Neuvième art

Ma Révérence – Lupano & Rodguen

Ma Révérence

Quand Noukette annonce un coup de cœur, je me lance sans trop me poser de questions tant nos goûts en matière de BD sont proches. Un article lu et me voilà chez Bulle en stock pour m’acheter ce titre (L’approbation immédiate de Laurent n’a fait que confirmer mon envie de l’avoir sur mes étagères.)

Ma Révérence, c’est une histoire d’amour, de braquage, de ratés, d’échecs… Il est question d’amis, d’amants, de petites gens, de losers, de belles personnes, de sales raclures… Tous ces écorchés vifs gravitent les uns autour des autres. Dans ce joyeux chaos, il y a nos deux héros. Un de ces binômes qu’on pourrait retrouver au cinéma, un duo haut en couleurs.

Le premier raconte sa vie, de manière décousue, au fil de ses pensées, dans de longs « monologues » qui rythment l’ensemble du scénario. Un peu perdu, roi des promesses impossibles à tenir, il n’a plus qu’un projet en tête : un braquage façon « Robin des bois » moderne. Derrière ce noble projet, il est question de Rana, la femme qui l’aime et qui l’attend à l’autre bout du monde, avec un ventre qui ne cesse de s’arrondir. Que fait-il si loin d’elle ? Monsieur a tout bonnement pris peur. Il a fui, parce qu’il n’avait que sa lâcheté à lui offrir ce matin-là.

Compagnons d’infortune

Le second, Gaby, tient le rôle du bouffon-beauf un peu bourru. Il cumule à lui seul de bien tristes étiquettes : alcoolique chronique, vulgarité incarnée, homophobe et raciste en puissance. C’est un con. Mais un con auquel on s’attache inévitablement. C’est lui qui l’assistera pour le fameux braquage révolutionnaire. Voyez la belle équipe de bras cassés, un tel projet porté par des êtres si bancals peut-il décemment être viable ?

« D’abord, Gaby a un rapport au monde extérieur totalement « égocentré » qui confine au surréalisme le plus sublime. Il parvient à générer des situations très divertissantes, et parfois même enrichissantes. Pour qui a le courage de le supporter, il est une source permanente de poésie. Une poésie sans concession, résolument postmoderne qui tire la quintessence de chaque seconde de médiocrité.« 

La force de cette BD n’est pas sans lien à mon humble avis avec l’incroyable humanité de ses personnages. Ils sont touchants dans leurs grandes faiblesses et leurs vaines espérances. A la fois idéalistes et blasés, ils sont des êtres qui n’existent qu’à travers leurs paradoxes. Avec un scénario incroyablement bien ficelé et un dessin en parfaite harmonie avec le ton de la BD, Lupano et Rodguen signent là un album qui m’a totalement scotchée. Derrière un humour souvent subtil et d’une finesse absolue, les personnages ne peuvent qu’emporter notre adhésion. Une BD où l’on voit se côtoyer allégrement des instants de pure poésie et d’autres finesses plus fleuries. J’ai souvent pensé à Larcenet durant ma lecture. Des soliloques existentiels du héros aux raffinements langagiers de Gaby, il n’y a qu’un pas. On brouille les frontières en toute impunité et c’est un vrai délice ! C’est une BD à lire de toute urgence tant elle mérite qu’on parle d’elle. Un vrai coup de cœur!

Une lecture que je partage avec plaisir avec Jérôme.

Les avis d’ Un amour de BD, de Noukette, d’Yvan, Madmoizelle ,

Ma Révérence

Scénario : Wilfrid LUPANO

Dessin : RODGUEN

Couleurs : OHAZAR

ISBN : 978-2-7560-4153-7

Collection : MACHINATION

Delcourt

127 p / 17€95

160 pages. 18,95 euros.

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32 réflexions au sujet de « Ma Révérence – Lupano & Rodguen »

  1. Lupano a déclaré dans une interview que ses deux personnages sont un peu comme le clown triste et l’auguste. Mais c’est tellement plus que ça en fait. Heureusement que Noukette était là sinon je serais passé complètement à coté de cet album.
    Une belle lecture commune, vivement la prochaine 😉

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