L'Art du Roman·Que jeunesse se fasse...

Déroute sauvage de Guillaume Guéraud

Des ados en déroute.
Des ados en déroute.

Quelques clous.

Quelques plombs.

Une folie furieuse.

Une force décuplée. Celle de ceux qui tiennent parce qu’ils ont tout à perdre si elle ne les gagne pas.

On pourrait se contenter de résumer le roman de Guillaume Guéraud à ces quelques mots.

Une classe de quatrième est sur la route de Saragosse pour y parfaire son espagnol. L’excitation est là. Les garçons pensent aux filles qui succomberont à leurs plans drague plus ou moins subtils, les filles écoutent leurs MP3 ou ricanent. La route se fait de nuit et chacun sombre doucement dans un profond sommeil. Profs et élèves : une semaine en dehors des murs du collège ou un avant-goût de liberté.

Quelques clous.

Un immense fracas dans la nuit. Une barrière qui cède, de la ferraille qui se tord, des os qui craquent, des gorges qui hurlent, le flanc escarpé d’une montagne, un ravin pour seul tombeau. Tout bascule et sans ménager son lecteur, Guéraud excelle dans l’art de la description « choc » . Il dépeint un tableau digne des plus belles boucheries et le récit du narrateur vient vous nouer la gorge et l’estomac. Les quelques personnages auxquels nous avons à peine eu le temps de nous attacher dans les premiers pages se retrouvent dans l’un ou l’autre des camps : celui des survivants ou des victimes mutilées. Le camp le plus enviable n’est pas celui auquel on pense.

Quelques plombs.

Un accident qui tourne au cauchemar est une chose, mais Guéraud ne saurait s’en contenter. A peine le temps de retrouver nos esprits après cette chute vertigineuse qu’un de ses personnages, Elias, s’inquiète : il est sûr d’avoir entendu un coup de feu. Les survivants se retrouvent alors les pions d’un jeu sanglant qui se met en marche. Trois hommes, trois monstres qui ne reculeront devant rien pour rendre cette nuit inoubliable.

Un lieu sombre, isolé. Une montagne qui se veut le pire piège qui soit pour ces adolescents qui n’auraient pu imaginer une seule seconde la tournure qu’allait prendre leur voyage scolaire. Guéraud signe là encore un récit haletant qui m’a fait bondir, sursauter, suffoquer. Tourner les pages malgré tout et à une vitesse grisante. Arriver au bout, savoir à tout prix… Âmes sensibles, abstenez-vous. Les romans de Guéraud sont définitivement atypiques. Ils ne pourront vous laisser de marbre mais assurément ils vous glaceront le sang.

 » Pas un cri. Pas même un gémissement. Juste mille cliquetis et grincements. Les bruits du métal refroidissant. Et le chuintement d’une musique. Provenant d’un i-Pod toujours en état de marche. Deportivo. Dans une oreille écorchée. »

Déroute sauvage Guéraud

Le Rouergue 

DoAdo

8€

ISBN : 9782812600654

22 réflexions au sujet de « Déroute sauvage de Guillaume Guéraud »

    1. Comme tu le dis, il a beaucoup de talent. Il faut s’y frotter une fois pour découvrir son univers. Ensuite, il est indéniable que ses livres divisent. Et au regard de sa manière de traiter des sujets lourds, c’est évident qu’il ne fera pas l’unanimité. Je suis de celles qui sont happées par ce qu’il fait. Et c’est d’autant plus étonnant que je ne suis pas bon public de ce genre de récits ou film en temps normal. Comme quoi…

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  1. Les librairies sont ouvertes ce dimanche en cette période de Noël… Alors je m’y suis précipitée, j’ai acheté ce livre et elle si mes ados font la fine bouche, je sais que moi, je me régalerai ! D’ailleurs, la libraire me l’a confirmé…

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