illustratrice d’Une Princesse au palais. Cet album est une petite merveille d’inventivité, bien que le sujet puisse venir titiller les cœurs écorchés. Le joli désordre qui prend vie sous les traits espiègles de Carole a quelque chose de réconfortant et d’apaisant. La maison, la rue, le monde ne sont plus qu’un bric à brac coloré qui traduit bien l’esprit bouleversé du personnage un peu perdu. Le cœur pincé ou le sourire aux lèvres, cette quête devient alors un peu la nôtre. Pour évoquer la recherche de l’organe fugueur, une bobine qui déroule une ficelle malicieuse de page en page. C’est d’abord un filet, carcan de corde au-dessus d’un salon sans dessus-dessous, prison souple enroulée autour d’un garçon qui peine à affronter le monde, c’est un cocon « brouillon », une triste chrysalide qui brouille les repères, le fil d’un téléphone qu’on ne décroche jamais. Fait de traits pleins, de jolies courbes, de discrets pointillés, ce lien fragile ne le quitte jamais vraiment. Et à l’autre bout du rouleau, une trouvaille qui mérite peut-être qu’on reste fermement accroché à cette jolie ligne de vie…
Avec ce billet, je participe au rendez-vous de Sophie pour célébrer en bonne et due forme le jour de l’amouuuuuuuuuuuuuuur. Ce sera aussi mon dernier billet pour le challenge amoureux de l’Irrégulière et ma cinquième chronique pour le défi « Je lis des albums » chez Hérisson. Et évidemment, merci à F. pour le précieux cadeau.

de Hérisson 5/20
Un Jour, un an Lejonc et Chaix
L’Atelier du poisson soluble.
ISBN : 978-2-913741-89-8
16€ / 40 p
Régis Lejonc en poète de la douleur… comment résister ?
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Tu es tout de même celui qui a mis « Le » premier Lejonc entre mes mains… 😉
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Il faut absolument que je découvre et l’auteur et ce titre. Belle journée à toi.
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C’est rigolo ce que la vie peut réserver comme surprise.
C’est un joli cadeau.
Passe une belle journée.
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Tu racontes cet album d’une très belle façon.
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J’adore!
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Lejonc… Tu penses bien que ça me parle…! 😉
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Of course dear ! Tu es une femme de goût.
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Il m’attire, ce livre… Merci. Bon week end.
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Alors cède donc à la tentation ! 😉
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Un très joli souvenir de lecture chez moi…
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Ah difficile qu’il en soit autrement.
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je ne connais pas celui-là, mais après ton billet comment résister? d’autant que j’ai eu le plaisir de croiser et même de faire quelques ateliers avec Carole Chaix il y a de longues années. c’est donc en rouge qu’il est noté sur ma liste, merci! 😉
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Tu me diras donc ce que tu en as pensé !
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