
Skandalon. C’est à l’origine cette petite pierre qui vous fait trébucher, qui fait que tout bascule. Skandalon, c’est aussi « tout ce qui peut pousser quelqu’un au péché ».

« Je crois que tu as laissé ton humanité dans ta loge ».
Entre les deux, il y a Tazane. Une rock star de 27 ans , un artiste maudit, une âme torturée qui jongle sans vergogne avec les nerfs de son agent et des journalistes. Épris de scandale, il n’est que rage et tourment. Génie de la musique, il est un de ces hommes qu’on décrit comme « révolté ». A l’intérieur, il hurle, à l’extérieur, ses zones d’ombre et ses démons sont matérialisés par les mots, les notes et les mélodies qu’il offre à un public conquis d’avance. Éternel incompris, il se joue du monde et n’existe plus que par sa haine viscérale pour tout ce qui l’entoure. Peu importe le flacon, il n’aspire qu’à l’ivresse des sens, multiplie les provocations et n’a de cesse de se jouer de la morale. Choquer, voilà sa seule raison d’être. L’outrance est devenue sa norme.
« Mieux vaut brûler intensément que s’éteindre à petit feu »

C’est à la déchéance d’une idole que nous assistons. Encensé par les foules, notre héros torturé crache sa haine et sa rage au visage de ceux qui lui vouent un véritable culte. Au fil des pages, nous sommes témoins de cet engouement des foules qui pousse à la « fascination du pire ».
J’avais très envie de lire cette BD malgré une petite réserve sur l’univers graphique que je trouvais moins raffiné que dans Le Bleu est une couleur chaude qui m’avait tant plu. L’impatience a finalement pris le dessus et c’est au cœur d’une petite librairie, assise confortablement au milieu des livres que j’ai dévoré cet album. (Cela me consolera de n’avoir pu être présente à la séance de dédicace de Julie Maroh chez Bulle en Stock samedi…) J’ai été surprise et particulièrement charmée par cette capacité qu’a Julie Maroh de toujours dire les choses sans pudeur. Les mots et les images sont parfois crus mais en elle évite toujours l’écueil de la vulgarité facile et gratuite.
Quant au reste, les premières planches vous captivent très vite : vous vous laissez prendre au jeu et entendez presque cette mélodie silencieuse jouée par Tazane dans sa loge. Vous le découvrez musicien, tout enrobé de la fumée d’une cigarette qui n’est pas sans annoncer sa descente aux enfers : les planches suivantes le placent sous les feux des projecteurs, le monstre en devenir entre en scène. La tragédie peut se jouer, l’engrenage est lancé : le diable n’a plus qu’à se consumer après avoir endossé son scandaleux rôle à la perfection. Qu’on se le dise toutefois, cet album divisera les lecteurs : ceux qui cèderont à l’aura impalpable de Tazane, se laissant charmer par son charisme de mauvais garçon cocaïné, et ceux qui vomiront cet être de scandale à l’odieuse insolence. A vous de faire votre choix…
« Ce que je mets dans mes partitions, ce sont mes tripes, mes sentiments. Le démon qui m’habite est le même que celui qui circule dans le sang de chacun, voilà pourquoi tout le monde se reconnaît en moi et ma musique. La différence ? C’est que moi je cède à mes passions.«
La chronique de Mo‘.

Julie Maroh sur le blog: Le Bleu est une couleur chaude / Corps sonores
Septembre 2013
ISBN : 978-2-7234-9254-6
144 p – 18.5euros
Je l’ai vue sur les étagères de Noukette hier 😉 M’est avis qu’après ton billet, elle va se précipiter.
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Tu as récupéré le Yark ou pas du coup ?
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Oui !!!!!
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Yes !!!
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J’hésite. Le thème m’attire tellement peu que j’ai plutôt envie de faire l’impasse.
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Je le chercherai à la bibliothèque, le graphisme et le thème me tentent
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Le graphisme a l’air différent, en effet. Un autre univers.
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Conseillée par un libraire pour un cadeau, j’ai hésité quant aux dessins que j’ai trouvé effectivement moins raffinés. Mais c’est sûr, je lirai cette BD!
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Bon, j’hésite.
J’attends de voir. Bonne semaine à toi.
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Un avis mitigé pour moi sur cette BD mais c’est une auteure que je compte continuer à suivre !
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Bien d’accord avec toi sur ce personnage qu’elle a poussé jusqu’à l’extrême. S’il est facile de le comprendre, c’est très dur de l’accepter.
Et tout comme toi, je crois que j’apprécie cette manière frontale d’aborder les choses. Impressionnante auteure. Je continuerais à suivre ses sorties
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Hum… Pour bien faire il faut que je le lise et le chronique pour demain…
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Je ne connaissais pas mais je note.
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Bien envie de la lire…
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J’ai parfois du mal avec les personnages style artistes incompris et ténébreux, mais ta chronique m’a mise l’eau à la bouche, je vais chercher Skandalon
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