C’est Gwennaëlle qui m’avait mis cette BD entre les mains lorsqu’elle était encore ma bibliothécaire… Elle m’avait dit que j’allais prendre une claque, une vraie grosse claque. J’avais emprunté la BD. Je l’avais oubliée, puis rendue, très en retard, sans la lire. Et voilà que je tombe sur l’album, par hasard à Paris. Cette fois, je ne pouvais plus passer à côté. Plus depuis ma lecture de Je mourrai pas gibier… Une chose est certaine, Alfred fait partie de ces types talentueux qui ne vous laisseront plus indifférents une fois que vous aurez croisé leurs crayons.
Olivier est un petit bonhomme. Il a sept ans, passe du temps chez ses grands-parents ultra catho et compense comme il peut ses matinées passées à l’église en engloutissant des tonnes de tartines. Il ne comprend pas vraiment ce « goût de Dieu » mais croit dur comme fer sa grand-mère quand elle lui dépeint l’enfer et lui révèle que l’enfer, c’est ce qui l’attend s’il se « tripote le zizi »…
Olivier grandit et l’éducation parentale vient considérablement à l’encontre du discours des grands-parents. A la maison, ses parents mènent une vie de hippies, se baladent à poil et s’envoient en l’air avec leurs amis. Ils lui apprennent la tolérance et l’art de se satisfaire de bien peu de choses : une certaine idée du bien-être. Et puis, il y a Pierre, ce pote de la bande qui lui paraît ma foi fort sympathique et jovial pour un curé.
Pierre est un grand bonhomme.Un grand bonhomme qui « fait partie de la famille » et qui capte aussitôt l’attention d’Olivier. Ce type est fascinant, drôle et nourrit par sa présence le regard admiratif du héros. Olivier se réjouit d’ailleurs de participer au camp d’été avec ce grand type au charisme incroyable. Et puis, partir avec Pierre, c’est vraiment ce qu’il pouvait espérer de mieux.
Mais Pierre est un grand bonhomme. Et derrière cet humour implacable et cette sympathie incroyable sommeille le plus terrible des vices. C’est sombre, ça grouille à l’intérieur. Pierre aime un peu trop les petits bonhommes. Et il a l’art et la manière de parvenir à ses fins pour réclamer quelques caresses interdites. Olivier sent bien, du haut de ses douze ans que la tournure que prend ce soir d’été a tout pour être malsaine. Mais merde. C’est Pierre. Le silence s’installe. Ce sera leur secret.
« En fait, j’étais qu’un petit con avec des paillettes dans les yeux qui se faisait croire qu’il était déjà un adulte«
Il y a des démons qui ne cesseront jamais de vous hanter. Pour les uns, c’est une histoire d’amour, pour d’autres, le souvenir amer d’un être cher perdu. Certains ressassent, d’autres racontent, parlent. Il faut expier, cracher la douleur qui croupit. Olivier Ka choisit l’écriture. Il vomit ses maux sur les planches et laisse le soin au talentueux Alfred de les mettre en image. C’est percutant, c’est fin, c’est cru. J’ai été scotchée. Difficile de le dire autrement. Cette BD est une porte ouverte sur un passé qui resurgit. C’est un travail difficile, une dernière épreuve. Mais il faut tuer Pierre et quelle meilleure arme que le pouvoir du récit ? Cette BD prend alors une dimension édifiante; certes, il s’agit de relater un épisode douloureux, mais c’est une réflexion passionnante sur le processus de création (et d’expiation bien entendu). Écrire pour mieux dire. On tourne les pages, on se confronte aux traits secs, incisifs et aux lignes tortueuses d’Alfred. Il sert avec beaucoup de subtilité le plus terrible des récits et démontre une fois de plus son talent pour traiter des sujets souvent lourds et glaçants. Les différentes approches graphiques sont parfaites et servies par des couleurs contrastées, en parfaite harmonie avec les différents temps forts du récit. Le choix ponctuel de la photographie vient rendre d’autant plus réel le travail de mémoire, de restitution, de reconstruction. Un travail de longue haleine, un vrai chemin de croix. Percutant.
Et puis, vous savez quoi ? Trêve d’explications, il faut lire cette BD. Un point c’est tout.
Si je comprends bien, 2014 commence fort ! C’est une BD qui m’a longtemps fait fuir parce que je n’aimais pas la couverture. Je ne l’aime pas plus maintenant mais je l’ai noté récemment. Ton avis me confirme que j’ai bien fait.
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Ah oui, même très fort avec un tel titre ! Bonne lecture en tout cas !
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Oui, il faut lire cette BD! Après , difficile de l’oublier!
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Elle fait partie de ces titres qui marquent un parcours de lecteur !
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Pas lu cet album mais évidemment il me tente beaucoup !
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Alors vite ! Passe commande ! 😉
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Un de mes souvenirs de lecture les plus forts, je crois
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Cela ne me surprend pas !
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J’ai été incapable de la finir. Elle est formidable, cette bd, mais elle me touche trop violemment et trop profondément. Je n’ai pas tenu….
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Ah oui ? A ce point ? Ceci dit, c’est vraiment un thème très fort. Je peux comprendre parfaitement ton choix.
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Je ne parlerai pas de choix. Ca n’a pas été un choix, mais un besoin pressant. C’est dire si ça m’a touché ^^
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Ta chronique m’a scotchée…! Donc je pense que la BD le fera aussi 🙂 J’entends parler de cette BD depuis la sortie de « Come prima » d’Alfred, et elle me tentait. Décidément, il va falloir que je m’y intéresse, ce titre a l’air bluffant.
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Merci ! Je n’ai pas encore lu Come Prima mais tu imagines bien que je vais me l’offrir dès que mon budget le permettra.
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Un auteur à découvrir pour moi …
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Ok ok je vais la lire !
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C’est ce que je voulais entendre 😉
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Je suis assez sensible alors je préfère passer mon chemin. Dommage
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Oh oui c’est dommage…
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Très tentée je suis !
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Tu dois la lire !
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Et bien, ce doit être dur d’en ressortir indemne !
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Cette lecture, je voudrais, en bon tyran, l’imposer à tous !
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Comme toi j’ai été littéralement scotchée par cette BD…! Incontournable. Magistrale !
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J’étais sûre que tu avais aimé ! Je crois que nous sommes incroyablement « en phase » pour ces titres qui choquent !
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Farpaitement madame !!
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je l’ai ramenée de la biblio ce matin, ce sera ma BD du mercredi de la semaine prochaine, je me contente juste de survoler ton billet, je reviendrai
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Pas de problème 😉
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Cette lecture s’était… Woaouuu ! ^^ Incontournable !
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Ah complètement. Un titre qui ne me quittera pas !
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La couverture aurait plutôt eu tendance à me rebuter, mais tes mots sont si beaux pour présenter l’histoire que, malgré ET la couverture, ET le sujet difficile, je brûle de la lire.
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J’ai bien envie de prendre une grosse claque aussi, tiens ! (dans ce cadre bien précis, bien entendu ! ) 🙂
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L’univers d’Alfred est toujours très fort ! Tu seras servie !
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Grâce à ta note, il risque de remonter dans le Top des blogueurs et c’est une excellente chose car j’adore cet album. C’est l’un des dix albums que je prendrais avec sur une île déserte… A lire absolument !!!
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J’en suis ravie si c’est le cas ! Je ne comprenais pas qu’il n’y figure pas d’ailleurs ! Et je crois que j’emporterais aussi ce titre sur une île déserte ! 😉
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Je ne lis jamais de BD, mais je note celle-là pour offrir à ceux qui les aiment…
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J’avais pris une reelle claque en lisant cet album! Difficile de l’oublier!
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moi aussi, j’avais adoré! Tu as raison : lecture indispensable !
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Tout récemment, cette bande dessinée a été adaptée à la scène par la Compagnie Transhumance. Elle a reçu un coup de coeur de la presse aux dernières rencontres Théâtrales de Huy (Belgique). Et nous serons du côté de Lille au Zeppelin (http://www.zeppelin.fr) au mois de février 2014. Le 20 pour une séance scolaire et le 21 pour une représentation tout public.
Aux curieux et aux dubitatifs, venez nous voir, c’était une énorme prise de risque d’adapter cette BD, et le pari est réussi… Et puis Olivier sera présent. Deux bonnes raisons donc si vous êtes dans le coin !
Plus d’infos : http://www.transhumance.be
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il faut la lire, un point c’est tout, nous sommes d’accord! quelle énorme claque!!
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